Robert Bourgi alerte les autorités : "J’ai peur pour le Sénégal"
L’avocat et homme d’affaires franco-sénégalais Robert Bourgi a partagé une contribution dans laquelle, il exprime son inquiétude croissante face à la situation actuelle du Sénégal. S’adressant directement au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et à son Premier ministre, Ousmane Sonko, Bourgi a dressé un tableau sombre du climat socio-politique et économique du pays, tout en appelant à un sursaut républicain.
« Je vous parle aujourd’hui avec le cœur lourd… et l’esprit libre », entame-t-il, précisant qu’il ne s’adresse ni en quémandeur de faveur ni en adversaire, mais en citoyen libre, loyal et concerné, qui n’a cessé de soutenir le parti PASTEF même dans les moments les plus sombres de sa lutte. Toutefois, Robert Bourgi se démarque d’un soutien aveugle et rappelle avoir déjà mis en garde Ousmane Sonko contre certaines dérives verbales, notamment ses propos controversés à l’endroit de l’ancien président Macky Sall.
Dans un ton empreint de gravité, l’avocat dit redouter l’avenir immédiat du pays : « Le peuple a voté dans l’espoir. Cet espoir, aujourd’hui, s’effrite. » Il cite tour à tour les frustrations sociales, les difficultés économiques, la méfiance des partenaires internationaux et les incertitudes financières qui pèsent sur le pays : « Le paysan, le conducteur de Jakarta, la vendeuse au marché, l’enseignant, le commerçant… tous commencent à douter. »
Il pointe aussi du doigt la détérioration de la gouvernance, évoquant une économie au bord du précipice, des emprunts « sans vérifier l’origine des fonds », et une diplomatie en berne. Le cas du Port autonome de Dakar, où « des licenciements massifs » auraient été opérés, symbolise, selon lui, le climat délétère qui touche même les investisseurs.
Mais c’est le fonctionnement de la Justice qui cristallise une grande partie de ses inquiétudes. Bourgi dénonce une « justice instrumentalisée », transformée, selon lui, en outil de règlement de comptes : « Des femmes ministres sont enfermées. Pour quelles raisons ? Sur quelles bases ? » Il exhorte ainsi à la levée de l’amnistie de mars 2024 pour identifier et sanctionner les responsables des violences ayant entraîné plus de 80 morts ces dernières années, tout en appelant à restaurer une véritable indépendance judiciaire.
Face à ce qu’il perçoit comme une dérive, Robert Bourgi sonne l’alarme : « Le Sénégal ne mérite pas cela. » Il appelle les autorités à se hisser à la hauteur des attentes historiques : « Vous avez la responsabilité d’unifier. De pacifier. D’élever. »
En conclusion, il rappelle, dans un propos très entrepreneurial, que « depuis que le commerce existe entre les hommes, un pauvre n’a jamais fait vivre un pauvre… un riche crée des emplois. » Un message clair à l’attention des autorités sur la nécessité de restaurer un climat économique propice à l’investissement et à la croissance.
« J’ai peur pour le Sénégal, mais il n’est pas trop tard. Agissez. Pour la justice. Pour l’unité. Pour la paix. Car un pays qui se divise… est un pays qui meurt », conclut-il.