THIÈS : LITIGES FONCIERS ET INITIATIVES POUR L’EMPLOI DES JEUNES ONT MARQUÉ 2021

31 - Décembre - 2021

Des litiges fonciers et les multiples initiatives en faveur de l’emploi des jeunes ont, entre autres sujets, fortement marqué l’année 2021 dans la région de Thiès.

L’affaire de la démolition de plusieurs centaines de maisons dans la forêt classée de Mbour 4 Extension par la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS), en janvier avait suscité beaucoup d’émoi à travers le pays, avait inauguré l’année avec fracas.

Le 20 avril, des victimes de la société SCAC Afrique ayant versé des montants évalués à environ 2 milliards de francs CFA, à un promoteur devenu invisible, se font entendre aussi par une marche pacifique.

Ne pouvant entrer en possession ni de leurs parcelles, ni de leur argent, le collectif d’environ 700 personnes sur plusieurs milliers de personnes grugées, réclame justice. Un procès ouvert sur l’affaire en début mai, avait été renvoyé jusqu’à la seconde moitié du même mois.

Vient s’ajouter à la série, un autre conflit foncier entre la SNHLM et les habitants de Silmang et Keur Dago, portant sur 59 ha couvrant des champs communs aux deux localités sur lesquels cette société nationale réclame un droit de propriété.

Dans la commune de Chérif Lô, la pomme de discorde foncière tournait autour de de 400 ha, lotis ‘’sans autorisation’’ par la mairie, pour 15.000 parcelles, selon le mouvement And Taxaw Commune Chérif Lô (ATCC).

Ce mouvement avait invité l’Etat à mener un audit foncier, pour élucider la situation dans cette collectivité territoriale, où la Direction de la surveillance de l’occupation du sol (DSCOS) avait détruit dans le village de Thiawone Bambara les bornes de ce lotissement jugé illégal. La liste est loin d’être exhaustive.

Thiès a aussi accueilli en 2021 plusieurs formations de masse, visant à faire face à la lancinante problématique de l’emploi des jeunes, dans le cadre du programme gouvernemental Xëyu Ndaw ni, ainsi que d’autres projets appuyés par des partenaires.

Trois-cent jeunes volontaires du Service civique national ont été formés à la base militaire de Thiès, sur un objectif de 1000 et 110 stadiers sur un objectif initial de 250, formés au CNEPS.

En avril, la chambre des métiers de Thiès avait remis à 193 jeunes formés dans six corps de métier, des kits d’outils leur permettant de démarrer leur activité. Cette initiative faisait partie du programme ‘’Réussir au Sénégal’’ mis en œuvre par la GIZ, avec la collaboration de GFA Consulting. Elle cible les jeunes âgés de 15 à 35 ans.

L’ouverture d’un centre d’incubation et d’impulsion des entreprises au quartier 10-ème de Thiès, a aussi été une nouvelle pierre à l’édifice de l’emploi des jeunes.

Cerise sur le gâteau, 297 jeunes diplômés de la région de Thiès ont trouvé un stage d’un an en entreprise, dont une trentaine ont débouché sur une embauche, grâce au projet PASPED financé par l’Union européenne. L’objectif de départ du projet mis en œuvre via la coopération italienne, était d’insérer 250 jeunes diplômés de la région de Thiès.

L’inauguration par le président Macky Sall de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) et du pôle emploi de Thiès, s’inscrit aussi dans cette dynamique visant à solutionner la question de l’emploi des jeunes.

Remous à l’Université

Parlant d’enseignement supérieur, le monde universitaire, notamment l’Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT), a été le théâtre de remous, avec une succession de marches d’étudiants pour l’achèvement des chantiers à l’arrêt depuis 2007.

L’ENO de Thiès, démembrement de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS), n’était pas en reste. Ses pensionnaires ont protesté contre l’instauration d’un quota d’admission au master, qu’ils considèrent comme une ‘’injustice criante’’, en violation de la loi.

Au plan national, une cinquantaine d’étudiants de l’UVS ont entamé début décembre, dans la capitale du Rail, une grève de la faim au même motif.

En juillet, une affaire de tricherie au bac au lycée de Pékesse a eu un retentissement dans les médias. Présentée, dans un premier temps, comme une ‘’fuite’’, l’affaire avait aussitôt fait réagir l’inspecteur d’académie Papa Baba Diassé, qui avait démenti, évoquant plutôt une ‘’tricherie organisée’’ impliquant 14 filles et un garçon qui auraient quitté la banlieue dakaroise pour espérer accomplir facilement leur forfait en zone rurale à Pékesse. Ils avaient été interpellés par la gendarmerie

Au plan sanitaire, la région, suite à la réception par le Président de la République des premières doses de vaccin contre la covid-19 à l’AIBD, a lancé la vaccination en commençant d’abord par le personnel de santé et les personnes âgées, avant de l’étendre au grand public.

Quelque temps après, les agents en service au centre de traitement des épidémies (CTE) de l’hôpital régional haussent le ton lors d’un sit-in devant leur lieu de travail, pour réclamer des arriérés d’émoluments.

Sur un autre front, les autorités médicales de Thiès, cataloguée ‘’région de pré-élimination’’ du paludisme, ont intégré l’investigation de cas dans la panoplie de mesures qu’elles ont prises pour éliminer le paludisme d’ici 2030.

Avec 5.447 cas de paludisme confirmés en 2020, soit une incidence de 2,5 cas pour 1.000 habitants en 2020, la région compte poursuivre la tendance baissière déjà entamée.

Par ailleurs, par rapport à la couverture maladie, le cri du cœur lancé le 16 juillet par les mutuelles de santé de Thiès auxquelles l’Etat doit une dette de 737,8 millions de francs CFA, a été très strident dans les médias.

Selon le coordonnateur du comité régional chargé de la protection sociale et vice-président de l’Union régionale des mutuelles de santé de Thiès, Arona Diallo, les mutuelles de santé de la région de Thiès (ouest) croulent sous le poids d’arriérés de cotisations que leur doit l’Etat.

Cela les oblige à arrêter les prestations au profit de certains bénéficiaires qui étaient subventionnés ou pris en charge totalement par l’Etat. Certaines mutuelles fonctionnent difficilement, du fait de ce manque à gagner, a dit Diallo, lors d’un point de presse en présence de membres des mutuelles de santé et usagers des services de santé.

A l’échelle nationale, la dette de l’Etat envers les mutuelles de santé s’élève à 25 milliards de francs CFA, a-t-il noté.

Ça a bougé dans les transports !

Dans le domaine des transports, à l’instar de leurs collègues des autres régions du pays, les transporteurs de Thiès ont largement suivi la grève décidée par six syndicats à l’échelle nationale. Un mouvement qui a eu un impact sur plusieurs secteurs d’activité.

Concernant le transport ferroviaire, le paiement des 800 ex-temporaires des chemins de fer pour une enveloppe d’un milliard de FCFA, a été une bonne nouvelle pour ces travailleurs et leurs familles, à la veille de l’inauguration de l’ISEP par le chef de l’Etat.

En décembre, le ministre des Transports terrestres, Mansour Faye a remis les clefs de 48 taxis neufs à des opérateurs de l’AIBD. Cette cérémonie consacre aussi la relance des activités de la société Seniran qui a accueilli la rencontre.

Ces véhicules font partie d’un projet d’acquisition de 2 000 taxis urbains, financé conjointement par la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER), la Banque nationale de développement (BNDE) et la Mutuelle d’épargne et de crédit des transporteurs (MECTRANS), sous le pilotage du CETUD. Une convention entre Seniran Auto et le Cetud a été signée dans ce sens.

Pour ce qui est des transports aériens, l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) a annoncé qu’il compte finir l’année 2021 avec 1,8 million de passagers, et amorcer la relance de son trafic durement frappé par la pandémie depuis 2020, selon Askin Demir, directeur général de Limak-Aibd-Summ (LAS), société gestionnaire de l’AIBD.

Une perspective optimiste qui cache mal la grogne sociale au sein de l’entreprise. Le responsable de l’intersyndicale travailleurs de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) a profité de la tribune offerte par la célébration de la journée internationale de l’aviation civile, coïncidant avec le 4-ème anniversaire de l’infrastructure aéroportuaire, pour attirer l’attention des autorités sur la situation sociale des travailleurs, notamment celle des intérimaires.

Dans le même secteur des transports, un sénégalais appuyé par des partenaires indonésiens a lancé un projets moto-taxis électriques, dans la ville de Thiès suscitant un grand engouement.

Dans le secteur des hydrocarbures, l’incendie d’un puits de gaz de Ngadiaga, qui était en flammes depuis presque quatre mois, soit depuis le 19 décembre, avait enfin été maîtrisé au début du mois d’avril. Ce résultat a été le fruit d’une collaboration d’équipes pluridisciplinaires de Fortesa et Haliburton.

Au plan sécuritaire, l’inauguration le vendredi dernier, par le ministre des Forces armées Sidiki Kaba, des locaux d’une section de recherches de la gendarmerie à Thiès, a été un fait marquant. C’est la troisième unité du genre, après celles de Dakar et Saint-Louis.

L’érection d’une de ces entités de la gendarmerie sollicitées surtout pour les enquêtes complexes, devrait aider à renforcer la sécurité à Thiès et Diourbel. Thiès est selon son maire Talla Sylla un lieu de repli des délinquants traqués à Dakar. La zone souvent est en proie à des vols de bétail et à des trafics de tous genres, a relevé Sidiki Kaba.

Au plan religieux, le décès khalife Thiénaba Serigne Abdourahim Seck, ses funérailles et les séries condoléances venant de différentes parties du pays, ont aussi largement été relayées par la presse locale et nationale.

Pour la deuxième année de suite le khalife des Tidianes a ordonné aux fidèles de vivre le ‘’gamou’’, la célébration de la naissance du Prophète Mouhammad (PSL), à domicile, en raison de la pandémie de coronavirus.

Cette décision a du coup réduit les grands mouvements de fidèles tidianes en direction de leur fief religieux de Tivaouane, que cet évènement occasionnait chaque année.

Le guide des mourtarchidines, une branche de la confrérie tidiane Serigne Moustapha Sy a toutefois été organisé son gamou dans cette ville.

Sur le front social, les protestations n’ont pas manqué en 2021, dans la région. Le collectif des travailleurs licenciés de Grande côte Opérations, (GCO), qui exploite du zircon à Diogo, s’était encore rappelé au souvenir des autorités.

Soixante-deux travailleurs, dont 22 permanents, avaient été limogés depuis le 16 juillet 2020, pour avoir demandé à être ‘’déconfinés’’, en pleine pandémie de covid-19, après ‘’trois jours de rupture de nourriture’’, selon leur responsable Gormack Faye.

Ils avaient profité d’une visite du ministre des Mines Oumar Sarr le 9 juillet à GCO, pour l’interpeller sur leur situation que leurs multiples démarches n’avaient pas encore pu améliorer. Le ministre avait promis de les recevoir la semaine suivante.

Debout pour protéger les caïlcédrats

Côté environnement, une prise de conscience environnementale grandissante a été notée au sein de la société civile. Elle s’est traduite par une mobilisation autour de la protection du caïlcédrat (khaye, en wolof), cet arbre géant, élément du décor de Thiès depuis l’époque coloniale.

Y en a marre, le Front antiimpérialiste populaire et panafricain (Frapp) et de l’ONG One Africa, se sont adressés la presse, non loin de l’inspection régionale des eaux et forêts (IREF) de Thiès, pour dénoncer l’abattage et l’élagage de ces colosses. Ils ont lancé un appel à une ‘’prise de conscience’’ citoyenne et annoncé leur projet de remplacer les arbres coupés.

De son côté, l’IREF avait annoncé un programme de reboisement de 40.000 caïlcédrats dans la ville.

En outre, le lancement du Projet de gestion intégrée de l’économie des déchets solides au Sénégal (PROMOGED) le 8 décembre à la gouvernance de Thiès, a été un évènement phare dans l’évolution du système de gestion des déchets solides dans la région. Sur 138 communes ciblées par le projet à travers le pays, 37 sont dans la région de Thiès, selon Ibrahima Diagne, responsable de ce projet.

Un centre de tri et transfert (CTT) sera construit à Mbour, une structure de valorisation de déchets à Thiès et une cinquantaine de points de regroupement normalisé (PPRN) dans les communes, qui recevront aussi des camions polybennes, des bennes tasseuses, a-t-il annoncé.

‘’Les infrastructures intercommunales qui seront construites, (profiteront) par contre à l’ensemble des communes de la région de Thiès’’, a rassuré M. Diagne.

En culture, la langue arabe a été célébrée pour la première fois le 18 décembre à Thiès, à l’occasion de la journée mondiale que lui a dédiée l’ONU. Une occasion de distinguer une vingtaine de personnalités issues de diverses catégories socioprofessionnelles. Cette cérémonie a été organisée par l’Alliance des arabophones du Sénégal (AAS) en collaboration de l’ONG islamique WAMY.

Enfin, en sport, après une longue attente, la pelouse synthétique du stade Maniang Soumaré, deuxième stade de la ville de Thiès, a été finalement réceptionnée provisoirement et ouverte aux équipes de football thiessoises confrontées à un manque d’aires de jeu, le Stade Lat-Diop étant réservé aux compétions internationales.

APS

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