Le professeur Abdel Kader Boye qualifie la gouvernance de Macky Sall de crépuscule des traditions démocratiques, des libertés politiques et civiles et de l’Etat de droit au Sénégal

31 - Août - 2023

Ce qui passe actuellement au Sénégal, sous la gouvernance de Macky Sall est tout à fait inédit, si l’on se rapporte à l’histoire politique du Sénégal depuis l’indépendance. Encore plus inédit, si l’on se rapporte à l’histoire politique ante indépendance de notre pays avec l’épanouissement d’une vraie démocratie communale dans les villes comme Saint-Louis, Dakar, Gorée et Rufisque. Au cours de ces périodes, le Sénégal a su forger un socle de traditions de démocratie politique et syndicale, créer un cadre d’épanouissement de libertés politiques et civiques, de savoir-vivre en communauté sans rien gommer de nos divergences, de nos conflits, de nos traditions culturelles.

Depuis qu’il a accédé au pouvoir, le Président Macky Sall, en rupture avec ses prédécesseurs, a mis en œuvre une politique qui s’inspire de l’autoritarisme, voire plus, qui a pour finalité, comme il a eu à le dire lui-même, « de réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Celle-ci a pour corollaire de réduire le périmètre de l’état de droit en remettant systématiquement en cause un ensemble de droits et libertés garantis aussi bien par des instruments juridiques internationaux signés et ratifiés par le Sénégal comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (signé le 6 juillet 1976 et ratifié le 13 février 1978), que par nos différentes constitutions, dont la dernière en date de 2001.

Le Pacte reconnait et garantit à tous les citoyens des Etats-Parties :

le droit à la liberté et à la sécurité,

le droit à la protection de la vie privée,

le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté d’expression,

la liberté de réunion pacifique,

le droit d’association,

le droit de voter et d’être élu au suffrage universel et égal,

l’égalité devant les tribunaux et cours de justice

l’égalité devant la Loi, la présomption d’innocence

Les dispositions du Pacte sont de droit positif dans l’ordre juridique sénégalais et elles font l’objet de procédure de sanction internationale en cas de violation.

La constitution sénégalaise de 2001, bien que trop mal écrite, contient des proclamations comme : le respect des libertés fondamentales et des droits du citoyen comme base de la société sénégalaise, le respect et la consolidation d’un Etat de droit dans lequel, l’Etat et les citoyens, sont soumis aux mêmes normes juridiques sous le contrôle d’une justice indépendante et impartiale, la volonté du Sénégal d’être un Etat moderne qui fonctionne selon le jeu loyal et équitable entre une majorité qui gouverne et une opposition démocratique, et un Etat qui reconnait cette opposition démocratique, et un Etat qui reconnait cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique (préambule de la Constitution) ; contient des affirmations selon lesquelles : les partis politiques et les coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage, dans les conditions fixées par la Constitution et par la Loi (article 4).

Les partis politiques sont également tenus de respecter les règles de bonne gouvernance associative sous peine de sanctions susceptibles de conduire à la suspension et à la dissolution (article 4, alinéa 4).

Le peuple sénégalais reconnaît l’existence des droits de l’homme inviolables et inaliénables comme base de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde (article 7) ; reconnaît le droit à l’information plurielle (article

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

16 - Décembre - 2024

Après la presse, le nouveau régime viserait l'assainissement des partis politiques

Se dirige-t-on vers la fin de la prolifération des partis politiques ? Oui, si l’on en croit L’Observateur, repris par Seneweb, rapporte dans son édition de ce lundi que...

16 - Décembre - 2024

La Cédéao acte la sortie du Niger, du Burkina et du Mali de l’organisation avec un délai de rétractation de 6 mois

La 66e Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, qui s’est tenue hier, dimanche 15 décembre 2024, à Abuja, au...

16 - Décembre - 2024

Diomaye à nouveau mandaté pour négocier la réintégration du Burkina Faso, du Mali et du Niger au sein de la CEDEAO

Lors de la 66ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest...

16 - Décembre - 2024

CESE/ HCCT : La nouvelle Assemblée nationale acte leur suppression

La nouvelle Assemblée nationale a validé, le samedi 14 décembre dernier, la suppression du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le fonctionnement du...

16 - Décembre - 2024

SÉNÉGAL : FIN DE L’ÉRUPTION BARTHÉLÉMIQUE (Par Mohamed GASSAMA)

Alors que l’an deux mille marchait à peine sur ses deux pieds, naquit dans l’espace public un volcan politique qui se comparait à Vulcain, le Dieu du feu dans la...