Manipulation de l'information au Sénégal entre 2019-2024 : l'ONG AfricTivistes met à nu les manœuvres d'entités étrangères tendant à semer la confusion

06 - Octobre - 2025

Le Sénégal, souvent cité pour sa stabilité démocratique, est au cœur d'une guerre informationnelle orchestrée par des entités étrangères. C'est la conclusion majeure d'un rapport détaillé produit par AfricTivistes, en partenariat avec International IDEA, qui met en lumière les dynamiques de manipulation et d'ingérence étrangère par le biais de l'information (FIMI) durant la période 2019-2024. Le document dévoile les manœuvres secrètes de cabinets tels qu'Archimedes Group, StateCraft, Spallian, et Kirjas Global.

Malgré un score de résilience de 60/100, positionnant le Sénégal en tête de l'Afrique de l'Ouest selon l'indice FIMI de l'Institut européen d'études de sécurité, le pays est paradoxalement une cible. « Sa stabilité démocratique relative, combinée à des vulnérabilités géopolitiques, historiques et technologiques, en fait un objectif d'intérêt pour diverses puissances étrangères », précise AfricTivistes.

L'enquête a révélé une ingérence étrangère multiforme, structurée autour de quatre domaines principaux notamment l'usage stratégique des technologies numériques : Exploitation du microciblage, campagnes de désinformation via les réseaux sociaux (notamment Facebook) et exploitation des données personnelles, particulièrement lors des élections de 2019, la fragilité des médias (les médias traditionnels et numériques sont de plus en plus vulnérables aux influences économiques et politiques étrangères, exacerbant la polarisation de l'espace public), le Soft Power de la diplomatie étrangère : Déploiement d'influence par des acteurs comme la Russie (via Parade/RT/Sputnik), la France, et la Chine (via Xinhua/Startimes), utilisant des relais locaux et des partenariats culturels ou médiatiques discrets, et un cadre légal permissif (des lacunes dans la régulation de la diffusion de l'information étrangère et de la publicité politique facilitent les opérations).

Le rapport met en cause des acteurs spécifiques dans des opérations FIMI dont le cabinet israélien Archimedes Group (campagne de désinformation massive en mai 2019), le cabinet nigérian StateCraft Inc (stratégie d'influence entre 2018-2019), le Français Spallian (Data-mining et Géo-Intelligence en 2019), et l'Américain Kirjas Global (soupçons de lobbying international en 2022).

L'analyse de l'élection présidentielle de février 2019 a permis d'identifier des stratégies numériques avancées comme l’ amplification Artificielle qui est (l’utilisation de bots et de comptes coordonnés) pour propulser artificiellement certains contenus ou mots-clés, créant une « fausse impression d'adhésion populaire » aux messages du candidat Macky Sall. L’ astroturfing ou l’organisation de campagnes simulant des mouvements citoyens populaires réels pour manipuler la perception publique ( photomontages de foules importantes sur Facebook et X). Le Narrative Seeding ou Injection subtile de faux narratifs ciblés dans des conversations organiques, via des influenceurs ou des faux profils. Cette technique exploite des thématiques sensibles (peur, indignation) pour radicaliser les opinions et désorienter les électeurs. Le PsyOps Numériques ou manipulation émotionnelle exploitant des thématiques sensibles (religion, ethnies) pour maximiser l'engagement et influencer les décisions

Le rapport suggère que le réseau social Facebook (Meta) a indirectement contribué à la réélection du Président sortant Macky Sall en 2019, ses « normes communautaires » ayant servi d'outils d'ingérence et de censure. En février 2019, plusieurs activistes et blogueurs influents ont vu leurs comptes suspendus ou leurs contenus censurés.

Toutefois, en mai 2019, Meta a annoncé avoir démantelé un vaste réseau de comportements authentiques coordonnés ciblant plusieurs pays africains. Cette opération a mené à la suppression de 265 entités liées à l'Archimedes Group, une société israélienne spécialisée dans la désinformation à but politique. Les comptes supprimés se faisaient passer pour des médias locaux, ciblaient des pays comme le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie, et avaient dépensé environ 812 000 dollars en publicités.

Cette révélation souligne la nécessité pressante pour le Sénégal de renforcer sa résilience face aux menaces numériques et aux manipulations visant à fausser le débat démocratique.

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