LES FOUS DU PAYS

04 - Octobre - 2025

Les fous du pays parlent.
Ils parlent tout le temps.
Ils parlent en leur nom propre,
et prétendent parler au nom de nous tous.
Ils parlent, et on rit.
Ils parlent, et on fuit.
Ils parlent, et on relaie.
Ils parlent, et on s’habitue.

Sans comprendre que se taire face au danger
on nourrit la tempête.
On donne au venin la légitimité du silence.

Au Sénégal, que de fous errent en liberté.
Leurs postillons, chargés d’étincelles de feu,
éclaboussent un pays fragile, amnésique,
où le moindre souffle peut embraser le ciel.

Ils n’ont ni trône, ni titre,
mais ils ont l’audience.
Une audience nationale.
Une audience de conquérants.
Et nous, spectateurs muets,
leur offrons la scène.

Les fous du pays parlent.
Et dans leurs délires,
ils appellent à la haine.
Ils dégainent des mots comme des machettes,
et sèment des graines de guerre dans les esprits fragiles.

Mais qui sont-ils, ces fous ?
Des prêcheurs sans foi.
Des influenceurs sans conscience.
Des patriotes enragés, sans boussole ni mesure,
vomissant leur venin sur les ondes et les réseaux.

Ils parlent.
Et l’État regarde ailleurs.
Tant que leurs mots épargnent le pouvoir,
ils peuvent calomnier, insulter, menacer.
Tant que leurs discours divisent sans déranger le Parti,
on les laisse régner sur les poubelles du débat public.

Ils parlent religion : on laisse faire.
Ils parlent politique : on tolère.
Ils parlent sexe : on rigole.

Mais voilà qu’ils parlent ETHNIE…
Et là, le silence devient complice.

Ils opposent Peuls et Wolofs,
Sérères et Diolas,
comme si le pays n’était qu’un défouloir
suspendu au souffle des fous.

Les fous du pays.
On banalise leurs propos.
On partage leurs vidéos.
On commente, on s’indigne,
mais on n’agit pas.

Sénégalais,
nous sommes les spectateurs d’une poudrière.
Et pendant que les pyromanes dansent,
la République dort.

Souvenons-nous, mes frères et sœurs :
ce ne sont jamais les armes qui déclenchent la guerre.
Ce sont les mots.
Toujours les mots.
Des mots fous.
Des mots de trop.
Des mots dits trop longtemps,
sans qu’un seul ne dise : Basta !

Continuons de laisser parler les fous…
Et un matin,
il ne restera plus de pays.
Seulement des cendres.
Et des regrets.

Mamadou Bamba Tall
Écrivain & Poète
Philosophe humaniste
bambatall@yahoo.fr

Montréal, Qc Canada

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 04/10/2025 à 19h05
(1/5)

Vives le Sénégal

Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

08 - Mai - 2025

Panique à Ngor : Un immeuble s’effondre, plusieurs personnes prises au piège des décombres

Un grave incident s’est produit ce jeudi dans le quartier de Ngor, à proximité de la station EDK, où un immeuble de cinq étages s’est brutalement...

08 - Mai - 2025

Assemblée nationale : Ismaïla Madior Fall sera traduit devant la haute cour de justice malgré l'objection de certains commissaires

Ismaila Madior Fall fait partie des 5 anciens ministres portés devant l'Assemblée nationale dans le cadre de l'examen du projet de loi de leur mise en accusation devant la haute cour...

08 - Mai - 2025

LES DERAISONNEMENTS DU FOULOSOPHE DE MBOUR (PAR PAPE SARR)

Une analyse sophistiquée des affidés du « premier ministre très fort » son excellence le Vicomte de Sweet Beauty, m’a été partagée dans...

07 - Mai - 2025

Amadou Ba visé par la justice pour 141 milliards disparus

L’ancien Premier ministre, Amadou Bâ, est dans le collimateur de la justice. L’Observateur, qui donne l’information dans son édition de ce mercredi 7 mai, rapporte...

07 - Mai - 2025

Lotissement BOA : Farba Ngom extrait de prison et interrogé, l’enquête s’emballe

Incarcéré dans le cadre d’une précédente procédure, Farba Ngom a été extrait de sa cellule ce mardi 6 mai pour être à nouveau...