Mort suspecte de François Mancabou en prison en 2022 : L'enquête judiciaire s'emballe
L’enquête sur la mort de François Mancabou, survenue en 2022 lors de sa garde à vue à la Police centrale de Dakar, franchit une étape décisive. À partir de ce vendredi et jusqu’à demain samedi, une dizaine de policiers et de civils seront entendus par le juge du 2e cabinet d’instruction près le Tribunal de grande instance de Dakar, rapporte L’Observateur.
L’instruction judiciaire s’emballe désormais comme une locomotive lancée à pleine vitesse. Toujours selon L’Observateur, une dizaine de personnes — policiers et civils confondus — vont défiler tour à tour devant le juge du 2e cabinet pour livrer leurs versions des faits. Tous ont été convoqués dans le cadre de l’enquête sur les circonstances entourant la mort de François Mancabou. Ce dernier avait été interpellé en juin 2022, au plus fort des manifestations consécutives à l’arrestation d’Ousmane Sonko, devenu depuis Premier ministre. Dans le rapport de police, Mancabou était présenté comme membre présumé des « forces spéciales », un groupe soupçonné d’être à l’origine de la fabrication de cocktails Molotov, d’attaques ciblant les forces de l’ordre et de destructions de biens publics et privés.
Mais sa mort en garde à vue a soulevé un épais nuage de suspicions. La thèse de la torture, brandie par la famille, a rapidement fait irruption dans le débat public. Une accusation que la police a rejetée en bloc, en s’appuyant sur l’enquête de la Division des investigations criminelles (DIC). Selon des sources citées par L’Observateur, une vidéo versée au dossier montre François Mancabou se projetant violemment la tête contre les grilles métalliques du violon. Un rapport d’autopsie du médecin légiste, ainsi qu’une autre vidéo montrant son évacuation vers l’hôpital Principal quelques minutes après l’incident, viennent compléter ce faisceau d’éléments.
D’après les conclusions provisoires, c’est à la suite de ces blessures qu’il aurait succombé. Mais la question demeure : cette version résistera-t-elle à l’examen approfondi du juge d’instruction ? Toujours selon L’Observateur, le 2e cabinet a choisi d’ouvrir le dossier à grande vitesse, convoquant d’abord un premier groupe de policiers de la centrale, puis un second dès samedi. L’objectif : que toutes les personnes présentes le jour du drame livrent leur part de vérité. Des civils, qui se trouvaient par hasard sur les lieux pour des affaires privées, déjà entendus par la DIC, seront également convoqués par le magistrat instructeur.
En somme, l’instruction judiciaire progresse comme une véritable course contre la montre, scrutant chaque piste et chaque témoignage pour lever le voile sur l’énigme de la mort de François Mancabou. Les procès-verbaux de la DIC constituent la base de ce dossier sensible, mais, comme le souligne L’Observateur, c’est bien devant le juge que la vérité devra désormais se construire.