Dialogue national : L'Apr confirme son boycott prétextant qu'il s'agit d'une mascarade pour renforcer les pouvoirs du premier ministre Ousmane Sonko nommé et non élu
Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’Alliance Pour la République (APR) s’est réuni ce mercredi 22 mai à Dakar, en session ordinaire, pour examiner la situation politique nationale. Au centre des discussions : le dialogue annoncé par les autorités pour le 28 mai prochain sur le système politique sénégalais. L’APR a exprimé une position ferme, dénonçant un processus biaisé et réaffirmant son refus de participer à cette initiative.
« Une délégation de l’APR a rencontré, à leur demande, des membres de la société civile, dont MM. Moundiaye Cissé et Babacar Fall et Mme Haby Diallo », a d’abord fait savoir le SEN, avant de souligner que « la délégation leur a rappelé l’attachement de l’APR au dialogue et à la concertation, nécessaires dans une démocratie mature et apaisée ».
Le parti rappelle que « c’est le Président Macky Sall, homme de paix et de consensus, qui a érigé la date du 28 mai comme Journée du Dialogue au Sénégal ». Mais il dénonce avec vigueur ce qu’il qualifie de mise en scène orchestrée par le pouvoir : « Le dialogue du 28 mai prochain n’est qu’une mascarade dont la seule finalité est d’entériner des décisions déjà arrêtées, pour faire désormais du Premier ministre, nommé et non élu, la clé de voûte des institutions républicaines, au mépris de la Constitution, des lois ainsi que des usages. »
L’APR rejette également le choix du facilitateur, Cheikh Gueye, en ces termes : « Il est un sympathisant assumé du Pastef et ne présente donc aucune garantie d’équidistance ni de sincérité dans le processus. » Le parti en conclut que ce choix constitue un déséquilibre flagrant.
« Une justice instrumentalisée » et un acharnement ciblé
Le Secrétariat Exécutif National a profité de cette tribune pour dénoncer une « instrumentalisation de la justice à des fins politiciennes », dénonçant ce qu’il considère comme une stratégie de règlement de comptes. « Nous fustigeons les grossières accusations de haute trahison visant le Président de l’APR, l’acharnement sur sa famille biologique et politique, les emprisonnements de responsables du parti, notamment Farba Ngom, Lat Diop et Abdoulaye Ndiaye », a-t-il déclaré.
L’APR a également dénoncé « le vote cavalier de résolutions de mise en accusation d’anciens ministres », pointant du doigt une volonté manifeste de salir l’image du parti : « Des manœuvres tendent à peindre l’APR en parti de prébendiers et d’assassins sans le moindre début de preuve, en dépit des réalisations visibles partout sur le territoire national. »
Invitation tardive et décision assumée
En outre, le SEN s’indigne du comportement du ministère de l’Intérieur : « C’est seulement ce 22 mai que la lettre d’invitation n°5883/MISP/DGE/DFC a été déposée au siège de l’APR, parti leader incontestable de l’opposition », s’étonne-t-il.
Face à cet ensemble d’irrégularités et d’actes perçus comme un mépris à l’égard du parti, l’APR assume son retrait du processus : « Le refus unilatéral et sans ambiguïté de l’APR de participer au Dialogue relève d’une position responsable, rationnelle et argumentée. »
Le parti a également tenu à apporter son soutien à plusieurs anciens ministres ciblés par la justice : « Nous dénonçons fermement l’acharnement contre les anciens ministres Ismaïla Madior Fall, Salimata Diop, Sophie Gladima et Moustapha Diop, tous victimes d’une cabale politico-judiciaire sans le moindre début de preuve. »
Enfin, le SEN a déclaré soutenir le ministre Mansour Faye, convoqué le 26 mai par la commission d’instruction de la Haute Cour de justice. « Toutes ces convocations suivies d’arrestations relèvent d’une volonté manifeste de déstabilisation de l’APR et de règlement de comptes vis-à-vis de celles et ceux qui ont servi loyalement leur pays sous le régime du Président Macky Sall », a-t-il conclu, avant de prévenir : « Mais une telle volonté sera vaine, car l’APR fera face. »