JUBB, JUBBAL, JUBBANTI : PROMESSE D’AUDACE OU POUDRE AUX YEUX ? (PAR IBRAHIMA THIAM)

10 - Janvier - 2025

Faire « jubb, jubbal, jubbanti », c’est l’idée d’un grand ménage, une ambition de tout chambouler pour faire mieux. Ça en jette, non ? Mais au-delà du charme des mots bien choisis, la question se pose : est-ce vraiment une promesse d’audace, ou simplement de la poudre aux yeux pour occuper la galerie ? Car pour que ces belles paroles ne soient pas qu’un feu de paille, il faut des actes concrets, de la rigueur et une transparence exemplaire. Sinon, on risque de rester dans le domaine des illusions.

Prenons l’exemple des fameuses indemnités déjà versées à certaines victimes, mises en lumière par l’activiste des réseaux sociaux, Mollah Morgun. Une révélation qui a fait l’effet d’un éclair dans un ciel nuageux. Mais à bien y regarder, les détails manquent : qui a été indemnisé, pourquoi, et à quel montant ? C’est un mystère digne d’une série à suspense. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’argent public, ce genre de flou n’a pas sa place. Chaque citoyen a le droit de savoir comment ses contributions sont utilisées. Pas par curiosité malsaine, mais parce que la confiance repose sur la transparence. Sans ces informations, comment éviter les soupçons ? Comment distinguer une vraie réparation d’une distribution arbitraire ?

Mais ne nous arrêtons pas là. Parlons du cœur du problème : la loi des finances. Ce texte est censé être la boussole de toute gestion publique. Chaque indemnité, chaque dépense exceptionnelle, devrait y figurer noir sur blanc. Pourquoi ? Parce que c’est le seul moyen d’assurer une traçabilité totale. Une indemnisation budgétisée, c’est une indemnisation légale, encadrée, justifiable. C’est aussi un moyen d’éviter toute confusion : si tout est inscrit dans les comptes, il n’y a ni surprise, ni doute, ni murmure dans les couloirs. Par contre, quand on contourne ces règles, on donne l’impression que les choses se décident dans l’ombre, au gré des intérêts. Et ça, ce n’est pas très « jubb » dans l’esprit.

Enfin, on nous promet que « jubb, jubbal, jubbanti » marque une rupture avec les pratiques du passé. Mais soyons honnêtes : on a déjà entendu cette chanson. Ce qui compte, ce ne sont pas les paroles, mais les actes. Cette fameuse rupture, si elle est sincère, doit se traduire par une gouvernance responsable, où chaque décision est motivée, chaque dépense justifiée, et chaque engagement tenu. Pas de place pour les effets d’annonce ou les initiatives bâclées. Si on veut que ces mots aient un sens, il faut que chaque étape soit cohérente et crédible.

Alors, « jubb, jubbal, jubbanti » : promesse d’audace ou poudre aux yeux ? Tout dépendra des actes. Si les dirigeants s’en tiennent aux principes de transparence et de responsabilité, cela pourrait vraiment incarner un changement. Mais si tout reste vague, opaque et improvisé, ce ne sera qu’un slogan de plus, oublié aussi vite qu’il a été prononcé. En attendant, les citoyens, eux, ne manqueront pas de surveiller. Et si besoin, ils se chargeront de souffler sur cette poudre aux yeux.

Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir

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