CAN: Broos, la première histoire belge d'Afrique

06 - Février - 2017

C'est l'histoire d'un Belge, il arrive au Cameroun et un an après il gagne la Coupe d'Afrique des Nations: Hugo Broos est devenu dimanche le premier sélectionneur belge à coucher son nom dans le livre d'or de la biennale du football africain.

Avec la victoire des Lions indomptables en finale contre l'Egypte (2-1), c'est aussi l'histoire d'un homme de 64 ans, ancien défenseur d'Anderlecht et des Diables rouges, qui prend humblement sa revanche contre celles et ceux qui l'avaient oublié, à peu près tout le monde.

"Cela m’étonne un peu de voir qu’aujourd’hui, tout le monde loue mes qualités en Belgique", a d'ailleurs déclaré au journal flamand Nieuwsbald l'ancien joueur blanchi sous le harnais, mais svelte comme un jeune homme, les yeux clairs et rusés qui semblent éclairer un éternel petit sourire ironique.

"Mes qualités étaient encore remises en doute il y a peu. Cela fait d’ailleurs des années que je n’ai pas reçu ma chance. Personne ne me contacte. On m’a déjà dit que j’étais trop vieux, ou trop cher, alors que durant ces six dernières années, personne ne m’a demandé ce que je voulais comme salaire", a ajouté celui qui vient de rejoindre le cercle des Européens sans grade que l'Afrique tire soudain de l'anonymat.

Arrivé en février 2016 à la tête d'une sélection qui n'avait pas gagné de match en phase finale de la CAN depuis 2010, le natif de Humbeek a immédiatement été plongé dans les joies du marigot camerounais: presse intraitable, éternelles bisbilles joueurs/fédération sur le montant des primes, sans oublier les rodomontades de Roger Milla sur le thème du +c'était mieux de mon temps+.

- Flegmatique -

"Ce n'est pas agréable, certainement pas", assure Broos, critiqué jusqu'au début de la CAN. "Je n'ai pas compris pourquoi au début on ne m'a pas donné ma chance. Un journaliste doit être critique mais il faut rester correct. Et la correction n'était pas toujours là".

Flegmatique, Broos a résisté aux assauts venus de toutes parts en restant fidèle à lui-même: "Je fais à ma manière. Si cela ne réussit pas, tant pis pour moi. Mais je pense qu'aujourd'hui, cela a réussi".

Au chômage depuis plusieurs années, le Belge a su constituer un groupe avec des joueurs pour la plupart inconnus, pour parer aux défections de sept cadres, qui doivent se mordre les doigts de n'être pas venus au Gabon.

Alain Giresse, Hervé Renard, voire un nouveau retour de Claude Le Roy: on voyait plutôt très classiquement un Français, de préférence avec une expérience en Afrique, pour remplacer l'Allemand Volker Finke début 2016 à la tête du Cameroun.

- 'Habitué' à la pression -

Difficultés financières de la Fédération, dans un pays qui connaît comme le reste de l'Afrique centrale un ralentissement de son économie ? Toujours est-il que le choix des dirigeants s'est porté sur un entraîneur belge (FC Bruges, Excelsior Mouscron, Anderlecht, Genk...), qui avait découvert sur le tard les joies de l'expatriation, avec de brèves expériences de clubs en Turquie, aux Emirats arabes unis, ainsi qu’en Algérie à la JSK où il ne reste que quelques mois.

Dès son arrivée à Yaoundé, le Belge a dû convaincre les sceptiques: "Je n’ai pas peur, je suis vraiment habitué à travailler sous pression".

"Evidemment, la pression est peut-être un peu plus forte ici, dans ce grand pays. Mais vous êtes habitué à cette pression lorsque vous avez entraîné des clubs en Belgique comme Anderlecht ou le FC Bruges", a-t-il insisté, sans convaincre grand monde à l'époque.

Avec deux matches nuls initiaux contre l'Afrique du Sud, Broos met en place sa méthode: faire tourner les joueurs, miser sur le collectif plutôt que sur des fortes individualités, donner leur chance à des nouveaux venus comme Christian Basogog (Aalborg/Danemark), désigné meilleur joueur du tournoi alors qu'il n'a été sélectionné pour la première fois qu'en novembre dernier.

Sur les coups de 22h00 ce dimanche à Libreville, le sexagénaire a couru comme un gamin pour venir partager la joie de ses joueurs sur le stade de l'Amitié. La revanche des Lions, qui commençaient à subir le désamour de tout un pays, est aussi celle qu'il prend sur son propre parcours.

afp

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

03 - Avril - 2025

Classement FIFA : Le Sénégal perd deux places mais reste deuxième en Afrique

L’équipe nationale du Sénégal recule de deux rangs dans le classement FIFA publié ce jeudi 3 avril, passant de la 17e à la 19e place mondiale....

28 - Mars - 2025

Les matchs navétânes désormais ne vont plus déborder le cadre de l'hivernage

Khady Diène Gaye, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture invitée ce jeudi de l’émission « Salon d’Honneur » a dévoilé deux...

26 - Mars - 2025

Après la victoire du Sénégal contre le Togo, voici le classement du groupe B

Découvrez ci-dessous le classement actualisé du groupe B après les victoires du Sénégal et de la RD Congo respectivement devant le Togo (2-0) la Mauritanie...

26 - Mars - 2025

SADIO MANE : ”JE SUIS LE JOUEUR SENEGALAIS LE PLUS CRITIQUE. IL Y A MIEUX A FAIRE”

L’attaquant des Lions, Sadio Mané, a affirmé mardi soir, après la victoire du Sénégal sur le Togo (2-0) qu’il est ”le joueur de la...

26 - Mars - 2025

PAPE THIAW : ”NOUS POUVONS FAIRE MIEUX”

L’entraîneur de l’équipe nationale, Pape Thiaw, a assuré que les Lions pouvaient faire mieux malgré la victoire (2-0) face aux Éperviers du Togo mardi...