DES ENSEIGNANTS DENONCENT LES «CONDITIONS CHAOTIQUES»

27 - Mai - 2020

Le coup d’envoi du retour des personnels enseignants à leurs postes, dans le cadre de la reprise des cours prévue le 2 juin pour les élèves en classes d’examen, a été donné par les ministres de l’Éducation nationale (MEN), Mamadou Talla, et celui en charge des transports terrestres, Omar Youm, hier mardi 26 mai. Des centaines d’enseignants qui ont effectué le déplacement à cet effet se sont retrouvés, entassés au Terminus de Sénégal Dem Dikk sis au rond-point Liberté 5 où était prévu leur départ. Une situation déplorée par ces derniers qui la qualifient de «chaotique».

Convoqués à 15h au Terminus Sénégal Dakar Dem Dikk sis au rondpoint de Liberté 5 pour regagner leurs postes respectifs, les enseignants des régions de Thiès et Diourbel ont répondu massivement présents à l’appel. Mais, sur les lieux, le constat était alarmant en ce sens que les gestes barrières, comme la distanciation physique, le lavage des mains, n’étaient pas du tout respectés. Une organisation «chaotique» qui fera sortir de ses gonds Abdoulaye Ndoye, le Secrétaire général du Cadre unitaire syndicale des enseignants du moyen secondaire (Cusems). «C’est un spectacle désolant, qui se passe de tout commentaire!», a-t-il sèchement dit. Il ajoute : «cela, montre une fois encore que le gouvernement n’a aucun respect pour les enseignants». «Nous avons demandé des masques, du gel hydro alcoolique etc. Il faut que ça soit très clair : les gens ne vont pas se suicider. Nous allons rejoindre nos postes, mais si les conditions ne sont pas réunies, nous ne pourrons pas reprendre les cours. D’ailleurs, vous avez tous vu l’image du ministre de l’enseignement supérieur (Cheikh Oumar Ann, Ndlr) qui n’a pas pu tenir cinq minutes avec son masque. Comment un enseignant peut tenir deux heures de temps dans une classe. C’est réel problème», tonne-t-il.

«PAS LES AGNEAUX DU SACRIFICE»

Et d’ajouter «Nous sommes là pour constater les dégâts, pour dénoncer, pour exiger du ministre, qu’il revoit le dispositif. Les enseignants ne seront pas les agneaux du sacrifice. Nous avons prouvé à suffisance que nous sommes des patriotes. Nous avions pourtant avisé. Si on avait dit qu’on ne rejoint pas nos postes, ils vont nous rétorquer: «vous voyez, ils refusent d’aller travailler !». Visiblement déçu par le désordre dans l’organisation de ce retour des personnels qu’il qualifie «de tâtonnement», M. Ndoye s’insurge contre l’entassement de ses collègues. «Comment se fait-il dans un contexte de pandémie, où l’on parle de confinement géographique, le gouvernement se permet d’entasser des milliers d’enseignants sur ce site. C’est inadmissible, intolérable et le gouvernement sera tenu pour seul et unique responsable».

Décriant toujours les limites d’un retour mal organisé, il dira : «les enseignants sont là depuis le matin, entassés comme des sardines dans des boites. Si le virus circule aujourd’hui, c’est la catastrophe, c’est l’hécatombe!», a-t-il déploré, tout en suggérant un dispositif plus approprié pour le retour des enseignants dans leurs services respectifs : «Si tant est qu’il (gouvernement) voulait convoyer les enseignants, on aurait pu choisir plusieurs sites à Guédiawaye, les Parcelles, Rufisque et Dakar pour montrer que le gouvernement s’est bien préparé pour la reprise des cours». Mais, hélas, regrette-t-il, «c’est le gouvernement qui est dans le tâtonnement, qui n’a pas d’objectif clair, qui ne sait pas ce qu’il doit faire».

Pire encore, tient-il à faire remarquer, «on ne peut même pas s’inscrire sur la plateforme du Simen. Et les collègues n’ont pas de laissez-passer qui leur est demandé ici». Abondant dans le même sens, Alexandre Seck, enseignant à Mbour, déplore les conditions de retour en ces mots : «nous sommes convoqués depuis 15 h, mais là, les conditions de retour sont désastreuses ! Sur les plateaux de télévision, le ministre se faisait rassurant par rapport aux conditions de retour. Mais sur les lieux, ce n’est pas ça…» Raymond Ndour, professeur d’Anglais au Lycée Ndiouma Cor Faye de Ndiaganiao de rajouter : «la situation est tout simplement catastrophique, au regard de tout ce qui a été dit à travers les SMS envoyés. Mais là, c’est tout le contraire. Nous avions pensé qu’une fois sur place, tout allait bien se passer. Ici, l’on nous demande de fournir des laissez-passer alors que le ministre avait dit que des laissez-passer nous seront donnés. Nous sommes loin de respecter le protocole sanitaire. Et je suis presque convaincu que dans les établissements les conditions vont faire défaut». Cette première vague de retour, qui va durer du 26 au 29 mai 2020, pour assurer la reprise effective des cours prévue le 02 juin 2020, concerne tous les enseignants en partance de Dakar et à destination des régions de Thiès et de Diourbel.

Pour les autres régions, les informations relatives au plan de transport seront communiquées incessamment, informent les autorités. Non sans inviter les enseignants concernés à prendre les dispositions nécessaires pour se présenter aux lieux et dates indiqués selon le calendrier, munis chacun de sa pièce d’identité nationale et d’un laissez-passer disponible à travers le lien suivant : apps.education.sn.

MAMADOU TALLA, MINISTRE DE L’EDUCATION, AUX ENSEIGNANTS : «Vous allez tous être transportés jusqu’aux départements respectifs»

Venu lancer le premier convoi des enseignants en déplacement de Dakar vers les régions de Thiès et Diourbel, pour la reprise des cours, le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla a reconnu les limites de l’organisation pour le retour des éducateurs. «Comme vous le constatez, aujourd’- hui, c’est le premier jour. Mais, rassurez-vous que vous serez tous transportés dans vos départements respectifs. Il a fallu mettre en place un algorithme extrêmement complexe, parce que c’est le départ dans tous les départements du Sénégal. Et aujourd’hui, on a commencé par Dakar et après c’est le maillage du territoire national», a-t-il ainsi expliqué. Le ministre de préciser : «tenez-vous bien, nous allons transporter tous les enseignants jusqu’aux départements respectifs du Sénégal et le reste sera à leur charge. Ce qui, à mon avis, ne peut pas être difficile». Sur les mesures barrières et sanitaires, il dira : «nous allons nous conformer au protocole sanitaire. Donc, tout le dispositif de sécurité et de sureté au plan sanitaire est en place durant le transport. Au début des enseignements et pendant les enseignements, nous allons respecter tout ce protocole», a-t-il dit. Par ailleurs, le ministre n’a pas manqué de magnifier le patriotisme des engagements : «je tiens à féliciter tous les enseignants qui, dans un temps très court, se sont mobilisés pour répondre présent, quelques fois par simple SMS où sur la base d’un simple communiqué. Ceci témoigne leur patriotisme…»

OUMAR YOUM, MINISTRE DES INFRASTRUCTURES, DES TRANSPORTS TERRESTRES ET DU DESENCLAVEMENT : «Le transport sera effectif en 5 jours sur 137.000 km»

Aux côtés de son collègue de l’Education nationale, Oumar Youm, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a loué l’engagement de Dakar Dem Dikk (DDD) dont les bus ont été réquisitionnés pour les retours des enseignants à leurs postes respectifs en ces termes : «il s’agit d’opérationnaliser le plan de transport et nous sommes ici pour superviser ce que DDD est en train de faire dans le cadre du transport des enseignants vers les lieux de service respectifs. Je précise qu’il s’agit de faire le transfert de plus de 15.000 enseignants à travers le pays, pour un parc automobile qui tourne autour de 250 bus variant entre 20 à 66 places. Le tout pour parcourir une distance de 137.000 km à travers le territoire national. Ce qui n’est pas une petite affaire, ce qui sera exécuté dans un délai de 5 jours, à compter d’aujourd’hui (hier mardi, ndlr). Vraiment, c’est le lieu d’encourager tous les personnels de Dakar Dem Dikk». En outre, il dira : Je salue l’engagement des deux ministères qui nous a permis d’organiser un plan de transfert des élèves, étudiants et enseignants qui doivent se rendre dans les lieux respectifs en vue de reprendre les cours à partir du 2 juin, conformément aux recommandations du chef de l’Etat…»

Sud Quotidien

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