ENDETTEMENT :LA BANQUE MONDIALE MET EN GARDE LE SENEGAL ET D’AUTRES PAYS DU CONTINENT

09 - Janvier - 2019

Dans un rapport sur l’économie mondiale publié mardi 8 janvier, la Banque mondiale pointe la courbe ascendante de la dette des pays pauvres mais aussi le profil des créanciers. « Les pays à bas revenus ont augmenté leur dépendance aux sources non traditionnelles de financement », souligne le rapport. Autrement dit, la proportion d’acteurs publics et de grands bailleurs de fonds multilatéraux, délivrant des prêts à des conditions préférentielles, a régressé au profit de prêteurs commerciaux pratiquant des taux plus élevés.

Ces dernières années, de nombreux Etats à bas revenus se sont ainsi risqués sur les marchés pour lever de l’argent. Parmi eux, l’Ethiopie, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie ont procédé à des émissions d’obligations libellées en dollars ou en euros. Certaines de ces opérations arrivent à terme et vont devoir être refinancées, à un moment où les marchés sont moins sereins et les investisseurs plus frileux.
Beaucoup de pays africains se sont également endettés massivement auprès de la Chine, alors que ce géant économique n’appartient pas au Club de Paris. Ce qui pourrait occasionner des problèmes de « coordination » entre les différents bailleurs, en cas de futures crises de dette, indique la Banque. Car les prêts octroyés par ces prêteurs non traditionnels sont parfois assortis d’exigences de « collatéralisation », soit des accords de troc, complexes et opaques, où l’argent frais s’échange contre du pétrole ou des infrastructures.

Dans son rapport, la Banque mondiale a aussi sonné l’alerte sur le niveau d’endettement des pays pauvres. « Les vulnérabilités liées à la dette dans les pays à bas revenus ont énormément augmenté depuis quelques années ». Si L’institution phare de l’aide au développement ne va pas jusqu’à évoquer l’imminence d’une crise, elle s’inquiète des risques de dérapage au sein de ce groupe de pays dont la très grande majorité (27 sur 33) sont situés en Afrique subsaharienne.

En 2017, l’endettement moyen des pays à bas revenus dépassait 50 % de leur produit intérieur brut (PIB), contre environ 30 % en 2013. Certaines trajectoires sont spectaculaires. En Gambie, le fardeau est passé de 60 % à 88 % du PIB en quatre ans et le service de la dette capture 42 % des recettes de l’Etat. Au Mozambique, en défaut sur le paiement de certains intérêts, l’endettement public a bondi de 50 % à 102 % entre 2013 et 2018.


Cheikh Sidou SYLLA avec Lemonde

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Août - 2025

Plus de 2 000 milliards mobilisés : comment le Sénégal accélère sa mutation budgétaire

Au deuxième trimestre 2025, le Sénégal a déjà mobilisé 2 226,3 milliards FCFA de recettes budgétaires, atteignant près de la moitié...

18 - Août - 2025

Renégociation des contrats miniers: La commune de Darou Khoudoss réclame les fonds d’appui prévus par le code minier

Les autorités municipales de la commune de Darou khoudoss, département de Tivaouane, réclament, des nouvelles autorités, l’effectivité des fonds...

18 - Août - 2025

Revue de presse : Les détails de la mise en oeuvre du budget de l’Etat au menu

La livraison de lundi de la presse quotidienne traite principalement du deuxième rapport trimestriel d’exécution budgétaire pour l’année 2025, sur lequel la...

18 - Août - 2025

Affaire Arcelor Mittal : trois dignitaires du régime de Macky Sall convoqués par le doyen des juges

Libération révèle dans son édition de ce lundi que le doyen des juges a convoqué trois dignitaires du régime de Macky Sall. Le journal, sans citer leurs...

12 - Août - 2025

Visite en Turquie : Ousmane Sonko décroche des investissements de 9 milliards de dollars prévus dans le secteur énergétique

Des investisseurs privés turcs envisagent de mobiliser près de 9 milliards de dollars, soit plus de 5 000 milliards de francs CFA, dans le secteur de l’énergie au...