Édito Commun: Face au Monstre, vivre ou périr?!

19 - Juin - 2023

Quand les bornes sont dépassées, il n’y a plus de limite qui tienne. L’heure du choix a sonné pour tous les journalistes sénégalais qui tiennent encore à leur dignité et qui pensent, avec raison, que leur indépendance éditoriale est incompatible avec la compromission.

Quoi qu’il doive leur en coûter. Ce choix doit être celui de tous ceux qui estiment que la situation actuelle de la presse n’est plus supportable. Ceux qui ont l’intime conviction de vivre dans un environnement anormal. Ceux qui reconnaissent avec humilité que les sacro-saintes libertés constitutionnelles qui sont la boussole de notre métier sont désormais administrées par le bon vieux Monstre de nos malheurs.

Cela est une réalité. La fiction serait de croire au contraire. Le Monstre est un faux-père Noël ! Les dosettes d’humiliation intermittentes qui nous chatouillaient la tête comme des pluies fines, nous les accueillions naïvement comme de simples épiphénomènes promis à disparaître dans les caniveaux d’à côté. Aujourd’hui, elles font notre déshonneur sous forme de pluies diluviennes dont les vagues inondent notre espace professionnel, nous contraignant à patauger dans la gadoue.

Les dernières actualités qui émeuvent certains d’entre nous – oui, seulement certains, c’est ainsi – ont mis en lumière notre totale impuissance à riposter et tenir tête au Monstre de nos malheurs. Les agressions violentes et répétées contre le Groupe Walfadjri depuis plusieurs mois n’auraient jamais été possibles sans les faiblesses quasi rédhibitoires de nos cadres syndicaux.

La coupure du signal télé de notre confrère pour une durée de trente jours, endossée par notre ministre de tutelle, a révélé toute notre impuissance à faire face lorsqu’un droit constitutionnel est foulé au pied par ceux qui censés le respecter et le faire respecter.

Les emprisonnements ciblés de journalistes, facilités par notre apathie à consommer l’intolérable, ont créé chez beaucoup d’entre nous un réflexe d’autocensure. Même la fameuse ‘’carte nationale de presse’’, élément matériel distinctif des membres de la corporation, a commencé à devenir une arme au service de nos tortionnaires.

Nous ne sommes plus en danger, comme nous aimions à le dire naguère pour alerter sur les risques qui nous guettaient. Nous sommes tous prisonniers du Monstre de nos malheurs et de ses exécutants. L’incompétence et la sournoiserie avec lesquelles le secteur des médias est régenté sont à la hauteur de la réputation des politiciens choisis pour la sale besogne.

Aujourd’hui, sommes-nous en mesure de sonner la révolte qui imposerait au Monstre de nos malheurs l’arrêt de ses agressions contre la liberté de la presse ?

Certainement. Cela suppose de reconstituer la force collective et unitaire d’une corporation dont le rayonnement et l’autonomie sont indispensables à la démocratie et à l’Etat de droit. Tous les segments de la presse n’y contribueront pas au vu des positionnements divergents face au pouvoir politique. Mais en parallèle au travail de réunification des rangs de la presse sénégalaise, le temps est venu de densifier la lutte pour le respect de nos droits fondamentaux avec les moyens légaux à notre disposition.

Les grandes mobilisations réussies par la Coordination des associations de presse (CAP) il y a quelques mois, sont la preuve vivante que nous avons encore notre destin en main. Engagement, organisation, action. Sans relâche. Tout reste possible pour faire reculer le Monstre de nos malheurs. Faisons face, sinon nous disparaîtrons !

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

20 - Mai - 2025

Éric Favre sur le comportement du lutteur : « Zarco, c’est une tragédie, une grosse déception »

L’image du sport sénégalais en sort sérieusement écornée. Le lutteur Aldiouma Diallo, alias Zarco, est au cœur d’un scandale mêlant...

19 - Mai - 2025

Haute cour de justice : Ndèye Saly Diop sera auditionnée ce lundi

L'ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, Ndèye Saly Diop, est attendue ce lundi à 11 heures, devant la commission d’instruction...

19 - Mai - 2025

Affaire des 25,3 milliards F CFA : Vent d'espoir pour Tahirou Sarr

Sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, escroquerie sur des deniers publics et abus de biens sociaux portant sur 25,3 milliards de francs CFA,...

19 - Mai - 2025

Insolite à Mbour : Une Allemande mariée à deux Sénégalais

Constance Hector ne souhaite qu’une chose : que Abdoulaye Diédhiou quitte sa maison. Cette ressortissante allemande établie à Warang reproche à son mari de la...

16 - Mai - 2025

Auditions devant la haute Cour des justice : Trois des cinq ex-ministres ont reçu leurs convocations

Après leur mise en accusation le 8 mai dernier, à l'Assemblée nationale, les cinq ex-ministres de l'ancien régime de Macky Sall vont bientôt faire face à...