Militaires disparus en Casamance: l’Etat verrouille et menace

27 - Janvier - 2022

L’Etat veut maximiser ses chances de retrouver les 9 militaires disparus en Casamance et qui se trouvent probablement entre les mains du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC) en vie. C’est pourquoi il a rappelé mercredi les dispositions relatives à la protection du secret. En décodé, la presse et l’opinion sont interdites de parler de cette affaire.

Retrouver en vie les 09 militaires disparus le 24 janvier dernier lors d’un accrochage survenu en Gambie sur l’axe Kampanti- Kappa-Kambagol entre le 5ème Détachement sénégalais (DETSEN5/MICEGA) et des re- belles du MFDC opérant dans le business criminel du bois sur la frange frontalière avec la Gambie. Tel est l’impératif pour le Gouvernement. Lors de cet accrochage, l’Armée a perdu deux soldats, mais a surtout déploré la disparition de 9 militaires qui seraient entre les mains du MFDC.

Seulement voilà, après avoir communiqué sur cette affaire, l’Armée ne veut plus que la presse, l’opinion et les réseaux sociaux s’immiscent dans « un dossier ultra sensible » souligne une source officielle. Le Gouvernement à travers un communiqué signé mercredi par le ministre des Forces Armées Me Sidiki Kaba a rappelé les dispositions relatives à la protection du secret.

Se référant aux lois et décrets organisant la protection des secrets et des informations relatives à la défense nationale et la sûreté de l’Etat, il indique, afin que nul n’en ignore, que « La protection du secret relatif à la défense nationale relève d’un régime juridique strict. Il est applicable à l’en- semble des citoyens sénégalais (civils ou militaires) et aux étrangers qui, sans en avoir la qualité, procèdent à la divulgation ou diffusion, malveillante ou non, des informations y relatives » écrit le ministre des Forces Armées.

Et d’ajouter que « les crimes et délits pour atteintes à la défense nationale sont sanctionnées par le Code pénal sénégalais en ses articles 60 et subséquents ; et notamment l’article 54 qui vise toute personne qui « sans intention de trahison ou d’espion- nage, aura porté à la connaissance d’une personne non qualifiée ou du public une in- formation militaire non rendue publique par l’autorité compétente... ».

Tous les documents ayant trait à la préparation et à la conduite des opérations non rendus publics par l’Etat-major général des Armées entrent dans cette catégorie. Leur diffusion ou divulgation tombent sous le coup de la loi...Il y a lieu de rappeler que les sanctions pénales prévues par le code de justice militaire cité en deuxième référence, applicables aux militaires et paramilitaires ainsi qu’à leurs complices civils dans certains cas, sont beaucoup plus sévères ».

Les professionnels des médias avertis
« Aussi, convient-il de rappeler aux différents acteurs intervenant dans le champ de
la diffusion de l’information, à titre professionnel ou non, de prêter une attention particulière à ne pas diffuser ou relayer des informations susceptibles de porter atteinte à la Défense nationale, quel qu’en soit le support et par quelque moyen qu’ils ont acquis » écrit en conclusion Me Sidiki Kaba. Décortiquant un tel communiqué, un officiel sous l’anonymat indique que le Gouvernement a bien fait de verrouiller la gestion d’une telle affaire. « Il n’est pas possible qu’on puisse traiter cette affaire de disparition de 9 militaires en Casamance comme on traite une information quelconque. C’est une affaire très sérieuse et toute diffusion de l’information doit être encadrée parce que le Gouvernement veut tout faire pour que ces 9 militaires puissent être retrouvés vivants » souligne un interlocuteur du journal Le Témoin.

Selon qui la situation préoccupante de la sous-région incite à une certaine approche très prudente de cette affaire qui relève du « top-secret ». « Les professionnels des médias, qui sont d’abord des Sénégalais avant d’être des journalistes, doivent comprendre la préoccupation du gouvernement. Ils sont appelés à aider l’Etat à bien gérer ce dossier. Encadrer l’information ne veut pas dire de la censure mais se prémunir de toutes les garanties de recoupement avant d’écrire un article sur la disparition des 9 militaires » explique la source du journal Le Témoin.

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