Deals secrets, cash en main… : Comment les terres du ministère de la Justice ont été bradées
Marchés occultes, dation illégale et remise d’espèces : les graves révélations sur le « délestage » du patrimoine du ministère de la Justice.
L’enquête de la Brigade des Affaires Générales (BAG) a mis au jour un système opaque mis en place autour de l’assiette foncière affectée au ministère de la Justice pour la construction du Palais de Justice de Pikine-Guédiawaye.
Au cœur du scandale, l’ancien Garde des Sceaux, Ismaila Madior Fall, est accusé d’avoir attribué, en gré à gré et sans appel d’offres, deux marchés à un promoteur immobilier, Cheikh Guèye, en contrepartie d’une dation en paiement. Ce procédé a entraîné une cession irrégulière de terrains publics, en violation flagrante du décret d’affectation foncière et du Code des marchés publics.
Selon Libération, l’enquête révèle également que le DAGE du ministère, censé être informé de toute procédure financière, a été tenu à l’écart, confirmant l’opacité de l’opération. Plus accablant encore, la remise d’un acompte de 50 millions de Fcfa en espèces à l’ancien ministre a été faite dans son bureau, en présence de son directeur des Constructions, Mohamed Anas El Bachir Wane, devenu témoin clé. Ce dernier a confirmé les faits, y compris la pression exercée par Ismaila Madior Fall pour obtenir le reliquat de 200 millions Fcfa, ce qui a conduit à l’annulation de l’accord après refus de paiement du promoteur.
Ces faits, qualifiés d’association de malfaiteurs, de corruption, de tentative d’extorsion de fonds, de prise illégale d’intérêts, de blanchiment et d’escroquerie, valent aujourd’hui à l’ancien ministre une assignation à résidence sous bracelet électronique dans la région de Dakar, après son audition par la Haute Cour de Justice.