LA CRITIQUE DESORMAIS SOUS SURVEILLANCE POLICIERE ! (PAR IBRAHIMA THIAM)

14 - Juin - 2025

Je n’écris pas pour défendre des propos, mais pour défendre un principe. Car ce qui est en cause dépasse largement le cas de Moustapha Diakhaté. Ce qui est en jeu, c’est un droit fondamental : celui, pour chaque citoyen, de s’exprimer librement — y compris de manière excessive — sans être traité en délinquant.

Nous vivons une nouvelle gouvernance où la parole critique, loin d’être accueillie comme moteur du débat démocratique, devient un motif de convocation policière. Moustapha Diakhaté a exprimé une opinion. On peut la contester, la discuter, s’en offusquer même. Mais le régime, lui, a choisi d’y répondre non par des arguments, mais par l’activation des leviers sécuritaires. Comme si, désormais, toute contradiction devait passer par un bureau de la DIC.
C’est une dérive inacceptable.

Je refuse qu’on installe dans ce pays un climat de peur intellectuelle où le désaccord devient suspect, et la pensée divergente, dangereuse. Je refuse que la critique soit étouffée sous le poids des convocations. Je refuse cette lente glissade vers une démocratie sous surveillance.

Le Sénégal s’est bâti dans le tumulte des idées, dans la parole libre, dans le choc des convictions. Nous avons été, nous devons rester, une société de débats — et non de silences forcés. L’opposition, les journalistes, les chroniqueurs, les intellectuels, les citoyens engagés doivent pouvoir parler sans redouter de représailles. C’est cela, la démocratie. Et c’est cela qu’il nous faut défendre, avec détermination.

On peut contester les excès de langage. Mais on combat les idées avec des idées, pas avec des procédures. Pas avec la peur. Pas avec l’intimidation institutionnalisée.

Il faut dire stop. Car à ce rythme, ce ne sera plus seulement la critique qu’on convoquera, mais la pensée tout entière. Et ce jour-là, ce ne sera plus une démocratie.

J’affirme ici, avec gravité et clarté : le Sénégal ne doit pas devenir une République où l’on règle les désaccords à coups de convocations. Il doit rester un pays où la parole est un droit, non un risque.

Nous dénonçons fermement cette judiciarisation rampante du débat public sous le nouveau regime. Mais nous restons debout. Car au-delà des alternances et des dérives, le Sénégal continuera d’être un espace de liberté. Et nous veillerons inlassablement à ce que la liberté d’expression ne soit jamais bâillonnée.

C’est une ligne rouge. Et nous ne la laisserons pas être franchie.

Ibrahima Thiam
Président du parti ACT

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

28 - Mai - 2025

Bassirou Diomaye Faye : « Un dialogue d’anticipation, non de réaction »

Le dialogue national sur le système politique sénégalais, dont les travaux débutent ce mercredi au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio...

27 - Mai - 2025

Fin de suspense : Le Pds annonce sa participation au dialogue national

Le Parti démocratique sénégalais (PDS), formation politique dirigée par l’ancien président Abdoulaye Wade, a officiellement annoncé sa participation...

27 - Mai - 2025

Les temps forts de la visite officielle du président Diomaye Faye en Guinée-Bissau

En visite d’État en République de Guinée-Bissau, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été reçu ce lundi avec les...

27 - Mai - 2025

Mansour Faye emprisonné : l’APR dénonce une “énième forfaiture” et sonne la mobilisation

Dans un communiqué en date du 26 mai 2025, le Secrétariat Exécutif National de l’Alliance Pour la République (APR) s’est vivement insurgé contre le...

26 - Mai - 2025

Rencontre inattendue entre Ousmane Sonko et Amadou Ba : « Ça, c’est mon ex-frère », lance le Premier ministre dans un éclat de rires

Dans un moment aussi rare que chargé de symbolisme, le Premier ministre Ousmane Sonko et son ancien adversaire à la présidentielle, Amadou Ba, se sont croisés ce...