Sortie du Général Maissa Sélé à propos de l'islam : Le Rassemblement islamique du Sénégal interpelle le procureur
Le Rassemblement Islamique du Sénégal (RIS) Alwahda est monté au créneau pour dénoncer avec vigueur les récentes déclarations du général à la retraite Méïssa Sellé Ndiaye. Dans un communiqué rendu public ce week-end, l’organisation islamique a exprimé « son indignation profonde » face à ce qu’elle considère comme une « sortie irresponsable, stigmatisante et attentatoire à l’unité nationale ».
Selon le communiqué, le général, ancien aide de camp du président Macky Sall, aurait affirmé lors d’un événement religieux à Koki que « l’islam confrérique était menacé par un islam importé ». Des propos que le RIS Alwahda juge « réducteurs et dangereux », et qui, selon lui, « jettent le discrédit sur une frange importante de la communauté musulmane ».
« Nous avons traversé entre 2021 et 2024 l’une des périodes les plus sombres de notre histoire démocratique récente », a rappelé le RIS, qui dit avoir « constamment alerté sur la criminalisation des voix dissidentes, les arrestations arbitraires, les accusations infondées de terrorisme et la répression sanglante des manifestations ». À ce titre, l’organisation s’est dite « choquée » de voir le général Méïssa Sellé Ndiaye, qualifié dans le texte de « rouage central du système sécuritaire de l’époque », vouloir aujourd’hui « se présenter comme vigile de la République et censeur des croyances religieuses ».
S’exprimant toujours par voie de communiqué, le RIS Alwahda a estimé que « la lutte contre l’extrémisme, religieux ou politique, doit être menée avec rigueur et sens de la justice, sans amalgames ni discours de peur ». « Le radicalisme, a-t-il déclaré, n’est pas le monopole d’un courant ou d’une tendance. Il est souvent le fruit de frustrations, d’injustices sociales ou d’exclusions violentes. »
Le mouvement islamique a particulièrement fustigé les allégations du général Ndiaye concernant de prétendus financements occultes d’associations islamiques. « Il a laissé entendre que certaines structures religieuses seraient liées à des réseaux criminels, sans en apporter la moindre preuve », a dénoncé le RIS, estimant que « de telles insinuations portent atteinte à l’honneur d’associations légales et respectées, actives dans l’éducation, la solidarité et la prédication ».
Face à ce qu’il qualifie de « dérive verbale aux conséquences graves », le RIS Alwahda a demandé au procureur de la République de « s’autosaisir » pour faire toute la lumière sur les propos tenus. « S’il détient des preuves, qu’il les transmette à la justice. Dans le cas contraire, ces accusations doivent être sanctionnées comme diffamatoires et dangereuses pour la paix civile », a-t-il exigé.
Le RIS Alwahda a également rejeté avec fermeté le concept d’« islam importé », jugé « idéologiquement bancal et théologiquement infondé ». « Cela suppose qu’il existerait un islam authentique et un autre suspect, car prétendument étranger. C’est une lecture erronée de l’histoire de l’islam », a-t-il affirmé. L’organisation a tenu à rappeler que « depuis ses origines, l’islam est traversé par une pluralité de courants, de traditions et de sensibilités », et qu’« aucune expression de cette foi ne saurait être exclue ou discréditée au nom d’un héritage local autoproclamé ».
Dans le même communiqué, le RIS a tenu à rassurer : « Les musulmans du Sénégal, qu’ils soient soufis, réformistes ou indépendants, partagent la même foi, le même amour du Prophète (PSL), et la même volonté de vivre en paix dans ce pays. Ce ne sont pas les différences d’opinion religieuse qui menacent notre cohésion, mais les discours de suspicion et les procès en légitimité. »
Enfin, le RIS Alwahda a réaffirmé « son engagement pour la défense de toutes les expressions légitimes de l’islam, pour la protection des libertés religieuses et pour la construction d’un Sénégal juste, apaisé et respectueux de sa diversité spirituelle ».