Relance du dossier de la mort de François Mancabou : La famille parle d'une théâtralisation de l'affaire « Si ces bourreaux ont 13 minutes de vidéo, nous, nous avons le décès même de François Mancabou» (Avocat)

24 - Juillet - 2025

Me Patrick Kabou, avocat de la famille de François Mancabou, dénonce une justice théâtralisée. Trois ans après la mort controversée de François Mancabou, survenue après sa garde à vue au commissariat central de Dakar, le dossier judiciaire semble connaître un frémissement. Des auditions ont été relancées, notamment celle de Pape Mamadou Seck, ex-membre présumé des « forces spéciales », en garde à vue au même moment que Mancabou, dans le contexte des tensions politiques de mars 2021 à 2024.

Mais pour Maître Patrick Kabou, avocat principal de la famille, interrogé par L’Observateur, ce regain d’activité judiciaire ressemble davantage à un « effet d’annonce » qu’à une volonté réelle de faire éclater la vérité. « Cela fait trois ans qu’on nous balade, trois ans de déplacements, de nuits à l’hôtel et de stress inutile, depuis la tragédie vécue par la famille François Mancabou », dénonce Me Kabou. « Nous avons consigné à plusieurs reprises les coordonnées du principal témoin qui a assisté à l’évacuation de Mancabou dans un silence glaçant : son numéro de téléphone, ses coordonnées. Rien n’a été fait. »

Des preuves tronquées ? Le doute sur une vidéo de 13 minutes
Alors que certaines parties semblent brandir une vidéo de 13 minutes comme élément de preuve, Me Patrick Kabou s’interroge : « Si ces bourreaux ont 13 minutes de vidéo, nous, nous avons le décès même de François Mancabou, identifié : des noms, des photos, des témoignages. J’espère ne jamais entendre une voix ou un rire à l’audience à travers une version scénarisée du calvaire de Mancabou. » Selon lui, le vrai scandale réside dans cette mise en scène visant à justifier l’injustifiable. « Dans les dernières minutes de François Mancabou, ses évacuations vers l’Hôpital Principal et son retour dans les locaux de la police, il n’y a rien de glorieux. »

Le tollé de l’avocat s’appuie notamment sur un épisode encore frais : la convocation de Madame Mancabou en février 2025 pour une audition, après plusieurs mois de silence. Le cabinet Me Kabou s’est remobilisé dès lors et, depuis lors, le dossier s’est retrouvé entre Paris et Dakar. Certains ont même évoqué une mission parallèle à Paris, d’autres en tombée nocturne. Me Kabou l’admet à demi-mot : « J’en ai eu un hôtel à Dakar. J’ai bien vu les mines défaites, les visages tendus. »

Cette désillusion s’ajoute, selon lui, à une suite d’éléments : absence de suite donnée à une plainte déposée il y a deux ans contre des éléments de la police, pour les raisons exactes déjà évoquées dans le cadre de la vidéo de 13 minutes. Me Kabou soupçonne même une « Cybercriminalité planifiée » dans cette affaire, et une désinformation autour de la cause exacte de la mort de François Mancabou en prison. « Ce n’est pas parce qu’on vous montre un montage vidéo de 13 minutes que vous devez conclure : "On est bons". »

Me Amadou Diallo évoque « des raisons purement techniques »
En l’absence de Me Kabou lors des premières auditions, c’est Me Amadou Diallo, autre membre du cabinet et conseil de la famille Mancabou, qui a suivi de près le déroulement des interrogatoires.
Interrogé par la presse, il a toutefois refusé de dévoiler, à ce stade, le contenu des premières auditions, invoquant des raisons purement techniques et de stratégie procédurale.
Une réserve qui illustre la prudence de la défense dans une affaire sensible, et dont les ramifications dépassent le seul cadre judiciaire.

Face à ce qu’il qualifie de théâtralisation de la Justice, Me Kabou persiste, contre une « Justice fictive, qui ne bouge que sous tension », et appelle au retour d’une Justice « sérieuse et rigoureuse ».

« Une Justice qui ne s’active pas qu’avec un témoin fait entrer sortir publique. Ce travail devait être fait depuis trois ans. On est lynché par cette mort même après autopsie, quand la preuve est là. Plus le dossier avance, plus le sort s’effondre. »

Pour les avocats de la famille Mancabou, cette relance tardive n’est pas une résurrection, mais une simple convulsion commandée comme une mise en scène, avec des vidéos montées et des pièces qui jouent. « Nous sommes prêts. Ne vous en faites pas, croyez-moi, nous serons prêts. »

L'OBS

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