Malick Sonko, parti de Samuel Sarr: « Le fichier mis en ligne ne sert à rien, il cache plus qu’il montre… »

12 - Novembre - 2018

Le fichier électoral, réclamé par l’opposition, a été mis en ligne, ce samedi par le Gouvernement. Mais pour le parti de Samuel Sarr, Libéralisme Social Sénégalais,dont la parole est portée par Malick Sonko, membre du Comité exécutif national de la coalition « Mouvement Sopi 2019″et non moins Délégué régional de Ziguinchor, invité lundi de Senego, ce fichier mis en ligne ne sert à rien… Et pour cause…!


Votre leader, Samuel Ahmet Sarr, a révélé l’existence de 3 fichiers électoraux au niveau de la DAF qui vient justement de publier un de ces présumés fichiers. C’est le bon ?
Nous venons d’apprendre effectivement que le fichier électoral tant réclamé par l’Opposition a été mis en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur. C’est une victoire de toutes les forces vives de la Nation, mais aussi une victoire de notre parti qui a été la poupe et la proue de ce combat démocratique. Nous disposons maintenant d’un fichier de référence. Retenez tout de même que l’existence de plusieurs fichiers électoraux au niveau de la DAF est une réalité qui a été mise en lumière par le candidat Samuel Ahmet Sarr sur la base d’un audit réalisé par des acteurs externes. Entre l’ancien et le nouveau, il y existerait un 3ème fichier dont on ignore la substance.

Peut-on dire que le débat sur le fichier électoral est maintenant clos, puisqu’il a été publié.
La publication tapageuse du fichier électoral de référence ne procède en réalité que d’un simple acte de séduction destiné à anesthésier nos consciences. Comme toujours, depuis l’avènement de la seconde Alternance, notre démocratie avance en reculant.
En 2006, avec l’avènement de la nouvelle carte biométrique, le ministère de l’Intérieur dirigé par Ousmane Ngom avait autorisé la publication en ligne de la carte électorale qui permettait de visualiser le nombre de votants par région, par département, par commune, par lieu de vote et par bureau de vote ainsi que la possibilité pour les citoyens de vérifier leur présence sur la liste électorale. Le ministre actuel de l’Intérieur ne devrait pas en faire moins.
On nous avait habitué, depuis les Elections Présidentielles de 2007, à un fichier électoral aux entrées multiples et qui permettait d’appréhender des statistiques basiques relatives au nombre de votants par circonscription, département, lieu de vote, et même, par bureau de vote. Dix ans après, on nous met en ligne un fichier électoral qui cache plus qu’il montre.
Le numéro de la carte Cedeao de l’électeur nous est mystérieusement caché. Seule le « numéro d’électeur » est dévoilé. C’est pourquoi, il est désormais légitime de s’interroger sur les secrets que cachent ce numéro à 17 chiffres appelé « discriminant ». A la limite, on pourrait se demander de quelle menace terroriste la DAF a peur, pour refuser de mettre en ligne ce numéro prévu sur la fiche de parrainage, ne serait-ce que pour permettre aux acteurs de terrain de procéder aux vérifications nécessaires dans le cadre de la collecte des signatures ! Le discriminant serait-il donc devenu un instrument de discrimination. L’arme secrète qu’il ne faut surtout pas montrer ? Pourquoi ?

Je suis désolé de le dire, mais le fichier mis en ligne ne sert à rien, pas même à vérifier la conformité d’une fiche de collecte. N’exagérons pas, il peut être utile pour connaître son lieu et son bureau de vote ! Pas plus.
On évoque la loi sur la protection des données personnelles pour justifier que certaines informations relatives à l’identité des parents, à l’adresse ne soient pas divulguées. Le discriminant serait-il lui aussi frappé par la loi sur la protection des données personnelles ?
Si en 2006, une large fenêtre avait été ouverte pour consulter le fichier, aujourd’hui, c’est par le trou de la serrure qu’on nous autorise à lorgner la sombre obscurité du fichier électoral.
A vous entendre parler, on a l’impression que vous soupçonnez un manque de transparence dans la gestion du fichier électoral !
C’est le moins qu’on puisse dire. Il y a un hiatus entre le nombre de détenteurs de la carte d’identité Cedeao et le nombre réel d’électeurs, en dépit du principe du couplage qui a été adopté. En principe, il devait y avoir autant de détenteurs de carte d’identité que d’électeurs, mais ce n’est pas le cas. Ils sont nombreux les nouveaux inscrits qui se sont vu refuser le droit de disposer d’une identité électorale.

C’est au moment de retirer leurs cartes qu’ils découvrent, hélas, qu’ils ne voteront pas. Ceux qui sont ainsi arbitrairement exclus du vote n’ont pas leur place dans le fichier mis en ligne et qui ne retient que le numéro de la carte d’électeur comme critère de pertinence ! En mettant en ligne le discriminant, la discrimination deviendrait patente aux yeux du public. Combien sont-ils les détenteurs de cartes d’identité qui ont été zappés des listes électorales au mépris du principe du couplage ? Pour quelles raisons ? Des jeunes en majorité ? Des Sénégalais de la Diaspora ? Seront-ils rétablis dans leurs droits ? Dans quels délais ?
Par ailleurs, la base de calcul du pourcentage requis pour le parrainage est-il justifié, dès lors qu’il a été calculé selon le principe que tous les détenteurs de carte d’identité Cedeao sont en même temps des électeurs potentiels ?
Pourtant, en fin février 2018, une mission d’audit externe a évalué le fichier électoral et a conclu à sa fiabilité à 98%. Qu’en pensez-vous ?
Cela ne devrait pas dispenser les partis de l’opposition à procéder à leur propre audit du fichier. On le sait, derrière chaque audit se cache un commanditaire qui surdétermine le travail de l’auditeur. Et, le travail de l’auditeur a presque toujours une portée instrumentale qui fait qu’il est difficile de le présenter comme un travail objectif à 100%. C’est normal, il est payé et évalué par son commanditaire. Cela dit, ils nous ont livré, toute proportion gardée, un bon rapport qui met le doigt sur un certain nombre de dysfonctionnements.
Mais un auditeur ne peut pas avoir le même regard qu’un opposant ou un membre de la Société civile. Consciemment ou inconsciemment, il aura tendance à négliger ou à valoriser certains aspects de la chose auditée, puisqu’il est au service de celui qui lui paye ses émoluments. Alors, que l’on ne donne pas d’arguments du genre « les experts internationaux ont validé à 98% donc c’est bon » !

Sources: senego

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