DIASPORA BONDS : LES GRANDES FAIBLESSES DE L’OPERATION (PAR BIRAHIM CAMARA)
Le gouvernement du Sénégal, à travers les diasporas bonds veut impliquer les sénégalais de l’extérieur dans le processus du redressement économique national . L’idée est louable car ces temps sont favorables à l’exercice de la souveraineté.
D’autres pays comme Israël , ont déjà expérimenté avec succès la participation de leurs diasporas au cœur des politiques publiques et privées.
Les israéliens de ou à l’extérieur organisés en lobbies , par l’achat de bons ou d’obligations , ont institué leur propre modèle participatif au développement sécuritaire , économique et financier en adéquation avec les réalités de leur pays d’origine .
En effet les sénégalais de l’extérieur ont toujours revendiqué la création d’une banque de la diaspora accessible dans les pays d’accueil et opérationnelle dans les terroirs d’origine pour sécuriser les transferts , permettre l’épargne en vue de financer les projets de développement dans les secteurs économiques productifs ( agriculture, transformation etc...) .
Aussi louables qu’ils soient , les diasporas bonds ne remplaceront pas l’institution d’une structure en capacité de lutter pleinement contre le désert bancaire criard dans les régions périphériques du Sénégal à très fort taux d’émigration ( Matam, Tambacounda, Kédougou , Kolda , Sédhiou et Ziguinchor ) .
Dans les communes du Dande Mayo aux routes impraticables , il est plus facile de trouver une aiguille dans une botte de paille que d’accéder à une banque en moins de deux heures .
Celles qui existent à Waoundé ( departement de Kanel- région de Matam) sont à plus de soixante-quinze kilomètres de celles ouvertes à Diawara ( département de Bakel- région de Tambacounda ) .
De cet espace où les distributeurs de billets ne fonctionnent que par intermittence faute d’énergie suffisante et régulière , partent travailler annuellement plus de cent mille hommes et femmes en Europe, en ’Asie ou reviennent des Amériques et de l’Afrique .
Les agences de transfert d’argent sont dans l’impossibilité financière de satisfaire la très forte demande de retrait (paiement des mandats , des pensions et des allocations ).
Dans ces conditions les succès des diasporas bonds pourraient être mitigés, aléatoires et hypothétiques tant que la mobilité des personnes et des biens n’est pas assurée par une équité territoriale en termes de construction et d’équipement de routes praticables .
Le gouvernement doit briser la méfiance réelle et légitime en se rapprochant davantage des usagers souvent mal informés, sous informés voire pas du tout informés sur ses intentions liées aux diasporas bonds qui risquent d’écarter des centaines de milliers de sénégalais de l’extérieur en s’inspirant des échecs cuisants de la BHS qui fut hostile et récalcitrante à la décentralisation de ses services concentrés hors des terroirs d’origine.
C’est le lieu et le moment de privilégier une véritable communication basée sur des éléments de langage cohérents et accessibles à la grande majorité des Sénégalais de l’Extérieur d’une part et d’autres de promouvoir des digues de protection contre la montée des eaux pluviales et fluviales qui pourrissent la vie des populations riveraines.
Enfin , les diasporas bonds exigent la maîtrise des moyens modernes ( informatiques ) adossés à une institution bancaire de proximité pour lutter contre l’exode rural, favoriser l’implantation de petits et moyens projets économiques pour éradiquer l’émigration irrégulière .
Birahim Camara
Parti Socialiste