Alioune Tine alerte sur les dérives autoritaires : « Le Sénégal n’a pas besoin de répression, mais de débat démocratique »

09 - Juillet - 2025

Dans une note publiée sur le réseau social X, le défenseur des droits humains et fondateur du think tank Afrikajom Center, Alioune Tine, a exprimé son inquiétude face aux appels de certains partisans du Premier ministre Ousmane Sonko à l’arrestation de chroniqueurs critiques du régime. À travers un texte incisif, il met en garde contre une dérive liberticide contraire à la tradition démocratique sénégalaise.

« Les partisans du PM Sonko qui poussent le procureur à arrêter, détenir et emprisonner Badara Gadiaga et les chroniqueurs qui critiquent le PM et le régime ne lui rendent pas service, ils ne rendent pas service au Sénégal dont le modèle démocratique suscite l’intérêt partout sur le Continent et la planète », affirme Alioune Tine.

Selon lui, la démocratie repose sur le pluralisme, les joutes verbales et les confrontations d’idées : « Le multipartisme et la démocratie sont consubstantiels aux joutes verbales, aux polémiques et aux guerres verbales. Car ce sont des adversaires politiques qui sont face à face et qui se battent non à la Kalach mais par le verbe. » C’est ce débat d’idées, estime-t-il, qui donne tout son sens à la métaphore de l’« arène politique ».

Tine rejette catégoriquement l’usage de la justice comme outil de censure. « Ce combat-là, ce n’est ni la Cybercriminalité, ni le procureur qui est habilité à arbitrer ces joutes verbales mais les citoyens et les téléspectateurs. Ni le procureur, ni la Cybercriminalité n’est habilité à faire la police des idées en démocratie. »

Pour lui, les plateaux de télévision doivent rester des espaces d’expression libre et de confrontation politique. « Quand ça chauffe et ça dérive, la solution ce n’est pas la prison, pas les intimidations et la répression », prévient-il.

Il revient notamment sur le cas de l’émission Jakarlo, particulièrement suivie par les Sénégalais, et souvent le théâtre de débats animés. « En allant dans une émission comme Jakarlo, on sait à l’avance à quoi s’en tenir. Ça suscite autant d’intérêt que la confrontation Eumeu Sène / Balla Gaye, même polarisation et presque même attitude des supporters. Notamment quand nous avons sur le plateau le député Amadou Ba face à Badara Gadiaga. »

Alioune Tine alerte : faire incarcérer un chroniqueur comme Badara Gadiaga pourrait avoir l’effet inverse. « Envoyer Badara Gadiaga en prison, c’est le soumettre à une épreuve politique qualifiante qui va en faire un héros. Car la résistance est valorisée par notre société. La preuve par neuf, c’est Ousmane Sonko. Sa résistance farouche à la liquidation politique a fait de lui le héros politique, adulé par les jeunes qui le considèrent comme leur sauveur contre l’oppression du système. »

Il appelle à l’apaisement et à la responsabilité des dirigeants. « Le Sénégal, comme beaucoup de pays, est dans la fragilité et dans l’incertitude face aux mutations civilisationnelles disruptives que vit le monde actuel. On a besoin de mettre la balle à terre, on doit éviter de mettre de l’huile sur le feu. »

Alioune Tine en appelle directement au Premier ministre : « Je pense que le PM Ousmane Sonko devrait lui-même appeler tous les Sénégalais à la sérénité. Ce n’est pas le PM du parti qu’il dirige, mais notre PM à tous, citoyens sénégalais. À tous les citoyens sénégalais de le respecter et de respecter l’institution magistrale qu’il incarne. »

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