"Tensions" entre la Primature et la magistrature : la tentative de dialogue en berne
L’affaire continue d’agiter les coulisses du pouvoir judiciaire. Au lendemain du rejet du rabat de délibéré dans l'affaire de diffamation opposant le Premier ministre Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang, ancien coordinateur du Prodac, la situation a brusquement dégénéré. Dans une déclaration particulièrement virulente, le chef du gouvernement a frontalement mis en cause certains magistrats de la Cour suprême. Des propos qui ont rapidement déclenché une levée de boucliers, y compris dans les cercles du pouvoir judiciaire.
Alors que la polémique ne cessait d’enfler, des tentatives de désamorçage auraient été engagées discrètement par l’entourage du Premier ministre, selon des informations recueillies par L’Observateur. Les services de la Primature auraient ainsi pris contact avec le bureau de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), resté jusque-là silencieux face aux sorties controversées d’Ousmane Sonko. Objectif de cette approche : organiser un échange entre le Premier ministre et Ousmane Chimère Diouf, président de l’UMS, accompagné des membres de son bureau.
Toujours d'après le canard, la proposition émanerait directement du chef du gouvernement. Ousmane Sonko aurait suggéré la date du mercredi suivant à 16h pour la tenue d'une rencontre formelle. Mais du côté de l’UMS, l’accueil a été glacial. Le secrétaire général de l’Union a aussitôt soumis la demande à l’appréciation des comités de ressort, les structures représentatives des magistrats au sein des juridictions. « Les discussions ont eu lieu dans les groupes WhatsApp de magistrats, et la tendance s’est vite dégagée : une majorité s’est opposée à toute rencontre avec le Premier ministre », rapporte une source du journal. La décision officielle de décliner l’invitation a été prise dès le dimanche.
Cependant, coup de théâtre : les services de la Primature ont fermement démenti toute initiative de ce type. Contacté par L’Observateur, le conseiller juridique du Premier ministre a été catégorique : « Le Premier ministre n’a ni initié ni validé une telle demande. Cette information est totalement infondée », a-t-il tranché.
Dans le camp de l’UMS, malgré la confirmation officieuse des démarches, aucun membre du bureau n’a souhaité commenter publiquement cette affaire.