Amadou Ciré Sall : les responsables de l’APR en France « n’ont jamais voulu nous accueillir »

11 - Septembre - 2017

Amadou Ciré Sall, conseil spécial auprès de Premier ministre en charge de la diaspora, ne comprend pas l’attitude des responsables de l’APR/France. Malgré les instructions du président Macky Sall, Demba Sow et compagnie, refuseraient toujours d’ouvrir les portes du parti aux membres de son mouvement politique, MSD (Mouvement des Sénégalais de la Diaspora). Dans cet entretien réalisé à Dakar, le 25 août dernier, Amadou Ciré Sall a aussi tiré les enseignements des législatives du 30 juillet dernier.

Infos15: Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de quitter votre poste, ici à Dakar, pour aller battre campagne lors des législatives aux côtés de vos camarades de BBY, en France ?
Amadou Ciré Sall: J’ai quitté Dakar pour aller battre campagne en France pour deux raisons :la première est que le président Macky Sall a donné une chance aux Sénégalais de la diaspora en leur demandant de choisir, eux-mêmes, leurs propres représentants à l’Assemblée nationale. Cela ma fait chaud au cœur, j’ai alors décidé d’aller à Paris pour soutenir mes camardes. La deuxième raison est que c’est mon patron, Mouhammad Boun Abdallah Dionne, qui est tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yakaar, cela était une source de motivation pour moi.
Quels enseignements tirez-vous de ces législatives du 30juillet dernier marquées par la victoire de votre coalition?
Je voudrais d’abord préciser que les élections législatives sont différentes de l’élection présidentielle. Ensuite qu’il est indispensable de faire le bilan, c’est-dire l’inventaire de tout ce qui s’est passé sans occulter les couacs qu’il y a eus, même si, il faut le souligner, ils n’ont pas eu un impact important sur les résultats du scrutin. Il n’empêche, il faut les analyser froidement et trouver rapidement des solutions. Car nous allons vers une élection présidentielle qui constitue un enjeu important. Je suis convaincu que le président Macky Sall peut sortir victorieux de la présidentielle de 2019, ce dès le premier tour, mais cela ne deviendra possible que si nous tirions froidement les enseignements des élections législatives.
De plus, il faut que la coalition BBY s’ouvre davantage et mette les hommes et les femmes à la place qu’il faut. En 2007, Macky Sall était le directeur de campagne d’Abdoulaye Wade. Il a sillonné tout le Sénégal, mais aussi la diaspora. Résultat des courses : son candidat est réélu au premier tour. L’expérience qu’il a tiré de la présidentielle de 2007 devrait nous être utile pour 2019.
Vous aviez parlé de couacs dans l’organisation des législatives du 30 juillet. A quoi faites-vous allusion ?
Honnêtement on a souffert en France pendant la distribution des cartes. Je pense que ces genres de choses ne devraient plus se reproduire. Il faut prendre rapidement des mesures pour que les électeurs ne soient plus confrontés à ces types de problèmes. C’est pourquoi, j’interpelle le consul général du général à Paris à prendre toutes les dispositions utiles pour que la présidentielle soit organisée dans les meilleures conditions.
Plusieurs responsables de la DSE APR de France veulent que Demba Sow, fraîchement élu député, quitte la tête de la structure. Pensez-vous qu’il est dans l’intérêt du parti qu’il quitte ?
Vous savez, moi je n’ai même pas la carte de l’APR. Je ne suis qu’un soutien du président Macky Sall. Quand je suis arrivé en France pour prendre part à la campagne électorale, j’ai trouvé que la commission électorale était déjà installée. Moise Sarr a eu l’amabilité de me proposer comme conseiller politique. J’ai travaillé avec lui, comme avec Demba Sow. Pour revenir à votre question, je vous dirai qu’à cet instant-là, j’ignore si Demba Sow veut quitter la tête de la DSE. Je pense qu’il faut attendre l’annonce son départ pour penser lui trouver un successeur. Franchement, je ne peux pas me prononcer sur la situation de la DSE.
Avec tout le travail que vous avez abattu pendant les législatives, qu’est-ce qui vous empêche de prendre maintenant la carte de l’APR ?
Après l’alternance de 2012, j’avais créé un collectif regroupant une quarantaine d’anciens députés du Pds. Nous avons eu la chance de rencontrer le président de la République. Lors de l’audience, nous lui avons exprimé notre souhait de le soutenir. Soit en intégrant le parti soit dans le cadre de notre collectif. Au sortir de cette rencontre, le président de la République a donné des instructions pour que les responsables du parti nous accueillent, mais personne n’a voulu les exécuter. Nous sommes toujours prêts à adhérer à l’APR, mais à condition qu’on nous donne notre place. Pour l’instant nous gardons notre collectif. Personnellement, j’ai aussi mis en place un mouvement (Mouvement des Sénégalais de la Diaspora, NDLR). Après sa création, le président de la République a demandé à Demba Sow de nous intégrer. Mais les responsables du parti en France n’ont jamais voulu nous accueillir. Aujourd’hui nous aidons l’APR, mais nous voulons être de véritables acteurs au sein du parti.
Beaucoup de militants de BBY de France avaient brandi la menace du vote sanction avant les législatives. Finalement ils sont revenus à de meilleurs sentiments. Que faire pour éviter ce genre de situation lors de la présidentielle de 2019 ?
Nous avons gagné en France grâce au travail de terrain que nous avons abattu. Mais il faut reconnaître aussi que si victoire il y a, c’est avant tout grâce au coefficient personnel du président de la République. Si les militants qui avaient menacé de votre contre la coalition sont revenus sur leur menace, c’est parce qu’ils aiment Macky Sall. C’est dire que le mérite de cette victoire lui revient avant toute autre personne. Cela dit, je voudrais appeler les responsables de la DSE a joué la carte du rassemblement et de l’unité pour donner toutes les chances à notre candidat de passer au premier tour en 2019. Les divisons ne servent à rien. Si Demba Sow quitte, il faudrait lui trouver un remplaçant sans verser dans des confrontations inutiles. S’il est maintenu, il faudrait alors continuer le travail, car le seul objectif, c’est la victoire de notre candidat en 2019.
Je voudrais aussi ajouter qu’il sera difficile de battre Macky Sall dans la diaspora. Certes, l’opposition a gagné les trois postes de député dans la circonscription de l’Europe du Sud, mais sa victoire s’explique, en partie, par la situation peu reluisante du l’APR en Italie où le terrain a été abandonné. Il n’y a que Nango Seck qui bouge. Il est dans les réseaux sociaux et intervient partout. Il faut donc trouver d’autres personnes qui vont l’aider à massifier le parti en Italie, mais surtout à galvaniser les militants. On y avait envoyé des gens qui ne connaissent pas bien la diaspora. Je pense que le président Macky Sall doit être attentif dans la composition des missions qu’il envoie dans la diaspora pour régler les problèmes dans le parti car la diaspora a ses spécificités. Il y a des gens qui connaissent mieux ce monde pour y avoir séjourné pendant plusieurs années. Il faut les mettre à contribution.
BBY a obtenu moins de 50% des voix lors des législatives, pensez-vous que la présidentielle s’annonce sous de bons auspices pour le candidat Macky Sall?
Je crois que ce score s’explique par les nombreux couacs dans la distribution des cartes. C’est justement la raison pour laquelle j’ai insisté sur l’importance de tirer froidement les enseignements de ces législatives. Vous savez bien que si ces élections étaient couplées avec la présidentielle, il y aurait eu un second tour, alors que nous, notre objectif est de faire passer Macky Sall dès le premier tour. Nous avons gagné, mais attention ! Il faut donc qu’on aille vers les gens, qu’on leur explique ce que le président est en train de faire pour placer notre pays sur les rails du développement. Cela dit, le potentiel existe pour gagner la présidentielle de 2019 dès le premier tour.


Recueillis par Cheikh Sidou SYLLA

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