CRISE SANITAIRE : LE DISCOURS POPULISTE D’OUSMANE SONKO!

Ousmane Sonko, président de Pastef, vraisemblablement le plus teigneux opposant de Macky Sall, a fait une déclaration, mercredi 13 mai, sur la gestion de la pandémie du coronavirus par le pouvoir. Sa prise de parole, visiblement tant attendue, intervient quarante-huit heures après celle que le chef de l’Etat a tenue pour, notamment, annoncer l’assouplissement des mesures restrictives qui étaient en vigueur.
Comme on pouvait s’y attendre, Ousmane Sonko s’en est violemment pris au président Sall dénonçant son « irresponsabilité », « la faiblesse de la puissance publique », son manque de « cohérence », la nébuleuse autour des marchés d’achat et de transport des vivres, la « précipitation » dans l’assouplissement des mesures préventives. Sur ce dernier point il a détaillé : « C’est une décision de panique et de précipitation. Et j’en suis sûr que le Pr Seydi n'a pas été consulté car ça ne fait pas deux jours, le corps médical demandait aux Sénégalais de respecter les mesures barrières. En prenant cette décision, on a sapé le travail des autorités médicales. »
Cela dit, dans sa déclaration du jour, le leader de Pastef a excessivement versé dans le populisme. En effet, tout au long de son propos, Ousmane Sonko, dans une rhétorique bien huilée, a tenté d’opposer le pouvoir aux Sénégalais en exploitant à fond les représentations de ces derniers sur la gestion peu rassurante de la crise sanitaire par les tenants du pouvoir. Ensuite, et naturellement, il s’est présenté en filigrane comme l’homme de la situation.
Contrairement à ses précédentes sorties publiques au cours desquelles il mettait sur la table des arguments solides, techniques et convaincants, cette fois-ci, Ousmane Sonko s’est tout bonnement contenté de surfer sur la vague pour toucher la fibre émotionnelle de nos compatriotes. Comme bon nombre de Sénégalais, il a ironisé sur le prétendu alignement du Sénégal à la France dans la gestion de la crise sanitaire. Autrement dit, Macky Sall ferait du copier/coller. Ousmane Sonko à continuer à puiser goulûment dans le répertoire de critiques des nombreux Sénégalais peu rassurés par la dernière sortie du président de la République. Reprise annoncée des cours, ouverture des marchés, ouverture des lieux de culte…
Evidemment, on ne peut pas reprocher à un homme politique qui ambitionne de diriger son pays, de tenter de tirer profit des échecs de son adversaire. Mais la manière de s’y prendre compte beaucoup.
La marque de Sonko, c’est son intelligence politique, ses prises de position courageuses adossées sur des arguments solides. Sa contribution publiée le 31 mars dernier en est une parfaite illustration. Jouer sur les émotions des Sénégalais pour grossir les rangs de son parti permet d’être en phase avec l’opinion (ce qui n’est pas mauvais en soi), d’être dans le vent, mais empêche d’avoir une ligne directrice. Le risque est que : « Etre dans le vent, c’est avoir le destin d’une feuille morte. »
Cheikh Sidou SYLLA