PEINE DE MORT: Doudou Wade, ancien député libéral, répond à Cheikh Diallo et donne son point de vue

25 - Novembre - 2016

Votre lettre combien citoyenne, adressée à Monsieur le Président de l’Assemblée nationale et aux honorables députés « pour alimenter la conversation nationale autour d’une question cruciale : la peine de mort, » m’interpelle à plus d’un titre.
Permettez moi quelques observations sur l’intérêt de votre interpellation pour ensuite indiquer une voie de solution à la conversation nationale, la vraie, la plus actuelle (le contexte évènementiel émotionnel et douloureux oblige) : le rétablissement de la peine de mort.
Le titre provocateur de votre lettre : « Dire aux députés que leur silence est violent », ne m’agrée pas.
A l’aube de la 12eme législature, avec l’euphorie des ruptures annoncées, des députés se sont signalés par le dépôt de plusieurs propositions de loi dont deux ont retenu particulièrement mon attention.
* 1/La proposition de l’Honorable Oumar SARR portant à 5 ans la durée du mandat du Président de l’Assemblée nationale ;
* 2/ La proposition de l’honorable député Seydina FALL Boughazelli sur le rétablissement de la peine de mort.
La première proposition a subi le VETO du Président Moustapha NIASSE
La seconde à cause d’un laxisme, est en instance depuis 2013 et son auteur n’a pas manque de la soutenir à travers la conversation nationale pour conclure par une sentence :
« Ceux qui sont contre la réactivation de la peine de mort sont des assassins »,
Alors attendons-nous à la guillotine expéditive dès l’adoption et promulgation de sa proposition.
Cheikh, vous dites d’entrée de jeu que « vous êtes opposés au rétablissement intégral et à l’application implacable de la peine capitale. Mais, vous optez pour une position intermédiaire qui consiste à introduire un principe d’exceptionnalité à cette abolition, ce qui entraînera une peine de mort automatique dans des cas bien précis ».
En définitive, vous n’êtes pas un abolitionniste et vous finirez, au bout du compte, d’être un militant de la peine de mort.
Votre proposition rejoint ici l’avis du grand éditorialiste, votre confrère Mamoudou Ibra Kane :
« Je ne suis pas pour la peine de mort cependant je suis favorable à son application à certains crimes. »
Votre lettre, revêtue de plusieurs habits (politique, juridique et communicationnel) interpelle l’ancien député, Président du groupe de la majorité de la dixième législature.
Pour ma part, le débat législatif pour l’abolition de la peine de mort est clos, le peuple souverain en a décidé par ses représentants.
L’Assemblée nationale en sa séance du vendredi 14 décembre 2004 a adopté et le Président de la République a promulgué la loi 2004-38 du 28 décembre 2004.
A ce que je sache, en 2004, acteur de la vie nationale, vous n’aviez pas jugé nécessaire, de vous adresser à monsieur Papa Diop Président de l’Assemblée nationale ni aux députes de la majorité et aux députés de l’AFP.
Vous rappelez la « position courageuse et l’opposition héroïque » de Moustapha NIASSE à l’abolition de la peine de mort.
Alors Cheikh, je pense que c’est le contexte sanguinolent criminel et macabre qui fouette votre intelligence et votre sens de l’humain pour proposer un retour à la peine de mort.
Et, l’on vous rappelle si bien les dispositions de l’article 7 de la Constitution du 22 janvier 2001 : « la personne humaine est sacrée […] Tout individu a droit à la vie » (peut être même ceux qui ont arraché la vie d’un autre.)
Pour la République laïque « vox populi vox dei » « la voix du peuple (par ses députés) est la voix de Dieu ».
Il s’agit pour vous de défaire la loi d’abolition et pour cela, des conditions parlementaires optimales sont réunies
1 / l’honorable Moustapha NIASSE opposant héroïque de l’abolition est redevenu mandataire du peuple souverain. Il est le PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE
2 / L’honorable Seydina Fall porteur de la proposition serait soutenu par des collègues.
3 / Ces députés ci dessus sont membres de la majorité Benno Bokk yakar
4 / Le député Cheikhou Oumar SY qui s’est bien distingué durant cette législature a révélé que 80% des députes sont favorables à la réactivation de la peine de mort.
5 /Le deuxième vice Président de l’Assemblée par ailleurs Président du parlement de la CEDEAO s’est exprimé pour la réactivation.
Cheikh, la simple proposition de loi appelée est déposée dans le « coffre » du Président de l’Assemblée nationale depuis 2013
S’il est vrai que la loi peut défaire tout ce qu’elle a fait, tout est réuni pour adopter le texte de l’honorable Seydina Fall, et le faire promulguer par Monsieur le Président de la République avant le 10 décembre 2016.
Acceptons une réalité sur cette question d’abrogation de la loi 2004-38 du 28 décembre 2004 : C’EST POSSIBLE ET MAINTENANT.
Il ne s’agit pas à mon humble avis ni de foi ni de conviction mais plutôt de courage et comme dit Guy Carcassone :
« Ce qui manque à l’Assemblée nationale, ce n’est pas des pouvoirs mais des parlementaires pou les exercer «
Doudou WADE
Ancien Député

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

11 - Avril - 2025

Fondation Mo Ibrahim : Une cinquantaine d’intellectuels et d’universitaires s’insurgent contre la nomination de Macky Sall

Macky Sall, fossoyeur de la démocratie sénégalaise et caution morale de la Fondation Mo Ibrahim ? Il arrive que l’histoire trébuche. Mais quand elle...

11 - Avril - 2025

Dialogue politique : Le FDR favorable mais pose des conditions

L’opposition sénégalaise, regroupée au sein du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR), n’entend pas aller sans...

10 - Avril - 2025

La France pourrait reconnaître un Etat palestinien "en juin", annonce Emmanuel Macron

Emmanuel Macron envisage que la France reconnaisse un Etat palestinien en juin, à l'occasion d'une conférence internationale coprésidée par la France et l'Arabie...

10 - Avril - 2025

Le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 9 avril 2025

Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 09 avril 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au...

10 - Avril - 2025

AFP : Moustapha Niasse s'apprête à passer le flambeau, après 25 ans de règne

Un vent de transition souffle sur l’Alliance des Forces de Progrès (AFP). Ce samedi 12 avril 2025, le parti fondé en 1999 par Moustapha Niasse tiendra une assemblée...