Ah ! Ces aboyeurs à mémoires politiques courtes (Par Mamadou Dème)

15 - Septembre - 2017

La classe politique sénégalaise offre ces temps-ci une image pitoyable et lamentable dans les différentes appréciations en cours sur l'ossature de l'actuel gouvernement de la République du Sénégal et de l'action du Président Macky Sall. Qu'elle soit de la majorité présidentielle ou de l’opposition, cette classe politique-là, de par son comportement, montre son mépris pour le peuple sénégalais, et son nombrilisme crypto alimentaire de la chose publique.

Du côté de l'opposition et de certains milieux de la société civile crypto pouvoiriste, ainsi que de chez les experts de la chose politique partisane, tout le monde tape à bras raccourci comme des sourds sur le président de la République et son frère à travers la nomination que le second a reçu du premier, comme si ce procédé était une nouveauté au Sénégal et dans les divers mœurs politiques qui l'ont animé depuis l'accès du pays à l'indépendance. Lorsque l'on observe la sociographie politique du Sénégal, on remarque facilement que seul le président MAMADOU DIA a mis un point d'honneur à se préserver des nominations népotiques allant jusqu'à jeter son propre fils ainé en prison au début des années soixante dans son bras de fer avec l'opposition d'alors.
Ceux qui vocifèrent sur les pratiques de gouvernance de Macky, où étaient-ils quand le président Abdou Diouf nomma à plusieurs reprises son propre frère ( Maguette) ministre et un autre de ses frères ( Badara ) d'abord au service de gestion des étudiants du Sénégal en France, pour atterrir plus tard au niveau du consulat général comme vice-consul. Et nous ses contemporains qui étions en France à cette époque, sommes en capacité de témoigner du travail considérable de Badara Diouf en direction ses Sénégalais de France et de son accessibilité légendaire. Dans les rapports que Badara Diouf avait avec la classe politique sénégalaise en France, nous pouvons témoigner de beaucoup de choses qui ne reluiraient pas les blasons de l'opposition de l'époque.
Abdou Diouf imita tout simplement Senghor qui nomma son neveu Adrien comme ministre à plusieurs reprises et plaça beaucoup de ses neveux et nièces dans un certain nombre de stations sans pour autant que les sénégalais ne trouvent rien à redire.
C'est Abdoulaye Wade qui a été le champion du népotisme dans les nominations politiques, en se souciant très peu de l'adéquation entre les compétences des promus et les besoins de compétences des services administrés. Et pendant toutes ces périodes des 12 ans de sa gouvernance, ces cadres libéraux hypocrites d'aujourd’hui, plus gourmands et opportunistes les uns que les autres, beaucoup plus soucieux à plaire à Wade et à Karim dans l'illusion d'un retour politique de ce dernier, n'ont à aucun moment eu le courage d'objecter sur ces nominations népotiques passées. A commencer par son fils depuis l'ANOCI, jusqu’aux différents ministères du ciel et de la terre, en passant par Doudou Wade président du groupe parlementaire dont tout le monde sait que le seul mérite de son accès à ce poste est d'être le neveu de maître Abdoulaye Wade, jusqu’à ses nièces, neveux et petits fils ainsi que les progénitures de ses amis qui ont inondé les représentations diplomatiques et consulaires. Sans parler de ces nombreux jeunes et femmes mariées du niveau du CM2 qui ont été recrutés à travers les volontaires de l'éducation nationale pour aller enseigner dans les écoles primaires sénégalaises sans aucune expérience professionnelle. A ce moment-là, Wade était synonyme de Dieu et tout le monde dans ce contexte politique d'hier ravala sa langue, et même en privé l'on retournait trois fois celle-ci avant de parler tout en vérifiant si des ennemis n'étaient pas dans les parages. Et les comportements d'hier de la fédération du PDS en France, n’avaient rien à envier à ceux de L'APR d'aujourd’hui. Cela ne devrait étonner personne d'ailleurs, car ceux et celles qui étaient là-bas hier sont majoritairement ceux qui sont chez Macky Sall aujourd’hui, et ils y reproduisent leurs habitudes de quêtes alimentaires.
Il se trouve que les vaincus d'hier n'arrivent pas à pardonner les pertes des gâteaux anciennement obtenus et n'ayant aucun programme, parce que n'étant que des alimentaires sous Wade, ils ne sont en aucune façon capables de proposer une alternative à Macky Sall, dont je ne partage aucunement toutes les décisions même si je suis son allié politique.
Pourquoi, ce qui n'a pas été reproché à Senghor, à Abdou Diouf et à Abdoulaye Wade (car ce sont les mêmes acteurs politiques dont le renouvellement générationnel est extraordinairement lent qui sont toujours là), est reproché à Macky Sall par ces mêmes acteurs qui s'étaient tus à l'époque pour sauvegarder leurs privilèges ? Et ils seraient là à la place de Macky, ils feraient pire que lui.
En situation intermédiaire, se campe une société civile caractérisée en partie par une stratégie d'opposition du ôte toi de là que je m'y mette, et une fois que les objectifs alimentaires sont satisfaits par le pouvoir en place ils ou elles tournent casaque, comme si leurs engagements d'alors n'étaient rien d'autres que des stratégies de destins alimentaires. D'autres financés par des acteurs étrangers faisant des trouble-fêtes au gré des intérêts de leurs mentors à cout terme, s'arcboutent sur des positions de dénonciations pas tout à fait neutres compte tenu de leurs raisons d’être. Enfin ceux des représentants d'organisations internationales dites des droits de l'homme, qui se disent acteurs de la société civile sénégalaise et dont les paroles n'ont de faire valoir que par leurs appartenances à ces organisations internationales et des protections qui y sont liées.

Je suis à l'aise en disant cela ; car, j'ai eu à exprimer mes divergences avec le président de la République et à critiquer ses décisions et ses choix, notamment sur l'ossature de l'actuel gouvernement tout en respectant ses prérogatives, sa personne et sa fonction et sans que mes intérêts du moment ne soient un obstacle à ma liberté de parole, ni à celle de la parole souveraine de mon parti qui est membre de sa majorité présidentielle.

Je ne serai pas d'accord pas avec la nomination d'Aliou Sall si celui-ci ne portait pas les compétences académiques requises pour cette mission et je ne vois pas en quoi son statut de frère peut-il être la seule raison de son exclusion dans l'animation de la chose publique.
Pour des raisons d'éthique politique, j'aurai souhaité que Macky Sall ressemble à Mamadou Dia dans la nomination des hommes et des femmes du pays pour assurer les charges des missions de services publics ou de l'action gouvernementale et qu'il fasse comme lui dans ses choix des hommes et des femmes de son camp dans l'exercice de ces missions de l'Etat .
Je suis leader d'un parti politique, membre de la coalition Bennoo bokk yaakaar. L'immensité de cette coalition et son caractère rébarbatif d'une coalition des coalitions, empêche une réelle démocratie participative des acteurs et ne promeut pas une réelle implication et une réelle articulation entre les différents segments de base de la dite coalition. Cette coalition se défausse de ses prérogatives et se mettant pieds et points liés dans les caudines du président en lui laissant seul la primauté des choix, prompte à lui demander d'assumer seul quand ça ne va pas, mais sujette à hurler quand il prend pleinement ses responsabilités en privilégiant son parti dans les nominations et en réservant aux autres membres de la coalition des miettes. Ce qui prive le président de la République d'une réelle organisation de défense de sa politique et de son bilan, alors que fréquemment que des objectifs alimentaires ne sont pas pris en compte et satisfaits, la bronca des casseroles commence et se manifeste bruyamment.
Du côté de la majorité présidentielle, Macky Sall n'a pas la chance d'avoir un parti de militants citoyens. Il n'a exclusivement que des alimentaires patentés et ça ne rend aucunement service à un leader voire à un chef de Parti. A titre d'exemple l'on a constaté qu'après les législatives en France, la course de vitesse des membres de la DSE APR de France et celle d'autres européennes qui, à qui arriverait le premier pour sa part de gâteau comme si la victoire de la bataille des législatives appartenait exclusivement à L’APR, et oubliant que sans la coalition et quels que soient les défauts de celle-ci, la victoire ne serait pas possible. Comme ceux qui sont restés au pays, chacun tendait la main, pratiquait un lobbying pour réclamer son dû comme si la bataille politique et le combat citoyen ne se résumaient exclusivement qu'à cela.
Ces comportements pitoyables et lamentables des acteurs politiques de notre pays et qui se sont essentiellement engagés dans l'animation de l'espace public et citoyen sans projet politique et projet de société quelconque, mais essentiellement pour manger, ne participent pas à l'animation d'un Sénégal émergent et ne rendent pas service à notre nation et à notre peuple.
Ce Sénégal dont beaucoup de pays à travers le monde envient la démocratie institutionnelle et veulent la copier, mais dont l'espace public est phagocyté par une clique politique corporatiste à caractère politico -intelectuello - médiatico - religieuse dont le seul dessein est de s'enrichir sur le dos du peuple tout en achetant la misère de celui -ci pour le détourner de ses revendications essentielles.
En tous les cas ils ne m'offrent pas le Sénégal de mes rêves, ni le projet de société que je veux pour notre nation plurielle et solidaire.

Mamadou Dème
Sociologue des migrations et du développement local
Président de Kisal Sénégaal

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