Fièvre de la Vallée du Rift : déjà 4 morts au Sénégal, tout savoir sur une bombe sanitaire silencieuse

26 - Septembre - 2025

Le Sénégal a enregistré sept cas de fièvre de la Vallée du Rift (FVR) et déplore quatre décès, selon le Dr Boly Diop, responsable de la surveillance épidémiologique au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, dans une déclaration datée du 25 septembre 2025. Cette zoonose virale, encore méconnue du grand public, préoccupe les experts de santé en raison de ses impacts sanitaires et économiques en Afrique.

Quand le bétail devient une source de danger

Identifiée pour la première fois au Kenya en 1931, la FVR est causée par un phlébovirus transmis par les moustiques (Aedes, Culex). Elle frappe d’abord les troupeaux, provoquant des avortements massifs chez les brebis, chèvres et vaches, ainsi qu’une forte mortalité chez les jeunes animaux. L’homme s’infecte par la piqûre de moustiques contaminés ou par contact avec le sang, les organes ou le lait d’animaux infectés, exposant particulièrement les éleveurs, vétérinaires, bouchers et leurs familles. Face à cette menace, une stratégie combinant vaccination animale, lutte antivectorielle et sensibilisation des populations est essentielle pour réduire son impact. Ignorer cette zoonose, c’est laisser grandir une bombe sanitaire silencieuse.

Une maladie trompeuse et parfois foudroyante

« Chez la plupart des personnes contaminées, la maladie se manifeste par une fièvre soudaine, des maux de tête, des douleurs musculaires et une grande fatigue, un tableau souvent confondu avec une grippe ou le paludisme », explique le Dr Boly Diop. Ces formes bénignes masquent une réalité plus sombre. « Dans une minorité de cas, la FVR bascule vers des formes sévères et souvent mortelles », ajoute-t-il. Les manifestations graves incluent :

Fièvre hémorragique : atteinte du foie, jaunisse, vomissements sanglants, saignements internes ou externes, pouvant entraîner la mort en moins de 72 heures.
Méningo-encéphalite : le virus envahit le cerveau, provoquant convulsions, confusion, coma et séquelles neurologiques durables.
Atteintes oculaires : inflammation de la rétine pouvant mener à une cécité irréversible.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ces formes graves tuent jusqu’à 50 % des patients atteints de fièvre hémorragique, la létalité variant selon les flambées et la qualité de la prise en charge.

Une menace récurrente en Afrique de l’Ouest

Au cours des dernières décennies, la FVR a frappé plusieurs pays africains, dont la Mauritanie, le Niger et le Sénégal. Chaque fois, le scénario est le même : de fortes pluies provoquent la prolifération des moustiques, les troupeaux s’infectent, puis les cas humains apparaissent.

En 2020, une flambée en Mauritanie a causé près de 80 cas humains, dont plus d’un tiers sont décédés. Ces chiffres, souvent sous-estimés faute de surveillance, montrent à quel point cette maladie reste une tueuse silencieuse.

Pas de traitement spécifique, une prévention cruciale

Aucun traitement antiviral ni vaccin homologué pour l’homme n’existe à ce jour. Lamine Sène de l'institut Pasteur précise que le Vaccinopole travaille à « développer des vaccins contre les maladies négligées, comme Lassa ou la fièvre de la Vallée du Rift, et à renforcer la recherche pour répondre rapidement à de futures pandémies, à l’image de la mobilisation contre la Covid-19 ».

La prise en charge est symptomatique : réhydratation, transfusions en cas d’hémorragie, soins intensifs pour les cas graves. « Dans les zones rurales, ces moyens sont rarement disponibles, ce qui explique une mortalité élevée », note-t-il.Chez les animaux, des vaccins existent, mais leur utilisation reste limitée. La prévention repose sur la surveillance des troupeaux, la lutte contre les moustiques et des mesures individuelles : éviter le contact avec les carcasses, consommer du lait pasteurisé et de la viande bien cuite, et utiliser moustiquaires et répulsifs.

La FVR illustre l’importance de l’approche « Une seule santé », liant santé humaine, animale et environnementale. Tant que les troupeaux resteront vulnérables et que les moustiques pulluleront après chaque saison des pluies, le risque de nouvelles flambées mortelles restera élevé.

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