Haute cour de justice : Ce qui va se passer après la résolution de mise en accusation des 5 anciens ministres

08 - Mai - 2025

Cinq anciens ministres du régime précédant — Mansour Faye, Aïssatou Sophie Gladima, Ismaïla Madior Fall, Moustapha Diop et Salimata Diop — seront fixés sur leur sort ce jeudi. Les députés de la 15ᵉ législature examineront, en séance plénière, la résolution portant leur mise en accusation devant la Haute cour de justice. Que se passera-t-il après cette étape ?

La 15ᵉ législature doit se prononcer ce 8 mai sur leur comparution éventuelle devant cette juridiction d’exception, seule compétente pour juger les membres du Gouvernement pour des actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, conformément à la Loi n° 2002-10, modifiée par les lois de 2008 et 2012. Les accusations portent principalement sur la gestion du Fonds Force Covid-19, à l’exception de l’ancien Garde des Sceaux. Tous sont cités dans une correspondance officielle du ministre actuel de la Justice, Ousmane Diagne, adressée à l’Assemblée nationale.

Si la mise en accusation est adoptée, la résolution est immédiatement transmise par le président de l’Assemblée nationale au procureur général. Celui-ci dispose alors de 24 heures pour en notifier le président de la Haute Cour de justice et celui de la Commission d’instruction.

La Commission est convoquée sans délai. Chaque personne mise en cause est invitée à choisir un avocat, à défaut de quoi un défenseur est désigné d’office, assurant le respect du droit à une défense effective dès l’ouverture de la procédure.

Le président de la Commission peut, avant même sa première réunion, accomplir des actes d’information (comme délivrer des mandats), qui devront ensuite être confirmés en séance plénière. Il est également possible de déléguer certaines missions à d’autres magistrats, agissant avec voix consultative — un compromis entre efficacité procédurale et respect de l’indépendance judiciaire.

L’article 23 de la loi organique prévoit que la Commission agit selon les règles du Code de procédure pénale, notamment celles relatives aux droits de la défense. Toutefois, ses actes ne peuvent faire l’objet d’aucun recours, conférant à cette instance une autorité renforcée par l’irrévocabilité des nullités non soulevées avant la décision de renvoi.

La Commission ne peut pas requalifier les faits mentionnés dans la résolution de mise en accusation. En cas d’apparition de faits nouveaux, elle doit transmettre le dossier au procureur général, qui peut saisir à nouveau l’Assemblée nationale pour étendre la procédure. Cette rigidité vise à préserver le contrôle parlementaire sur toute évolution de la mise en cause.

Le ministère public et la défense disposent d’un droit d’initiative dans l’enquête : convocation de témoins, confrontations, participation aux actes d’instruction.

En revanche, la loi exclut toute constitution de partie civile devant la Haute cour : les victimes éventuelles doivent se tourner vers les juridictions de droit commun pour faire valoir leurs droits à réparation.

Ce cloisonnement illustre la séparation stricte entre la fonction répressive et la fonction indemnitaire.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Novembre - 2025

Kédougou : 4 gendarmes arrêtés pour orpaillage clandestin

Un réseau d’exploitation illicite d’or a été interpellé à Kédougou. Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont des...

25 - Novembre - 2025

Ziguinchor : La police démentèle un réseau criminel de trafic de personnes

L’Antenne régionale de Ziguinchor de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et les pratiques assimilées (DNLT) a procédé, le 20 novembre...

24 - Novembre - 2025

Le journaliste Moussa Dramé s'en est allé : Sédhiou perd un de ses plus grands serviteurs

La morgue de l’hôpital Dalal Jam de Guédiawaye a servi hier, dimanche, de cadre à une cérémonie de levée du corps particulièrement...

24 - Novembre - 2025

"Traitements inhumains et dégradants" : Me Moussa Bocar Thiam annonce de nouvelles poursuites contre un magistrat

L’ancien ministre Me Moussa Bocar Thiam revient à la charge. Après la réaction de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) qualifiant sa...

24 - Novembre - 2025

Scandale à l'hôpital Dalal Jam : Micmac autour d'un marché de 1,454 milliard de F CFA

Un audit technique commandité par l'Autorité de Régulation des Marchés Publics (Arcop) met en lumière de graves dysfonctionnements et des coûts exorbitants...