Pension, loyer, véhicules, sécurité, personnels mis à leur disposition… : les retraites dorées des ex-chefs d’Etat

12 - Avril - 2024

La réduction du train de vie de l’Etat n’est pas partie, par certains de ses côtés, à être une œuvre aisée pour le nouveau régime en place. En témoigne cette lourde prise en charge des anciens chefs d’Etat au Sénégal. Des pensions qui renvoient à une retraite dorée des ex-présidents de la République et qui semblent gruger le contribuable sénégalais, ce pauvre gorgorgu englué dans une lutte sans merci contre la vie chère et l’amélioration minimale de sa qualité de vie. Sud Quotidien dresse l’état des lieux de ces pensions «frustrantes» dans un Sénégal encore dans le lot des pays pauvres très endettés (PPTT), qui semblent même bénéficier aux anciens présidents des grandes institutions du pays, comme pour ce qui concerne l’honorariat au CESE.

Les anciens chefs de l’État continuent de jouir d’avantages matériels et humains garantis à vie, et ce aux frais du contribuable sénégalais. Loyer, voiture de fonction, personnels, agents de sécurité, mobilier d’ameublement… ils sont bien couverts. Au Sénégal, les ex-chefs d’Etat peuvent en effet envisager leur prise en charge dans le confort et la sérénité. Le décret 2013-125 du 17 janvier 2013 pris par l’ancien président Macky Sall, quelques temps après sa prise de fonction en 2012, leur permet de bénéficier d’énormes avantages. « Un traitement mensuel de 5 millions francs CFA, en plus de l’octroi d’une assurance maladie étendue au conjoint, de deux véhicules, d’un téléphone fixe, d’un logement et du mobilier d’ameublement ». C’est ce que reçoit tout ancien président de la République du Sénégal. Tout de même, « en cas de renoncement au logement affecté, tout ancien président de la République perçoit une indemnité compensatrice d’un montant mensuel net de 4 millions 500 mille francs CFA ». A ces avantages, le communiqué ajoute que «l’État du Sénégal prend en charge à hauteur de 40 millions francs CFA par an le coût des billets d’avion de chaque ancien président de la République et de son (ses) conjoint(s)», que « «tout ancien chef de l’État qui décide de s’établir hors du Sénégal peut s’attacher les services de quatre collaborateurs de son choix. Ces derniers sont rémunérés dans les mêmes conditions que les personnels affectés dans les postes diplomatiques et consulaires du Sénégal ». Il y a également d’autres privilèges : « l’État fournit un aide de camp dont le grade n’est pas supérieur à celui de commandant et qui remplit sa mission exclusivement à l’intérieur du territoire national, des gendarmes pour assurer la protection du logement, deux agents de sécurité pour assurer la protection de sa personne, un agent du protocole, deux assistantes, un standardiste, un cuisinier, une lingère, un jardinier et deux chauffeurs». Du coup, les anciens présidents de la République peuvent coûter aux contribuables sénégalais plus de 300 millions de FCFA par an.

On est de fait bien loin des dispositions de la loi n° 81-01 du 29 janvier 1981 fixant la dotation des anciens Présidents de la République À la dotation annuelle, le législateur avait ajouté une indemnité égale à « l’indemnité la plus élevée allouée aux agents de l’État ». Et l’indemnité la plus élevée se rapportait à l’indemnité de contrôle des Inspecteurs généraux d’État ou bien l’indemnité de judicature des magistrats fixée à la somme de huit cent mille francs CFA (800 000).

Aujourd’hui, la prise en charge des anciens présidents par l’Etat du Sénégal, tient la dragée haute même face à celle des grands pays développés qui dirigent le monde, surtout occidentaux. En effet, dans les pays européens, des avantages sont aussi accordés aux anciens présidents de la République. En France par exemple, selon une loi du 3 avril 1955, enrichie par des avantages détaillés le 8 janvier 1985 et revue en octobre 2016 par un décret émis sous François Hollande, les avantages des anciens présidents de la République comprennent donc à la fois des avantages « en nature » et des avantages financiers, selon le site ouest-France. Il ajoute « qu’un ancien président touche une retraite équivalente à celle d’un conseiller d’État ordinaire, soit environ 6 220 € bruts mensuels (soit 4 millions de F Cfa). Sans oublier les éventuelles pensions et salaires auxquels il a droit au titre de ses autres activités professionnelles, leur mise à disposition de collaborateurs permanents, entre autres. Aux Etats-Unis, un ancien président a le droit à une pension à vie, à condition de ne pas avoir été destitué. Le montant de cette retraite s’élève à 226.300 dollars par an. En Allemagne, les anciens chanceliers allemands ont droit à une pension d’un minimum de 4000 euros (près de 2 millions de francs), à condition que leur mandat ait duré au moins quatre ans. Mieux, le montant de cette retraite augmente en fonction du nombre d’années en poste. Il ressort par ailleurs dans tous ces pays, que la fixation des avantages des anciens Présidents de la République relève de la compétence du pouvoir législatif. Il revient plutôt au Parlement de légiférer sur les montants des avantages pécuniaires des anciens Présidents de la République. A défaut, le versement d’une quelconque indemnité sur le fondement d’un décret constituerait une entorse à la légalité.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités


15 - Mai - 2025

FRANCE : LASSANA DIAGOLA (EBOUEUR) CHUTE DEPUIS UN CAMION-BENNE ET SE FAIT TUER PAR UN POIDS LOURD

Un éboueur, répondant au nom de Lassana Diagola, originaire de Moudéry, dans le département de Bakel, a été victime d’un accident mortel pendant sa...

14 - Mai - 2025

6 milliards de francs décaissés en catimini à 48 heures de son départ du pouvoir : L'intriguante générosité de Macky Sall

À peine 48 heures après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle du 24 mars 2024, l’État du Sénégal a déboursé...

14 - Mai - 2025

Scandale des 31 milliards : Un marabout écroué, Amadou dans la tourmente

Dans l’affaire des 10 milliards de FCFA impliquant Amadou Macky Sall, fils de l’ancien président, Serigne Abdou Karim Mbacké a été placé sous mandat...

13 - Mai - 2025

Prévention et gestion des inondations: Les dix mesures du gouvernement

En perspective de l’hivernage 2025, le gouvernement a validé, hier, 10 mesures pour lutter contre les inondations. La question a fait l’objet d’un Conseil...