CEDEAO: UN AUTRE AVENIR RECTIFIE MACKY SALL

16 - Février - 2018

"Toutes les mauvaises pratiques doivent être bannies de notre espace communautaire. Nous ne pouvons pas seulement nous contenter de les constater et de les dénoncer…Si nos acquis sont indéniables, nombreux sont les obstacles qui se dressent sur le chemin de l’intégration africaine. Il en est ainsi des barrières non tarifaires, des tracasseries aux frontières et le long des corridors, des perceptions indues" a déclaré le président Macky Sall à l’ouverture du forum des parlementaires de la CEDEAO. Mais comme dit l’adage, « il faut d’abord balayer devant chez soi ».
Pour rappel, la CEDEAO a été établie par le traité de Lagos signé le 28 Mai 1975 par quinze pays de l'Afrique de l'Ouest : Bénin, Burkina Fasso, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée-Conakry, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
Je vais saisir cette occasion pour rappeler au président Macky Sall deux anomalies qui pourraient être directement corrigées par le gouvernement du Sénégal, anomalies qui impactent négativement les commerçants et opérateurs économiques sénégalais et d’une certaine mesure la diaspora.
1. Les taxes douanières trop élevées au Sénégal par rapport aux pays voisins.
2. La limitation de l’âge des véhicules dans un environnement où nous sommes presque les seuls à le faire.
Une intégration économique est efficace lorsque le territoire communautaire se substitue à celui des Etats membres ; ainsi même si les lois nationales jouent encore un rôle, elles doivent respecter le cadre du droit communautaire. Et dans le cas des échanges économiques, les Etats membres commercent entre eux, mais ils ont aussi des relations commerciales chacun en ce qui le concerne, avec des pays lointains. Pour que les acteurs économiques soient dans une même structure concurrentielle, ils doivent être soumis à la même structure de taxation, pour éviter les disparités entre les prix de vente d’une même marchandise dans l’espace communautaire, ce qui met en concurrence les pays membres.
Les marchandises sont taxées plus cher au Sénégal par rapport à la Gambie, le Mali et la Guinée Conakry nos voisins directs ; ce qui pénalise les importateurs sénégalais et accroît la contrebande de marchandises entre les différentes frontières. Les détaillants sénégalais traversent régulièrement les frontières gambiennes pour aller acheter des articles qui sont disponibles au Sénégal, ce qui est la conséquence d’une différence de taxation douanière entre ces deux pays, alors que nous sommes dans le même espace communautaire. On a vu même, le Sénégal pays producteur de sucre, en principe, vendre son sucre plus cher que la Gambie pays importateur de sucre.
Le Sénégal limite par exemple à 10 ans maximum l’admission sur sol des camions d’occasion importés en Europe. Au même moment, le transporteur malien peut importer un camion de 20 ans d’âge, ce qui lui coûte moins cher, l’immatriculer au Mali et venir circuler sur le territoire sénégalais. L’amortissement du camion malien étant plus rapide que celui de son homologue sénégalais, le transporteur malien peut pratiquer des prix défiants toute concurrence. C’est la raison pour laquelle, les transporteurs sénégalais ont perdu le monopole du transport de marchandises entre Dakar et Bamako au profit du secteur du transport malien. Pour le transport des personnes, les transporteurs gambiens qui peuvent acheter des autocars de plus de 20 ans mais avec une capacité de chargement plus grande que nos vieux « ndiaga-ndiaye », monopolisent l’axe Dakar Banjul. Un détour dans les villes frontalières comme Kaolack, nous permet de constater que beaucoup de frontaliers sénégalais ont des véhicules immatriculés en Gambie pour contourner l’âge limite des 8 ans imposé pour les véhicules de tourisme. Les Sénégalais de la diaspora ne peuvent emmener leurs véhicules personnels qu’ils utilisent dans leur pays d’accueil lorsqu’ils dépassent l’âge limite, alors que le Malien de Mantes-la-Jolie, peut bien emmener son ancien véhicule dans son pays.
Plus de 40 ans après sa création, le CEDEAO peine encore à remplir son rôle d’intégration économique, et notre président qui a le mérite de soulever à juste titre ces incongruités communautaires, dispose quand même de certains leviers pour amorcer les changements qu’il faut.
La CEDEAO est jusqu’à présent un machin institutionnel qui permet à des politiciens de s’enrichirent comme ce parlement dont l’utilité reste à démontrer et une Cours de Justice de la CEDEAO qui peine à faire respecter ses décisions par les Etats membres. L’une des réussites à mon avis de la CEDEAO, c’est d’avoir une armée qui a su faire ses preuves sur le terrain surtout lorsqu’il fallait s’engager aux côtes des populations gambiennes pour leur éviter le bain de sang programmé par l’ex-président. Dans notre mouvement Un Autre Avenir, nous croyons à ces intégrations économiques sous-régionales et régionales, qui nous permettent de fédérer nos forces pour survivre entre ces grands ensembles économiques qui se créent partout à travers le monde, mais encore faudrait-il que nous acceptions de lâcher un peu de lest sur nos souverainetés nationales pour renforcer le cadre de droit communautaire et le respecter.


Ibrahima Wade, secrétaire général Un Autre Avenir

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