Du soutien à Barrow, Talibé mouride, à la haine du Joola : le Sénégal assumera la responsabilité de conflit interethnique dans la sous-région
« La Casamance en lutte s’alliera à toutes forces, y compris avec le Diable, si cela l’aide à se libérer ». A.D.
La Gambie est un pays souverain. Elle dispose de lois et de règlements concernant les élections et les procédures s’y efférentes.
Après la reconnaissance de sa défaite, un document officiel de la commissionélectoralerévèle des erreurs dans le décompte des voix. Comme il existe des voies de recours, Jammeh, suivant les dispositions du code électoral de son pays, est en droit de contester, les premiers résultats et de soumettre unerequête allant dans le sens de la résolution et/ou la rectification de ces erreurs. Selon le droit international et le principe de souveraineté, seules les instances judiciaires de la Gambie, pas un Etat ou le Conseil de Sécurité, peuvent examiner le contentieux électoral en cours en Gambie.
Sans même attendre l’ouvertured’uneprocédure allant dans le sens du recomptage ou de la tenue de nouvelles élections, selon la décisionéventuelle de la cour suprême, les politiques, les religieux, certains intellectuels sénégalais, en amont comme en aval, avaient et ontexprimé leur enthousiasme de voir Jammeh enfindéfait coute que coute.
L’enthousiasme et le désir du Sénégal étaient si débordantsqu’il a recouruà la France et peut être, à l’Angleterre ( puisqu’ elle n’a pas, comme la France, l’habitude de se mêler des crises internes des autres Nations) pour la rédaction du texte du conseil de sécurité(puisque tous les textes du conseil de sécurité sont proposés par les ambassadeurs en poste àl’ONU des ex puissances coloniales : preuve que la France représente les africains francophones au concert des Nations pourtant censéesindépendantes) Sa position de membre non permanent au conseil de sécurité ne lui donne même pas le droit de rédiger un texte de condamnation ou de résolution.
Mieux, il a saisi la CDEAO dont les capacitésd’intervention militaire et politique sont si ridicules et incohérentes, que partout où elles’estdéployée, c’est le fiasco, le statu quo qui s’instaure. Ce dans un contexte d’instabilité quasi générale de la sous-région faisant face à toutes sortesd’insurrections, notamment islamistes et citoyennes, que le Sénégal envisage une opération militaire.
Que la Gambie et Jammeh sachent que les handicaps et incapacités de la CDEAO ne feront que révéler le côtébluff de toute menace. Son armée en alliance avec celle de la Casamance en lutte sont en mesure de mettre en déroute toute opération militaire sénégalaise. Car de par son zèle, le Sénégal prendra le devant de toute force intervenant en Gambie et donc en Casamance.
Le comble et la dérive, c’estl’ethnicisation doublée de la confessionnalisation, tout au moins la confrerisation de la crise en Gambie. Il apparait au fil des jours que Monsieur Barrow est un talibé mouride qui travaillera àl’implantation de cette confrérie dans l’Etat gambien, et au sein de la société gambienne qui rejette, à travers Jammeh, le système de Ndigel et d’un islam wolof, dont la prétentionà la conversiondes ethnies de la Gambie et de la Casamance est un secret de polichinelle.
En sourdine, pourtant, les politiques se sontdémasquer enfin, simplement en dévoilantleurs obsessions ethno politiques contre Jammeh : de nombreux coupsd’état rates en sont la preuve ; et aujourd’hui le discours du gouvernement, des religieux Tidiane toucouleur comme mouride visent à exposer leurs soutiensà Barrow, simplement parce qu’il est mouride et/ou toucouleur.
Il parait que Macky Sall, lePrésident de la républiquelaïque du Sénégal lui a parlé en Harpular, lors de son coup de fil de félicitations. La haine ethno politique du Sénégal vis-à-vis de Jammehn’est pas à exclure de la question de la Casamance. Cette haine se poursuitjusqu’ en Casamance, et ce depuis belle lurette. A titre d’exemple et de rappel, au commencement du conflit en Casamance, le Sénégal avait arme des nordistes pour saboter le réveil des peuples de la Casamance ; d ou la mort d’un certain Kounta.
Que faire,lorsqu’ une ethnie est prise pour cible sur le plan politique et confrérique ? Il faut qu’elle se défende et, par instinct de survie,qu’ellese protège, en construisant la contre allianceappropriée pour sa survie. Les Joola ne doivent pas avoir le complexe d’assumer leur identité et leur spécificité, leur engagement et leur vie tout court. Nous devons, nous casamançais, savoir que les luttes politiques sont d’abord culturelles, en ce sens que l’enjeu, c’est la suppression ou la résistance des narratifs fondateurs de l’envahisseur et du résistant.
C’estpourquoi, ils doivent, car la loi fondamentale de tout rapport entre peuples et civilisations entre cultures, c’est le rapport de force, prendre leurs dispositions requises. C’est ce qui déterminel’avenir des peuples et leurs capacités àdéfendre leurs intérêts. Nous devons nous poser la question existentielle suivante : dans des situations de crises, de questionnements, d’incertitudes, où et quelles sont les intérêts supérieurs de la Casamance en lutte ?
Ceci dit, la cause défendue par le Mfdc et la Casamance n’est pas ethnique. Si jusqu’à ce moment des communiques partisans et militants ne sont pas diffuses, c’est en raison du piège de l ethnicisation dans lequel voudrait nous entrainer le Sénégal.
Mais aussi pour signifier aux frères gambiens de toutes ethnies confondues que nous n’entendons pas soutenir Jammeh sur la base de son appartenance joola, mais pour des raisons hautement géostratégiques, et que le Mfdc ne s’impliquera jamais dans des folies génocidaires de quelque bord qu’elles viennent.
Nous devons tous apprendre de nouveau que la question de la Casamance est un enjeu géostratégique de la sous-région. Sa résolution est un impératif, et c’estl’occasion pour nous casamançais de le rappelerà la communauté internationale et à la CDEAO, rompant ainsi le secret dont la diplomatie sénégalaise l a toujours entourée. La crise post-électorale en Gambie, la haine ethno politique de certains sénégalais contre les Joola, le contexte insurrectionnel marquant la sous-région, devraient recommander la communauté internationale á la retenue et au traitement ouvert de la question de la Casamance.
Que ce soit Barrow ou Jammeh, tant que la question de la Casamance, n’est pas,pour une fois pendant plusieursdécennies d’étouffement, sur la table des discussions de la CDEAO, voire des Nations Unies, la sous-région ne connaitra pas de stabilité. Parce que le Mfdc et la Casamance en lutte dispose du principal moyen d’instauration du rapport de force dans le jeu géostratégique : une armée de libération, une vision et un projet de rupture sur tous les plans.
Or,l’Afrique de l’Ouest est en proie au Djihadisme, de même que l’islam non confrérique que la Gambie a connu sous Jammeh risque d’affronterl’islam des confréries dont le Sénégal par ces temps de de radicalisation fait la promotion. Ainsi, les risques de confessionnalisation de la crise que la Casamance en lutte ne souhaite pas, pourrait-être une réalité.
Une solution pacifique à la crise postélectorale, incluant la question de la Casamance est celle que la sagesse nous recommande d’envisager dans les meilleurs délais.
J’appelle les élitescasamançaises, les forces vives de la Casamance, les religieux de la Casamance soucieux de bâtir un islam casamançais non confrérico wolof ou toucouleur, d’ouvrir un vrai processus de règlement politique du conflit nous opposant à l’Etat du Sénégal, de répondre coups sur coups au Sénégal, dans sa logique mal propre et quasi passionnelled’évincer, non pas un gambien politique, mais un Joola. Restons vigilants.
Dr Ahmed Apakena Dieme, consultant indépendant, membre du CIU du Mfdc Bonn/RFA