APR FRANCE : UNE FORTE REBELLION EN GESTATION

On pensait que les tournées de remobilisation effectuées récemment par Mamadou Talla avaient définitivement chassé les démons de la division du périmètre du parti marron-beige. Mais que non. Ancien trésorier de la DSE APR France, Souaibou Koïta poursuit la mobilisation ses partisans, sans tambour ni trompette, certainement avant d’engager un bras de fer avec la nouvelle équipe dirigeante du parti présidentiel en France. Il n’est pas le seul dans cette rébellion en gestation. Il peut compter sur Salif Tavette, lui aussi « très déçu » par la façon dont est piloté le parti de Macky Sall en France.
Mercredi dernier, Souaibou Koïta avait fortement et fermement critiqué la gestion du parti, devant des militants de l’APR, au foyer de Muriers, dans le 20ème arrondissement, à Paris. L’APR « est un parti qui est pris en otage par un clan. Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, un consul général (Amadou Diallo, Ndlr) se mêle des affaires internes du parti. Il faut que notre parti sorte des murs du consulat et de l’ambassade », a-t-il notamment martelé. En clair, pour M. Koïta, le consul général du Sénégal à Paris et l’ambassade du Sénégal en France, au lieu de s’investir dans leurs missions classiques, préfèrent mobiliser toutes leurs énergies en faveur du parti, contribuant ainsi à la division de la famille politique de Macky Sall en clans. Une situation aux conséquences incalculables à moins d’un an de la présidentielle.
Très offensif, Souaibou Koïta indexe aussi l’ingratitude de certains responsables du l’APR qui, dit-il, ont tourné le dos aux résidents des foyers depuis qu’ils ont eu leur part du gâteau présidentiel. Préférant garder jalousement leur dignité, les militants de ces foyers ont coupé les ponts avec eux. C’est à cause de cette situation que la coalition BBY a perdu les élections législatives en France, en juillet dernier, a-t-il soutenu.
Le dire, ce n’est pas prendre position en faveur de M. Koïta. Les militants de l’APR, originaires du Boundou, plus globalement de la région naturelle du Sénégal oriental, n’ont pas été gâtés par le pouvoir alors qu’ils constituent un énorme bataillon. Pour corriger cette flagrante injustice, le président Macky Sall avait récemment demandé au consul général du Sénégal à Paris, Aamdou Diallo, de caser quelques militants du Boundou. Mais pour l’instant, la demande présidentielle n’a pas été exécutée, selon nos informations. Il y a quelques jours, devant Mamadou Talla et tous les barons du parti, Salif Tevette avait fortement exprimé son indignation par rapport à leur manque de compassion. Ses parents et son fils de trente ans sont décédés successivement, personne n’a partagé sa douleur, a-t-il dénoncé. Bref, les militants originaires du Sénégal oriental, mais aussi de la Casamance disent souvent qu’ils sont considérés comme la cinquième roue du parti. Inutilement dans ce contexte, de formuler l’hypothèse que si Souaibou Koïta continue sur sa lancée, il ne devrait avoir aucune difficulté pour décrocher le soutien des militants APR du Boudou, mais aussi des nombreux frustrés qui ruminent leur colère. Ce qui lui donnera les moyens d’installer la dualité à la tête du parti présidentiel en France.
CSS