Insécurité à Keur Massar: à l'origine, une brigade de gendarmerie pour… 600.000 habitants

30 - Juillet - 2020


Les statistiques démographiques font de Keur Massar la plus peuplée des 16 communes du département de Pikine. On parle de 593.000 habitants sur une superficie de 25 km2. La prise en charge de la sécurité de Keur Massar est assurée par une petite brigade de gendarmerie. L’insécurité galopante dans la très populeuse commune de Keur Massar hante de plus en plus le sommeil des autorités municipales. Pour une localité qui compte 133 quartiers avec une importante densité humaine, une seule brigade de gendarmerie est évidemment notoirement insuffisante. Pour éradiquer cette insécurité, les autorités municipales demandent une seconde brigade de gendarmerie et des postes de police, mais également la départementalisation de la commune avec toutes les mesures d’accompagnement nécessaires.

Les badauds, malfrats et bandits règnent en maîtres à Keur Massar. Alors, conscients de la faiblesse de la riposte sécuritaire dans la plus grande commune de banlieue de la région de Dakar, les marchands ambulants ont triomphé ce dimanche nuit en saccageant puis en incendiant la mairie de la localité. le prétexte, c’est le refus de la mairie de les laisser s’installer au niveau du lieu-dit rond-point qu’ils avaient fini d’envahir. Et pourtant les autorités municipales, dans le cadre de la lutte contre l’anarchie et le coronavirus, avaient mis à la disposition de ces marchands ambulants trois sites de recasement dont ils n’ont pas voulu, hélas. « Le rond-point de Keur Massar ou rien » ont-ils dit. Les autorités municipales ayant refusé de céder, ils sont passés à l’action.

Peaufinant une stratégie bien huilée, les marchands ambulants se sont scindés en deux groupes avant de faire régner leur ordre — leur désordre plutôt ! —en caillassant des biens publics et privés parmi lesquels des locaux de la mairie. Ils savaient que face à leur surnombre, leur victoire du désordre était assurée. la petite brigade de gendarmerie ne pouvait guère faire face à leur furie destructrice. les hommes en bleu de la petite brigade ont donc dû faire appel à des renforts de la Légion d’intervention de la gendarmerie (Lgi) de Mbao pour renverser la tendance. Mardi, Keur Massar gardait encore les stigmates de la sinistre procession des marchands ambulants. interpellé par nos soins sur l’échec de la riposte sécuritaire, le commandant de la brigade de gendarmerie n’a pas voulu répondre à nos questions. « Adressez-vous à la direction de la communication de la gendarmerie qui est la seule habilitée à parler au nom de la gendarmerie. Je ne peux rien vous dire » nous dit avec fermeté le commandant de brigade.

Cap sur la maire de Keur Massar
Les cicatrices du désastre de dimanche nuit sont encore visibles. A la mairie de Keur Massar, on a encore du mal à cacher sa colère face aux destruction qui se passent de commentaires. Tout le monde est très remonté contre les marchands ambulants. Ou prétendus tels. Les traces des saccages et de l’incendie sont perceptibles. le maire Moustapha Mbengue est absent des lieux. L’insécurité reste l’une des principales préoccupations des autorités municipales qui demandent à l’Etat de renforcer les effectifs de la gendarmerie. Mais également de doter la commune d’une seconde brigade et de postes de police afin d’assurer la sécurité des biens et des personnes. « Nous avons installé des conseils de quartiers et des comités de vigilance pour participer à la sécurisation des populations. L’insécurité inquiète tout le monde. L’effectif de la brigade de gendarmerie ne peut pas assurer la sécurité des habitants compte tenu de la taille de Keur Massar. La mairie voudrait l’ouverture des trois postes de brigades au niveau de Allahi Pathé, Boune et Firdowsi. Mais également l’accélération des travaux du commissariat de police au quartier zone de recasement », explique Mactar Mbengue, président de la commission éducation, Conseiller technique spécial et chef de cabinet du maire.

Selon notre interlocuteur, une seule brigade de gendarmerie ne peut rien faire face à l’explosion démographique que connaît la commune. ce qui fait que, le plus souvent, les éléments de la gendarmerie ne stationnent qu’au niveau du rond-point Shell. Ce que les agresseurs ont compris et font leur sale besogne au niveau des quartiers, loin du cantonnement de la gendarmerie. Et encore, face à un effectif réduit, les patrouilles se raréfient. Forts de ce constat, les malfaiteurs dictent leur loi et sèment la terreur à Keur Massar. Une insécurité galopante qui fait craindre le pire à la population. « J’ai fait 16 ans dans la cité. Au début les gens se ne se souciaient guère des questions d’insécurité, la commune étant calme. Mais avec le poids démographique, le problème de l’insécurité se pose aujourd’hui avec acuité », explique un habitant de la commune.

Appel à la départementalisation
Face à l’accroissement démographique — les statistiques font état de 593.000 habitants — et à l’insécurité, le directeur de cabinet du maire en appelle à la départementalisation de la commune qui s’étend sur une superficie de 25 km2. la commune accueille 27 écoles élémentaires, 6 CEM fonctionnels et un autre en cours de construction, un très grand marché situé au centre avec deux marchés hebdomadaires, six stations d’essence, six postes de santé, le plus grand hôpital traditionnel du pays, des banques telles la SGBS, ECOBANK, CMS, PAMECAS, CBAO, BOA, crédit Mutuel du Sénégal, un hôpital. Tout cela est protégé, si l’on peut dire, par une brigade de gendarmerie dont l’effectif ne dépasse pas 50 hommes.

Face à un tel tableau, M. Mbengue pense que la commune de Keur Massar est prête pour le changement de statut. ce qui passe, bien sûr, par un coup de pouce de l’Etat. « La départementalisation accompagnée d’un appui de l’Etat pourrait certainement éradiquer cette situation d’insécurité qui est devenue le mal et l’identité de la commune de Keur Massar », estime M. Mbengue. Il rappelle que l’ancien ministre Mamadou Seck, à l’époque où il était maire de Mbao, avait engagé la bataille de la départementalisation de Keur Massar. il avait obtenu le soutien du Président Wade, mais ce projet n’a jamais vu le jour.

Le Témoin

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