OPINION : DENONCER FERMEMENT LES DERIVES INACCEPTABLES DE L’ETAT D’URGENCE AU SENEGAL (PAR SEYBANI SOUGOU)

25 - Mars - 2020

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux faisant état de violences policières à l’encontre de citoyens sénégalais dans le cadre de l’Etat d’urgence pour lutter contre la propagation du COVID-19 sont indignes du Sénégal et dignes d’une République bananière. Les images extrêmement choquantes de forces de l’ordre s’adonnant à des actes barbares portant atteinte à la dignité humaine sont inacceptables, insoutenables et injustifiables.
L’état d’urgence est une mesure exceptionnelle prise en cas de péril imminent. Au Sénégal, ce régime d’exception est défini au niveau de l’article 2 la loi 1969/29 du 29 avril 1969 qui dispose que « L’Etat d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire de la République du Sénégal soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas de menées subversifs compromettant la sécurité intérieure, soit en cas d’évènements présentant par leur nature et leur gravité, un caractère de calamité publique ». L’état d’urgence déclaré au Sénégal le 23 mars 2020, par Macky SALL, entre dans le champ de « la calamité publique ». Dans le cas d’espèce, il s’agit clairement d’un Etat d’urgence sanitaire lié à la lutte contre la propagation du virus de COVID-19.
Si l’état d’urgence confère des pouvoirs exorbitants aux autorités administratives, aucune disposition de la loi 1969/29 du 29 avril 1969, n’autorise les forces de l’ordre à exercer une violence gratuite, aveugle et démesurée contre les citoyens, y compris ceux qui ont violé la loi en ne respectant pas le couvre-feu imposé de 20h00 à 6h00 du matin (la loi a prévu des sanctions appropriées).
Tous les démocrates, toutes les organisations de la société civile et tous les citoyens doivent dénoncer fermement le comportement ignoble de certains policiers qui déshonorent leur fonction, portent atteinte à l’image de la police et se comportent comme de vulgaires voyous.
Ceux qui se sont adonnés à ces actes de violence inqualifiables, totalement disproportionnées n’ont pas leur place au sein de la police nationale, doivent être identifiés et démis, sans délai de leurs fonctions. En France, les deux premiers jours qui ont suivi la mise en œuvre du confinement ont donné lieu à une démarche pédagogique. Les policiers ont tenu à expliquer aux citoyens le sens et la portée de cette décision de restriction des déplacements, avant d’établir des contraventions. Les citoyens sénégalais qui n’ont pas respecté le couvre-feu imposé n’ont commis aucun crime, aucune action violente qui justifie les actes barbares et illégaux à leur encontre.
Les partis politiques d’opposition qui ont apporté leur soutien à Macky Sall dans le cadre de la lutte contre la pandémie du CORONAVIRUS doivent clairement prendre position, dénoncer les dérives inacceptables du régime, et clarifier le champ de l’Etat d’urgence du 23 mars 2020.
L’état d’urgence n’est ni un blanc-seing, ni un permis de répression (les policiers auteurs de ces actes sont des délinquants).
L’état d’urgence (sanitaire) ne doit pas être dévoyé : lutter contre la propagation du virus de COVID-19 n’a rien à voir avec la répression des populations.
Que ce soit clair : aucun citoyen sénégalais n’acceptera un tel glissement.
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Juillet - 2025

La famille de Sérigne Issa Touré accuse : « On l’a tué et jeté là-dedans pour essayer de leurrer les gens »

Inhumé en pleine nuit dans l’un de ses champs à Noflaye, le corps de Serigne Issa Touré a été exhumé moins de 12 heures plus tard, sur instruction...

25 - Juillet - 2025

Complices présumés de Kocc : les premiers noms tombent

L’arrestation d’El Hadji Babacar Dioum, alias « Kocc », marque un tournant décisif dans le démantèlement d’un réseau numérique...

25 - Juillet - 2025

GREFFIERS ET AGENTS DE LA JUSTICE : VOUS NE DEVEZ PAS COMMETTRE L’INJUSTICE (PAR SOREU MALICK)

Depuis plus d’un mois, votre grève se poursuit. Si elle est née d’un sentiment de frustration compréhensible, il est désormais temps de prendre du recul, de...

24 - Juillet - 2025

Mbathio Ndiaye raconte ses déboires : ''Kocc Barma m’exigeait de l'argent et des faveurs sexuelles''

Aux près de 5000 plaintes contre Kocc Barma enregistrées à la police et à la gendarmerie depuis 2018, il faut maintenant ajouter celle de Mbathio Ndiaye. Contre ce...

24 - Juillet - 2025

Relance du dossier de la mort de François Mancabou : La famille parle d'une théâtralisation de l'affaire « Si ces bourreaux ont 13 minutes de vidéo, nous, nous avons le décès même de François Mancabou» (Avocat)

Me Patrick Kabou, avocat de la famille de François Mancabou, dénonce une justice théâtralisée. Trois ans après la mort controversée de...