DIARY SOW : « SI JE DOIS PASSER PAR LA RUPTURE AVEC LA SOCIETE SENEGALAISE, JE SUIS PRETE »

28 - Octobre - 2021

Je pars, c’est le titre du nouveau roman de Diary Sow qui sortira le 04 novembre prochain . L’ ouvrage n’est pas le récit autobiographique de sa fuite et encore moins un journal de bord la détaillant. C’est l’histoire de Coura, une étudiante sénégalaise à Paris (comme elle), qui choisit de disparaître (comme elle) pour « reprendre le contrôle de sa vie » (comme elle). Son héroïne se sauve à l’étranger pour fuir un quotidien étouffant et découvrir qui elle est en laissant sa pulsion de vie s’exprimer librement. Elle insiste et répète : « Coura, ce n’est pas moi. »
« Je me suis documentée et j’ai découvert que la disparition volontaire était un sujet de société, cela concerne des milliers de personnes chaque année. Ce n’est pas rare, il n’y a pas que moi, explique-t-elle en lissant comme un vieux tic ses tresses. Je voulais parler du sujet sans révéler des fragments de ma vie ; me mettre dans la peau de quelqu’un d’autre en assumant ses prises de position et les réflexions sur la disparition volontaire. J’en parle en prenant mes distances avec l’héroïne. Quoi qu’on en dise, ce n’est pas moi : Coura est beaucoup plus libre que moi. »
Et quand le journaliste lui demande : « Pourquoi êtes-vous partie ? »Réponse. « C’est la question à ne pas poser, lance-t-elle dans un éclat de rire. Je ne suis pas prête du tout à évoquer mes raisons, à en parler en disant “je”. Peut-être plus tard. » Elle assure ne pas les avoir partagées, même avec sa mère… Diary Sow est un sentiment insaisissable. Elle est dans le contrôle de son récit, de ses sentiments, de ses actes. « C’est parce que je pensais avoir perdu le contrôle que je suis partie », se justifie-t-elle.
« Sur Instagram, je recevais des messages très blessants : “Tu es hyper¬égoïste”, “tu n’es qu’une moins que rien” “tu es une pute”. De la part des Sénégalais, je ne valais plus rien du tout, confie-t-elle. Je ne m’attendais pas à de telles réactions. C’est comme si on parlait de quelqu’un d’autre. Cette affaire était personnelle et à voir les gens se l’approprier, j’ai éprouvé un sentiment de trahison. Avant d’être la meilleure élève du Sénégal, je suis avant tout une jeune fille. J’ai eu l’impression d’avoir signé un contrat je ne sais quand ; d’avoir déçu des gens, sans trop savoir pourquoi. »
Plus loin dans le texte, elle ajoute : « Cette histoire m’a appris l’importance de l’échec. Savoir que les gens qui t’ont adulée pensent que tu as échoué, ça a été une libération. Le pire est arrivé, je suis tombée de ce piédestal sur lequel on a voulu me mettre, se réjouit l’étudiante. Depuis que je suis née, on parle de moi en disant que je suis sage, bien élevée. Des qualificatifs que j’ai envoyés paître. Je tente de m’éloigner de cette conception un peu démodée de ce que la fille modèle devrait être. J’essaie de déconstruire tout ce que j’ai pu être et penser. »
Elle s’attend à des accusations violentes, comme celle d’avoir orchestré sa disparition pour vendre un livre, d’avoir perdu ses « valeurs africaines » depuis qu’elle est en France, de s’être « occidentalisée ».
« Si je dois passer par la rupture avec la société sénégalaise, je suis prête, avance-t-elle. Je ne resterai plus à ma place. Rester à ma place, c’est me maintenir dans le silence. Sortir de ce silence, c’est m’affranchir de ces pesanteurs. C’est une façon de dire un merde total et définitif qui s’est enclenché déjà avec l’acte posé en janvier. »
Avec Le Monde

 

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