TROISIEME MANDAT : LE PRESIDENT MACKY SALL OU L’ART DU SUSPENSE

01 - Juillet - 2023

Le président Macky Sall fait durer le suspense. Prévue pour avant la fête de la Tabaski, qui a eu lieu le 28 juin, l’annonce de sa décision relative à sa candidature ou non à la présidentielle de 2024, a finalement été repoussée début juillet. « On dit que le matin il se lève en étant convaincu d’y aller, le soir il se couche en voulant y renoncer », raille un opposant. Mais désormais, son choix serait arrêté. Seule une poignée de proches, dont son épouse et un conseiller qui ne figure pas dans le protocole, connaîtrait sa décision. Il doit l’annoncer en début de semaine prochaine.
Ce secret savamment préservé a également une finalité politique. Celle de maintenir son camp en ordre de bataille. « Le silence crée une qualité d’écoute, philosophe un collaborateur au palais. Si le président avait annoncé qu’il ne se représenterait pas, plus personne n’aurait travaillé dans sa famille politique. Cela aurait bloqué le pays et nous aurait maintenus dans un état de campagne permanente. » Un renoncement du chef de l’Etat pourrait lancer une guerre fratricide. Déjà, les appétits s’aiguisent en coulisses. Et les coups pleuvent.
« A l’APR [Alliance pour la République], le consensus est que Macky Sall est notre candidat. C’est le seul à avoir l’expertise nécessaire. Mais il y a des lâches qui tentent d’alimenter l’idée d’une alternative au sein de notre camp. Ils seront traités comme il le faut », menace Mame Mbaye Niang, ministre du tourisme et proche du président.
Parmi les noms qui émergent figure en tête celui du discret premier ministre, Amadou Ba. Cet ancien ministre de l’économie et des affaires étrangères a un temps été pressenti pour prendre la suite de Macky Sall. Mais l’ancien inspecteur des impôts manque de popularité au sein de la majorité présidentielle.
« La coalition est un instrument créé au service des ambitions de Macky Sall. Il a fait en sorte de la maintenir sous sa coupe. S’il renonce à se représenter, personne d’autre ne pourra la garder unie. Par ailleurs, on ne prépare pas un successeur à une présidentielle en sept mois », estime Maurice Soudieck Dione. Ses détracteurs le soupçonnent par ailleurs d’avoir choisi ses opposants les moins dangereux – Karim Wade et Khalifa Sall qui, suite à leur participation au dialogue national, pourraient voir leur inéligibilité levée – et écarté son plus sérieux challenger, Ousmane Sonko.
Autre élément qui entre en jeu, l’entrée à venir du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole et de gaz. « Une partie de son entourage, qui s’est grassement enrichie pendant ces douze ans, ne compte pas laisser passer cette manne financière. Elle craint par ailleurs d’être poursuivie en cas d’alternance, tance sous couvert d’anonymat un homme d’affaires. Macky Sall est otage de son entourage. Il doit partir par la grande porte et se féliciter de son parcours hors norme. Car, malgré ses origines modestes, il s’est hissé au sommet de l’Etat. Que veut-il de plus ? »
Demeure une inconnue. Si le président sortant décide de se représenter, quelle va être la réaction de la rue ? « Le risque de confrontation est important. Si Ousmane Sonko, le candidat de cette jeunesse démunie est arrêté, et que Macky Sall se porte candidat, cela augure d’un cocktail explosif. Et ce d’autant plus qu’il aura face à lui des opposants plus consensuels qui ne parlent pas à ces jeunes », avertit Maurice Soudieck Dione.
LS avec Le Monde

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