Face au Sénégal, Thomas Bach hausse le ton

08 - Décembre - 2018

La démarche est peu fréquente. Mais elle en dit long sur l’influence présumée du CIO et de son président sur la marche du monde. Thomas Bach serait personnellement intervenu auprès du président du Sénégal, Macky Sall, dans le cadre de l’enquête sur des faits de corruption attribués à la famille Diack, Lamine le père et Papa Massata le fiston.

L’information est révélée par l’AFP. L’agence de presse cite des « sources concordantes. » Elle mentionne un courrier daté du 16 novembre 2018, rédigé de la main de Thomas Bach et destiné au chef de l’Etat sénégalais.

Thomas Bach écrit que le juge d’instruction chargé de l’enquête, Renaud van Ruymbeke, « nous a fait part des difficultés auxquelles il a été effectivement confronté pour l’exécution (de) deux commissions rogatoires internationales adressées au ministre de la Justice du Sénégal. L’engagement de votre gouvernement (…) serait particulièrement apprécié. » Le président du CIO ajoute espérer que ces demandes « puissent être exécutées dans les meilleurs délais. »

Le timing du courrier envoyé à Macky Sall ne doit rien au hasard. Toujours selon l’AFP, Thomas Bach a été entendu, le 14 novembre dernier, comme partie civile par le juge Renaud van Ruymbeke.

Le magistrat mène de front, depuis trois ans, deux enquêtes en parallèle. La première porte sur un système de corruption à l’IAAF pour retarder, voire envoyer aux oubliettes, des sanctions pour dopage visant des athlètes russes. Elle a coûté à Lamine Diack, l’ex président de l’IAAF, son statut de membre honoraire du CIO. Le Sénégalais, aujourd’hui âgé de 85 ans, est toujours assigné à résidence en France.

La seconde enquête, plus directement olympique, concerne des soupçons de corruption dans l’attribution des Jeux d’été en 2016 à Rio de Janeiro et en 2020 à Tokyo. Son principal protagoniste appartient lui aussi au clan Diack. Papa Massata Diack, le fils du premier cité, est soupçonné d’avoir touché plusieurs millions d’euros de pots-de-vins pour tenter d’influencer les votes de membres du CIO en faveur des dossiers brésilien puis japonais.

Papa Massata Diack a toujours nié les faits. Logique et habituel. Mais il refuse d’être entendu par la justice française. Réfugié au Sénégal, il n’en sort sous aucun prétexte. Un mandat d’arrêt international a été émis à son intention depuis le mois de décembre 2015. Un bail. Mais il n’a pas encore été suivi d’effets. Les autorités du Sénégal laissent Papa Massata Diack tranquille. En janvier 2016, elles ont clairement fait savoir qu’elles se refusaient à extrader l’un de leurs citoyens.

Que peut faire Thomas Bach ? Beaucoup et peu à la fois. En octobre dernier, le président du CIO a rencontré Macky Sall à Buenos Aires, pendant la session de l’organisation olympique, en marge des Jeux de la Jeunesse. Il a profité de l’attribution au Sénégal des Jeux de la Jeunesse d’été en 2022 pour avancer ses pions. Thomas Bach aurait demandé au chef de l’Etat africain « d’apporter son aide dans l’enquête. » Selon la version officielle, il aurait « reçu des assurances » que les autorités françaises peuvent se rendre au Sénégal pour entendre Papa Massata Diack. A ce jour, toujours rien.

Après son audition par le juge Renaud van Ruymbeke, Thomas Bach a encore insisté. « Je suis prêt à franchir une nouvelle marche », a-t-il assuré devant le magistrat français. Dans son courrier à Macky Fall, le président du CIO écrit : « Les faits reprochés par la justice française (aux deux membres du clan Diack), constituent une atteinte à la crédibilité des organisations sportives, en particulier à l’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse 2022. »

Le message est clair. En citant directement les JOJ 2022 à Dakar, Thomas Bach signifie sans détour aux autorités sénégalaises que leur laxisme dans l’affaire Diack porte atteinte à leur propre événement. Le président du CIO ira-t-il jusqu’à brandir la menace d’un retrait de l’épreuve au Sénégal ? Peu probable. Mais pas impossible.

Francsjeux

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