Vous êtes jeunes, prenez donc le pouvoir des deux mains ! (Par Dr Babacar Diop)
Vous avez vingt ans ou un peu plus. Vous êtes jeunes, et la vie vous tend la main. À cet âge, vous incarnez la pureté et la beauté du corps humain. Vous êtes une intelligence qui ouvre toutes les portes closes. Vous êtes une flamme étincelante qui éclaire la nuit de la violence et de la domination pour l’avènement d’une aube nouvelle pour l’humanité. Vous êtes le cœur du monde. Il en est ainsi parce que vous êtes la force de la vie. Maintenant, qu’allez-vous faire de votre jeune âge ?
Rappelons qu’il y a des jeunes vieux, tout comme de vieux jeunes. Ainsi, la jeunesse n’est pas simplement une affaire d’âge. Elle est d’abord un élan de vie, un état d’esprit pour la création du nouveau, un comportement pour le changement, une action de transformation, un réflexe vers l’aventure, un projet pour l’avenir et un idéal de liberté et de justice.
Avant tout, la jeunesse est un besoin d’absolu et d’utopie. Elle se nourrit des « œuvres de beauté ». Les plus beaux rêves de la vie se réveillent dans la poitrine en feu des plus jeunes. C’est pourquoi un philosophe a écrit : « La bonne jeunesse poursuit les mélodies que lui chantent ses rêves et ses livres » (Bloch, Le Principe Espérance I, 1976 :146).
Ainsi il s’agit pour la jeunesse, quand elle lit un beau livre qui témoigne de la condition humaine, s’extasie devant un poème qui célèbre l’amour, lorsqu’elle écoute une bonne musique qui enchante les âmes, quand elle s’enthousiasme devant un bon film qui magnifie les mille beautés du monde humain ou lorsqu’elle admire un sublime tableau qui exprime l’harmonie de la nature, qu’elle puisse se laisser pénétrer par le sentiment optimiste que le monde est en attente de quelque chose de nouveau. Les créateurs font des prophéties qui annoncent l’aube d’une époque nouvelle. Ils expriment ainsi la plénitude de la vie.
Toutes les grandes œuvres d’art sont l’expression des mélodies d’espérance, car l’esprit est le souffle grandissant de la vie. Notre monde est perpétuellement en route vers un rendez-vous d’espoir et de liberté. L’humanité peut atteindre la démocratie, la justice et la paix.
La jeunesse est le lieu le plus propice au renouveau et à l’invention. En vérité, elle est synonyme de mouvement vers le futur. Le réalisme est souvent le prétexte pour justifier les abandons et les compromissions. Les forces qui travaillent pour un monde nouveau sont jeunes et progressistes et celles qui se meuvent pour maintenir le monde dans l’obscurantisme des iniquités et de l’ignorance sont vieilles et réactionnaires. La jeunesse est un monde nouveau de rêves, de découvertes et d’aventures extraordinaires qui donnent des possibilités immenses à l’humain.
La vieille garde hégémoniste et dominatrice représente un monde passé, des traditions iniques, un monde des castes féodales, de la noblesse arrogante, des monarques héréditaires. C’est un monde qui refuse de sortir de la nuit pour contempler le soleil de la justice, de la liberté, de l’égalité et de la démocratie. C’est aussi est un monde confortable qui ferme les portes du possible et de la lumière tout en soutenant une négation de l’humanité. C’est une caverne dans laquelle les êtres paresseux se sentent à l’aise, parce qu’ils ne portent aucun rêve, aucune volonté, parce qu’ils ont peur de contempler l’avenir, d’affronter leur propre destin, de regarder la lumière de la liberté. La servitude est plus confortable ; elle ne présente aucun risque, parce qu’elle est une démission à vie.
La jeunesse est le temps de l’audace, du risque, de la passion, de l’amour, de l’aventure et de la folie créatrice. C’est aussi l’époque de l’insolence, parce que l’on conteste, on résiste, on s’indigne, on crée, on imagine parce qu’aussi on aspire, on souhaite, on demande, on exige et on travaille à réaliser l’impossible.
La jeunesse fait basculer la balance de la révolution contre les ténèbres pour balayer toutes les formes de subordination dans la société. Elle constitue une aspiration juste, sincère et énergique vers un ordre politique et social meilleur. Nous avons foi aux vertus de la jeunesse, car elle est génératrice d’ardeur, de générosité, du goût de l’aventure, et de la soif de savoir. Elle bannit l’arbitraire et conteste l’injustice ; elle aspire à la construction d’une société nouvelle dans la justice et l’égalité, la liberté et la démocratie.
La jeunesse ne cède pas devant les artisans de la peur ; elle doit apprendre à espérer, car elle possède l’ambition d’une vie meilleure que celle de ses ainés. Le rêve est le moteur de l’histoire. Un monde sans rêve est un navire sans boussole. L’espoir est un mot magique, car il est un sentiment accessible seulement aux humains ; il est la plus humaine de toutes les émotions et reste plus puissant que toutes les entreprises de mort. Par conséquent, l’espoir constitue une force vive capable à lui seul de soulever des montagnes et de réaliser l’impossible. La jeunesse doit répandre la clarté de son matin dans le monde. Elle doit transmettre sa passion d’espérer et d’aimer. Car sa mission fondamentale reste toujours de rendre le monde meilleur : la régénération d’une l’humanité corrompue.
Vous êtes jeunes, n’attendez pas demain, il faut une solidarité de l’âge pour réaliser l’immense tâche de refaire le monde qui vous attend. L’audace est le commencement de la victoire. Il est temps de sortir de la victimisation, de la couardise et de la paresse.
Vous avez la majorité, vous avez la force, décidez donc pour votre avenir et agissez au lieu de subir. Les injustices se multiplient, les inégalités croissent et la précarité devient le quotidien de beaucoup de gens. Au quotidien, les femmes voient leur dignité bafouée, les élèves et les étudiants attendent encore et toujours un enseignement de qualité. Consacrez toute la plénitude de votre ardeur aux choses essentielles : l’amour, la beauté, la vérité et la justice. Dans vos cœurs héroïques se réveille un monde nouveau.
Vous êtes jeunes, prenez donc le pouvoir des deux mains, dans les quartiers, dans les villages, dans les ateliers, dans les entreprises, dans les universités, dans les ordres, dans les syndicats, dans les partis politiques, dans les municipalités et au parlement.
Vous êtes jeunes, vous devez construire un monde tout nouveau ; parce que, maintenant, vous pouvez dire avec force : après tant d’aventures nous voici enfin réveillés.