Mafia des chèques du Trésor : un contrôleur et un chef d’entreprise arrêtés
Une mafia de chèques frauduleux secoue le Trésor public. La Division des investigations criminelles (Dic) a déféré, lundi dernier, deux individus au parquet pour « association de malfaiteurs, escroquerie, faux et usage de faux en écritures publiques, ainsi que blanchiment de capitaux. » Parmi les mis en cause, Omar Ba, agent de recouvrement du Trésor âgé de 40 ans, et Makhtar Sèye, chef d’entreprise de 47 ans. Tous deux sont soupçonnés d’avoir monté une vaste arnaque impliquant des chèques du Trésor, pour un montant initial estimé à 500 millions de francs CFA.
Libération qui donne l’information indique que les faits remontent à décembre 2023. Omar Ba aurait alors approché l’homme d’affaires Mouhamed Ndiaye, lui proposant de faire encaisser un chèque du Trésor de 500 millions contre une commission de 40 %. Le frère de celui-ci, Moussa Ndiaye, s’est mêlé à l’affaire en lui remettant 150 millions de francs CFA, qui sont ensuite transférés à Omar Ba. Ce dernier fait alors émettre un chèque au nom de la société « Le Paketière », appartenant à Moussa Ndiaye, avant de réclamer sa restitution pour « erreur de libellé »… sans jamais honorer sa promesse de le réémettre.
Face au blocage, Moussa Ndiaye fait appel à un ami banquier, qui le met en relation avec Makhtar Sèye, présenté comme proche de certaines sphères du Trésor. Le sieur Seye promet de débloquer la situation et convainc son interlocuteur de lui remettre 140 millions FCFA supplémentaires.
Mais la situation empire. Makhtar Sèye, loin de régler quoi que ce soit, se serait mis à imiter la voix de l’ex-Trésorier général Abdoulaye Fall, afin de crédibiliser ses mensonges sur un supposé processus de régularisation du premier chèque. Lorsqu’il se rend finalement compte de la supercherie, Moussa Ndiaye sollicite directement Abdoulaye Fall, qui nie toute implication et l’exhorte à porter plainte. L’enquête révèle ensuite que, Omar Ba et Makhtar Sèye, convoqués par la gendarmerie de Faidherbe, déposent en urgence 102 millions FCFA au bureau du procureur de la République de l’époque, Abdou Karim Diop. Un montant partiellement récupéré, mais loin de compenser les fonds dilapidés.
Ils proposent alors un terrain estimé à 90 millions FCFA, situé à la Cité Aliou Sow, ainsi que deux véhicules d’une valeur de 47 millions FCFA, en plus de 19 millions en espèces. Refusant la transaction immobilière, Moussa Ndiaye revend le terrain à un tiers, Mamadou Aliou Ba, pour 74 millions FCFA via un acte notarié. Mais Omar Ba, propriétaire du bien, refuse de signer l’acte de cession sur instruction de Makhtar Sèye.
Malgré les multiples démarches engagées, le duo devait payer encore à Moussa Ndiaye 117 millions FCFA, selon sa plainte déposée auprès de la Dic.