Débat sur l'immigration en France : de la droite à la gauche, une idée déjà hautement inflammable

08 - Février - 2025

Il n'y a qu'à voir la réaction de ce ministre, proche d'Emmanuel Macron, deux heures après l'intervention de François Bayrou sur RMC, s'interrogeant sur ce qu'est être français : quels droits, quels devoirs, quelles valeurs communes cela suppose. Ce que propose le Premier ministre est, ni plus ni moins, un débat collectif sur la citoyenneté et l'identité nationale, mais notre interlocuteur rectifie immédiatement comme si c'était un gros mot, refuse la référence aux années Sarkozy, la création d'un ministère dédié, ultra-polémique. Il est de ceux qui récusent, par exemple, le lien entre immigration et délinquance et se dit prêt à la confrontation avec le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Matignon ne sait pas dire, pour l'instant, quand, comment et où se déroulera le débat mais il ne faut pas s'attendre à entendre le gouvernement parler d'une même voix.

"La question se pose partout", estime Gérald Darmanin
Réviser la Constitution et revenir sur le droit du sol partout sur le territoire, Elisabeth Borne, désormais ministre de l'Education, est contre. D'ailleurs en réalité, François Bayrou aussi. Il trouve ce débat "trop étroit" parce qu'il n'a pas changé d'avis, assure son entourage. C'est précisément parce que, pour lui, c'est une façon réductrice d'aborder la question de l'immigration, qu'il faut élargir la focale.

Mais cela n'empêche pas son ministre de la Justice d'enfoncer le clou. Première déclaration de Gérald Darmanin dans la foulée du vote sur le cas de Mayotte, deuxième salve face caméra vendredi 7 février, et dans Le Parisien : "Être français, ce n’est pas une question de religion ou de couleur de peau. Mais être français, ça ne peut pas être non plus le hasard de la naissance. Être français, c’est une volonté."

Le ministre de la Justice, en binôme avec le ministre de l'Intérieur, pousse donc dans le même sens que Bruno Retailleau, la droite et l'extrême droite, contre le chef du gouvernement. À ce stade, en tout cas, Matignon fait le choix de ne pas en prendre ombrage.

"Pas un tabou", pour le PS
À gauche, c'est une nouvelle occasion de se déchirer parce que les socialistes sont prêts à participer à la discussion. "Le débat sur l'identité nationale n'est pas un tabou", juge Olivier Faure. Selon le premier secrétaire du PS, "tout dépend ce qu'on en attend", mais pas question de l'abandonner à ceux qui "portent une vision rance".

Colère des insoumis qui voient, de nouveau, dans le simple fait de participer à ce genre de discussion, une nouvelle trahison. Le PS a annoncé une motion de censure spontanée, pour sanctionner les propos de François Bayrou sur le "sentiment" de submersion migratoire, mais ne donne plus de date sur le moment où il va la déposer. Matignon présente cette proposition de débat comme une manière, justement, de sortir du "sentiment" pour revenir aux faits. D'ici cette motion de censure, le moindre dérapage peut coûter cher et "on a payé pour savoir que les choses se passent rarement comme prévu", s'inquiète un ministre.

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