Condamné, Ousmane Sonko refuse d'abdiquer : « Je ne laisserai pas tomber ce dossier de l’IGF »
Quelques heures après la décision de la Cour suprême confirmant sa condamnation dans l’affaire de diffamation contre l’ancien ministre Mame Mbaye Niang, le Premier ministre et président de Pastef, Ousmane Sonko, a choisi de reprendre la parole publiquement, à deux reprises ce mardi 1er juillet 2025, pour livrer sa version des faits et dénoncer ce qu’il considère comme une instrumentalisation politique de la justice sénégalaise.
Dans sa première déclaration, il a tenu à revenir sur les violences politiques ayant endeuillé le pays entre 2021 et 2024, pointant du doigt l’inaction judiciaire. « J’ai moi-même écrit au ministre de la Justice pour lui demander de faire la lumière sur tous les dossiers. Parce qu’on n’oubliera pas ce qui s’est passé dans ce pays. Si on laisse passer tout ce qui s’est passé avec cette justice, tôt ou tard cela se reproduira », a-t-il averti.
Se défendant de toute tentative d’ingérence, Ousmane Sonko a insisté sur son respect de la séparation des pouvoirs : « Personnellement, je n’ai jamais contacté un magistrat pour un quelconque dossier parce que je veux garder mon indépendance. »
Quelques heures plus tard, dans un direct diffusé sur sa page Facebook officielle, le chef du gouvernement est revenu plus en détail sur l’affaire qui l’oppose à Mame Mbaye Niang. Il a affirmé avoir demandé à ses avocats de saisir à nouveau le ministre de la Justice, en évoquant des « faits nouveaux », notamment les rapports de l’Inspection générale des finances (IGF) de 2018 et 2022, qu’il considère comme des pièces déterminantes dans sa défense : « J’ai dit à mes avocats de saisir le ministre de la Justice, car il y a les rapports 2018 et 2022 de l’IGF », a-t-il précisé, tout en rejetant fermement toute accusation de diffamation ou de falsification.
Pour rappel, la Cour suprême a rejeté la requête en rabat d’arrêt introduite par ses avocats, rendant définitive sa condamnation à six mois de prison avec sursis et au paiement de 200 millions de FCFA à Mame Mbaye Niang.
Malgré ce verdict, Sonko affirme ne pas vouloir laisser l’affaire sans suite : « Je ne laisserai pas tomber ce dossier, par principe », a-t-il martelé. Selon lui, cette procédure n’avait d’autre but que de l’écarter de la présidentielle de 2024, affirmant que Mame Mbaye Niang a été « manipulé » avant de « prendre la fuite ».
Dans un souci affiché de transparence, Ousmane Sonko a par ailleurs annoncé son intention de s’exprimer désormais régulièrement en direct sur les réseaux sociaux : « La situation du pays l’exige », a-t-il justifié.
Enfin, abordant les critiques sur son propre rapport à la justice, il a rappelé ses démarches volontaires : « Concernant la Cour suprême, j’ai moi-même écrit au ministre de la Justice le 5 mars. Je lui ai dit que, quel que soit le dossier me concernant, la justice devait faire son travail. » Tout en saluant « les hommes et femmes intègres » de la magistrature, il a pointé du doigt ceux qui, selon lui, « se laissent malheureusement instrumentaliser par des intérêts politiques ».