LA LEGENDE DU FOOTBALL PELE EST MORT

29 - Décembre - 2022

Le football a perdu son roi. Pelé était le soleil du Brésil. Sa chaleur, sa lumière, sa force, sa joie, sa créativité. Sa légende transcende les époques. Le propre d'un artiste. Dans le musée des souvenirs, accrochés en noir et blanc ou défilant en couleurs, cohabitent le millième but inscrit en 1969 dans un stade Maracana incandescent (le match a été interrompu vingt minutes pour lui offrir un tour d'honneur après un penalty victorieux), les courses ravageuses d'un sprinter doublé d'un danseur, mariant puissance, vitesse et élégance. Les feintes et les inspirations géniales de la Coupe du monde 1970, le chef-d’œuvre de sa riche carrière. Pelé le recordman : celui des sacres en Coupe du monde (1958, 1962, 1970), du nombre (officieux) des buts marqués (1285 en 1376 matches, en comptant les matches amicaux). Si certains buts ont été reconstitués en 3D grâce à des témoignages pour tenter de remplacer l'absence d'images, les histoires ont toujours comblé les vides pour repousser la poussière du temps. Embellissant parfois la réalité, elles ont contribué à donner de la force au rêve porté par celui qui s'est éteint.

Pelé a allié la précocité, les succès, la musicalité, la longévité et la modernité

Sa santé s'était dégradée ces dernières années. Fin 2014, Pelé avait été victime d'une grave infection urinaire. Diminué, il n'avait pu assister à la cérémonie d'ouverture des JO de Rio de Janeiro en 2016. Souffrant de problèmes aux hanches, il avait ensuite été contraint de déplacer à l'aide d'un déambulateur. Le 6 septembre 2021, le Brésilien a été opéré d'une tumeur au côlon. Depuis, lors de chaque hospitalisation de sa légende (comme le 30 novembre), le Brésil retenait son souffle, se donnait la main pour témoigner son amour, offrir un souffle, redoutant l'heure où un frisson glacial viendrait le transpercer….

Pelé, une vie en ballon. Il est devenu le « roi » un jour de 1958 sous la plume de Nelson Rodrigues. Ebloui par la prestation d'un joueur de 17 ans malingre multipliant les buts et les gestes soyeux, le journaliste et dramaturge brésilien écrivait : « Sur sa poitrine semblent s'accrocher des manteaux invisibles. Placez-le n'importe où et sa majesté dynastique éclipsera toute la cour qui l'entoure. Ce que nous appelons la royauté est avant tout un état d'esprit. Et Pelé a un avantage considérable sur les autres joueurs, le sentiment d'être roi, de la tête aux pieds. Lorsqu'il attrape le ballon et dribble un adversaire, il est comme un câlin. Il a un tel sentiment de supériorité qu'il ne fait pas de cérémonies. C'est un génie incontestable ! Pelé pourrait se tourner vers Michel-Ange, Homère ou Dante et les saluer avec une effusion intime : '' Comment vas-tu, collègue ? ''»

La couronne, bien portée, ne tombera jamais. Une fois sa carrière rangée, il y eut un « Pelé blanc » (Zico), un « Pélé russe » (Eduard Streltsov), un « Pelé du rugby » (Serge Blanco), une collection de « nouveaux » Pelé, quand d'autres ont pris son nom en hommage, comme Abedi Ayew, l'ancien joueur de Marseille. Preuve de la place unique occupée par la référence, ce « trésor national » qui ne pouvait pas être « exporté », comme l'avait publié dans un décret le président Janio Quadros en 1961 afin de fermer la porte aux assauts répétés du Real Madrid ou de l'AC Milan.

Pelé, le Brésilien le plus connu de tous les temps
D'origine modeste, comme Garrincha, l'enfant boiteux devenu virtuose du dribble (surnommé « la joie du peuple »), Edson Arantes do Nascimento dit « Pelé » surnom qu'il n'aimait pas (« Je trouvais que Pelé sonnait horriblement mal »), attribué durant l'enfance, se trouve vite aimanté par le football. Après avoir longtemps joué avec une chaussette bourrée de papier, il suit les traces de son père, avant-centre à la carrière fauchée par des blessures, puis figure effondrée par la défaite de la Selaçao lors du dernier match de la Coupe du monde 1950 contre l'Uruguay. Ces larmes Pelé promet de les sécher, pour embrasser un destin hors normes, transformer le drame national en festival. Et devenir selon le M.I.T. MediaLab, laboratoire de recherches américain, le Brésilien le plus connu de tous les temps.

Pelé demeure l'emblème de la plus belle des Coupes du monde, celle disputée au Mexique en 1970, la première retransmise en couleurs
Pelé a allié la précocité (champion du monde à 17 ans), les succès, la musicalité, la longévité (retraite prise à 37 ans après n'avoir connu que deux clubs, Santos et le Cosmos New York) et la modernité offrant au jeu de basculer dans une dimension physique et technique inédites. Spectaculaire, étourdissant, insaisissable, il demeure l'emblème de la plus belle des Coupes du monde, celle disputée au Mexique en 1970, la première retransmise en couleurs, celle du premier album Panini, de l'expression totale du jeu et d'une somptueuse équipe du Brésil rayonnante dans son maillot or. Un plaisir contagieux illustré par la photo iconique du chef d'orchestre, poing levé dans les bras de Jairzinho après son but inscrit de la tête en finale. Un cliché aussi connu que celui de Mohamed Ali ayant terrassé Sonny Liston avec le célèbre « coup de poing fantôme » en 1965.

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