OPINION : UN PRESIDENT NE DEVRAIT JAMAIS DIRE ÇA… ! (PAR ALY BATHILY)

23 - Novembre - 2021

Déprécier la sacralité de la fonction présidentielle n’a jamais autant atteint dans notre pays, le niveau connu actuellement.

Dans la précédente Chronique du Taalata, je soulignais l’inquiétude de nos compatriotes à l’égard du climat anxiogène généré par les échéances locales à venir.

La récente sortie - très provocatrice - du Président de la République, depuis Paris, à laquelle une partie de l’opposition a répondu d’une manière belliqueuse vient corroborer cette inquiétude.
Toute cette passe d’armes par médias interposés n’arrange en rien une situation déjà enveloppée d’une extrême tension. Au contraire, elle ne fait que confirmer cette anxiété exprimée par bon nombre de sénégalais et n’augure point des lendemains meilleurs.

Le rôle d’un Président de la République doit d’abord résider, me semble-t ’il, dans la recherche permanente de la cohésion de la Nation. Chaque mot prononcé doit valoir son pesant d’or, quelle que soit la rivalité avec son opposition, peu importe les enjeux électoraux du moment.

Mais, en se laissant aller à ce discours de folklore politique devant ses militants, sous le barnum de la résidence de l’Ambassade du Sénégal en France, le Président Macky Sall a failli à son devoir de « Père de la Nation ».
« Personne ne peut m’intimider. C’était impossible avant que je ne sois chef d’Etat, a fortiori aujourd’hui que Dieu m’a mis au pouvoir. Il y a des gens qui, si vous les suivez dans leur logique, vous poussent à poser des actes regrettables » dixit Macky Sall.

Dire, en d’autres termes, que je détiens la force publique, ne doit jamais sortir de la bouche d’un Président de la République, dans un pays qui marche normalement.

Cette phrase est au mieux un non-sens, au pire une faute politique.

Évidemment que nul n’a pas besoin d’avoir fait l’ENA pour savoir que l’État détient le monopole de la violence légitime de par les prérogatives que lui confère la loi.

Tout ceci, rejoint l’idée qui veut qu’un chef de parti doit démissionner de la présidence de son parti dès lors qu’il est élu Président de la République. Cela participerait au moins à prendre de la hauteur et garder la sacralité de la fonction de Président de la République ; à fortiori dans un pays où toutes les institutions sont aujourd’hui démonétisées : le Parlement, la Justice, le CESE, le HCCT, le Gouvernement etc…

En tout état de cause, nos compatriotes souhaitent des élections libres, transparentes et apaisées pour la sauvegarde de notre traditionnelle Téranga sénégalaise, vantée hors de nos frontières.

C’est l’occasion de saluer, ici de nouveau, nos régulateurs sociaux (guides cultuels et culturels), pour l’action qu’ils mènent au quotidien, loin de la lumière mais d’une efficacité redoutable, pour maintenir notre paix sociale.

Par ailleurs, ceux qui croyaient que le coup du «O Fañin Fañin fañ fañ fañ ta watiatia» était une maladresse peuvent d’ores et déjà déchanter. Ces sorties de route volontaires sont la marque de fabrique du Président de la République, qui, à défaut de proposer des politiques publiques capables d’endiguer l’extrême pauvreté dans notre pays, amuse la galerie.

Somme toute, j’ose croire que le Président de la République, en prononçant ces mots à Paris a été simplement victime de son propre soliloque.

Les élections locales du 23 janvier 2022 forment, en tout cas, une belle occasion à ne pas manquer pour lui rappeler qu’un Président ne devrait jamais dire ça !

Que Dieu bénisse et protège notre cher Sénégal !

Aly BATHILY
Spécialiste de la communication politique
Membre de la cellule des Cadres - République des Valeurs (Réewum Ngor)

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

12 - Septembre - 2025

RENFORCEMENT DES LIENS BILATÉRAUX : LE PREMIER MINISTRE SONKO REÇU PAR CHEIKH MANSOUR À ABU DHABI

Le Premier ministre Ousmane Sonko a été reçu mercredi à Abu Dhabi par le vice-Président et vice-Premier ministre des Emirats Arabes Unis Cheikh Mansour Bin Zayed...

10 - Septembre - 2025

Mairie de Dakar : passation de service entre Ngoné Mbengue et Abass Fall ce mercredi

Abass Fall, ancien ministre de l’emploi sera officiellement installé dans ses nouvelles fonctions de maire de la ville de Dakar ce mercredi 10 septembre 2025. L'ancien maire par...

10 - Septembre - 2025

Salaires et avantages : Ce que l’Etat "verse" réellement aux ex-ministres

La République ne lâche pas ses ministres au terme de leur fonction. Au contraire, elle les accompagne financièrement durant un semestre, le temps qu'ils se reconnectent...

10 - Septembre - 2025

Passation de service à la mairie de Dakar : L'appel d'Abass Fall pour...

La passation de service entre Ngoné Mbengue, maire intérimaire, et Abass Fall, nouveau maire de la Ville de Dakar, s’est tenue ce mercredi 10 septembre à la mairie de...

10 - Septembre - 2025

SANTE AU SENEGAL: UN DROIT BAFOUE, UNE URGENCE IGNOREE (PAR SOREU MALICK DIOP)

Dans nos hôpitaux, une scène tragiquement banale se répète chaque jour. Un malade arrive, parfois en urgence vitale, parfois simplement en détresse. Mais avant...