CNRA : DE LA REGULATION A L’INTIMIDATION MEDIATIQUE (PAR IBRAHIMA THIAM)

08 - Juillet - 2025

Le dernier communiqué du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), daté du 7 juillet 2025, sonne moins comme un rappel à l’ordre professionnel que comme une tentative à peine voilée de museler la presse indépendante. À travers sa mise en demeure adressée au Groupe Futurs Médias (GFM), c’est une certaine idée de la liberté d’expression qui vacille, une fois de plus, sous les coups d’une régulation de plus en plus politique.

Il ne s’agit pas ici de défendre l’injure ou la diffamation, que la loi encadre déjà. Il s’agit de refuser l’acharnement institutionnel contre les médias qui offrent encore un espace de contradiction, de débats critiques et de liberté de ton, dans un paysage audiovisuel progressivement domestiqué.

Faut-il rappeler que ceux qui, hier, dénonçaient avec virulence les dérives du pouvoir d’alors, s’illustrent aujourd’hui dans une intolérance systématique vis-à-vis des voix dissonantes ? Ce pouvoir, si prompt à critiquer hier, semble aujourd’hui incapable de répliquer autrement que par la menace, la sanction, ou le discrédit.

Au lieu d’opposer des arguments à la critique, on préfère agiter le spectre de la “dignité des institutions” pour faire taire ceux qui posent les vraies questions. La démocratie ne se nourrit pas de silence ni de conformité imposée ; elle grandit au contact du débat, parfois rugueux, mais toujours nécessaire.

Quand une émission comme Jakaarlo, connue pour sa diversité d’opinions et son ton libre, est régulièrement ciblée, ce n’est pas seulement une émission que l’on tente de suspendre, c’est une parole plurielle que l’on cherche à effacer.

Le CNRA, en se posant de plus en plus comme bras armé d’une majorité à la peau fine, s’éloigne dangereusement de sa mission de garant impartial du pluralisme médiatique. Les Sénégalais ne sont pas dupes. Derrière les faux-semblants de régulation, ils voient poindre les contours d’une dictature rampante, qui avance masquée, mais avance tout de même.

Il n’y a pas de démocratie sans presse libre. Et il n’y a pas de presse libre sous menace constante.
Ibrahima Thiam, Président du parti ACT

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

08 - Octobre - 2025

Salimata Dieng limogée de la Présidence après un post critique sur la gestion de la jeunesse

La Présidence de la République a mis fin aux fonctions de Salimata Dieng, secrétaire générale nationale de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS)...

08 - Octobre - 2025

Salimata Dieng brise le silence après son limogeage de la Présidence

Salimata Dieng, Secrétaire générale de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS), a été limogée de son poste de chargée de mission...

06 - Octobre - 2025

Le PDS assume sa part de responsabilité dans la crise économique et regrette son alliance avec Pastef

Ousmane Goudiaby, président de la Fédération Nationale des Cadres Libéraux (FNCL) du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), est revenu sur la...

06 - Octobre - 2025

Crise politique en France : le Premier ministre Sébastien Lecornu démissionne avant même d’entrer en fonction

Un mois à peine après sa nomination, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission, acceptée par le président de la...

06 - Octobre - 2025

LA COMMANDE PUBLIQUE : UN PILIER ECONOMIQUE SOUS HAUTE SURVEILLANCE (PAR MOHAMADOU TIDIANE DIOP)

La commande publique n’est pas un simple mécanisme administratif ; elle constitue un véritable levier de développement économique, permettant au secteur...