Ousmane Kane, ancien président de la Cour d'appel de Kaolack : "La loi sur le pool judiciaire financier est un fourre-tout"

06 - Mai - 2025

Dans un entretien accordé à L’Observateur, Ousmane Kane, ancien président de la Cour d’appel de Kaolack, a livré une analyse critique du système judiciaire sénégalais. Il s’est notamment prononcé sur la présence du président de la République au sein du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et a émis des réserves sur le fonctionnement du pool judiciaire financier, chargé des dossiers de corruption, de détournement de fonds publics, de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

D’entrée, Ousmane Kane a tenu à préciser sa posture : "Je suis désormais un citoyen libéré de l’obligation de réserve, je ne suis plus magistrat. Mais je n’ai pas une culture politique qui me permet de prendre certains risques d’analyse politique."

Interrogé sur le pool judiciaire financier, l’ancien magistrat n’a pas mâché ses mots, le qualifiant de "fourre-tout". "Lors d’une réunion au centre Abdou Diouf, présidée par Aïssata Tall Sall, on nous a présenté le schéma de cet instrument. Ce qui m’a inquiété, c’est qu’il regroupe trop de choses : grande délinquance financière, trafic de personnes, trafic de drogue… Comment un seul service peut-il gérer, à l’échelle nationale, toutes ces infractions ?", s’est-il interrogé.

Selon lui, cette structure est vouée à l’essoufflement : "Cette loi est trop chargée. Dans quelques mois, elle va suffoquer, puis s’arrêter, faute de magistrats compétents et spécialisés en nombre suffisant. Face à l’afflux des dossiers, le système ne tiendra pas. Il faut aérer cette loi."

Sur la question sensible de la présence du chef de l’État au Conseil supérieur de la magistrature, l'ancien conseiller juridique de l'ancien Président Me Abdoulaye Wade, a adopté une position tranchée : "Ceux qui contestent sa présence ne savent pas de quoi ils parlent. Le régulateur du CSM, c’est le président de la République."

Il justifie son propos : "Quand le ministre de la Justice cherche à favoriser certains magistrats, c’est le président qui peut s’y opposer. À plusieurs reprises, il a joué ce rôle d’arbitre. Sa place au CSM est légitime : il est le garant du bon fonctionnement des institutions."

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

28 - Octobre - 2025

Extradition de Madiambal Diagne : la justice française reporte l’audience au 4 novembre

La bataille judiciaire autour de l’extradition de Madiambal Diagne vers le Sénégal connaît un premier rebondissement en France. Ce mardi, la Chambre d’instruction...

28 - Octobre - 2025

Ousmane Sonko annonce la bonne nouvelle : « Des mesures de baisse sur le prix de l’électricité, du gaz et du carburant arrivent dans les prochains jours »

Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, lors de la mise en place du comité de pilotage du Pacte national de stabilité sociale, que des mesures de baisse sur...

28 - Octobre - 2025

Kaolack : un influenceur arrêté après avoir qualifié des policiers d’“escrocs et de voleurs”

La Sûreté urbaine du commissariat central de Kaolack a interpellé, dimanche, H. Sène, un influenceur de 29 ans résidant à Boustane, après la...

28 - Octobre - 2025

Sr : Ce que les enquêteurs ont dit à Pape Malick Ndour

L’affaire concernant Pape Malick Ndour, responsable des cadres de l’Alliance pour la République (APR), a connu un deuxième rebondissement spectaculaire après son...

28 - Octobre - 2025

Sénégal – Justice sélective, mémoire mutilée : les oubliés de la crise en Casamance (Par SOS Casamance)

Au Sénégal, la demande de justice pour les victimes des violences politiques récentes, survenues durant le régime de Macky Sall, occupe aujourd’hui une place...