Le Cdeps dénonce une "stratégie d’asphyxie" de l'actuel régime contre la presse privée

18 - Juin - 2025

La décision rendue par la Cour suprême n’a pas seulement suspendu un arrêté ministériel contesté ; elle a aussi ravivé les tensions entre l’État et les organes de presse. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) hausse le ton et parle désormais de "dérive autoritaire", pointant une volonté manifeste du pouvoir de museler les médias indépendants.

Dans un communiqué au vitriol, Mamadou Ibra Kane et ses collègues qualifient l’arrêt de la Cour suprême du 12 juin – qui ordonne la suspension de l’arrêté n°0011059/MCTN interdisant la diffusion des supports de Public SN TV, Le Public et public.sn – de "revers cuisant" pour le ministre de la Communication.

Mais au-delà de la satisfaction judiciaire, le Cdeps dénonce une "campagne de harcèlement systémique" contre la presse privée depuis l’arrivée du nouveau pouvoir. Le conseil dresse un inventaire accablant : annulation des effacements fiscaux, non-paiement des dettes de l’État, résiliations abusives de contrats publicitaires, gel des subventions, hausse des coûts de diffusion sur la TNT ayant entraîné l’interruption du signal de plusieurs chaînes… Une stratégie, dit-il, destinée à étouffer économiquement la presse libre.

"Depuis 15 mois, c’est l’asphyxie organisée", déplore l’organisation, qui s’inquiète d’une remise en cause de l’existence juridique même de plusieurs médias, via des arrêtés jugés illégaux et des listes de "médias reconnus" publiées sans base légale.

La situation est telle que le Cdeps alerte sur une crise économique et sociale sans précédent dans le secteur. Faillites, licenciements massifs, arriérés de salaires, perte de couverture sociale… plusieurs médias seraient au bord de la liquidation judiciaire. "Des grèves sont imminentes", prévient l’organisation.

Tout en saluant les appels à l’apaisement du président Bassirou Diomaye Faye en août 2024 et mai 2025, le Cdeps estime qu’ils sont restés lettres mortes. Il appelle l’ensemble des forces vives – citoyens, syndicats, société civile, partis politiques, Église, confréries – à défendre la liberté de la presse, condition vitale pour toute démocratie.

"L’histoire nous enseigne que les pays ayant laissé mourir leur presse libre en paient le prix fort : instabilité permanente, fragilité institutionnelle et crise démocratique", conclut le communiqué.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

13 - Octobre - 2025

Mauvaise nouvelle pour Madiambal : Interpol valide la demande de son arrestation

Interpol a validé la demande d’arrestation de Madiambal Diagne introduite par la justice sénégalaise. Libération, qui donne l’information dans son...

13 - Octobre - 2025

Affaire Madiambal Diagne : trois responsables d’Ellipse Projects visés par les enquêteurs

Dans Jeune Afrique, la directrice de la communication de l’Ellipse Projects, Victoria Jaunasse, a déclaré qu’«aucune notification officielle ne [leur] a...

13 - Octobre - 2025

Aliou Sall et sa femme seront fixés sur leur sort ce lundi

Jour de vérité pour Aliou Sall et son épouse, Aïssata Sall. Placés en garde à vue la semaine dernière, dans le cadre d’une enquête de la...

13 - Octobre - 2025

Cessez-le-feu à Gaza: les 20 derniers otages vivants ont été libérés par le Hamas

Alors que les derniers otages israéliens encore détenus par le Hamas ont été libérés ce lundi matin, Donald Trump est arrivé en Israël,...

10 - Octobre - 2025

Aliou Sall et son épouse placés en garde à vue à la DIC pour blanchiment d'argent

L’ancien maire de Guédiawaye, Aliou Sall, et son épouse ont été placés en garde à vue à la Division des Investigations Criminelles (DIC) pour...