Eurobond en chute libre, le Sénégal au bord du “précipice" : Doudou Ka sonne l'alerte et propose ses solutions

19 - Mars - 2025

Dans une tribune incisive intitulée « Le Sénégal à l’heure des urgences économiques », Doudou Kâ, ancien ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération sous Macky Sall, tire la sonnette d’alarme sur la situation économique du pays. Il décortique les défis majeurs auxquels le Sénégal fait face, notamment la dégringolade de l’Eurobond 2018, et propose des solutions audacieuses pour sortir de la crise.

Une confiance internationale en chute libre

Doudou Kâ met en lumière un symptôme alarmant de la crise : « L’Eurobond émis en 2018 par l’État du Sénégal, avec une échéance prévue pour 2048, aurait subi une importante décote de 35% ». Cette chute vertigineuse traduit, selon lui, « la perte de confiance internationale dans la capacité de notre pays à honorer ses obligations et à redresser rapidement sa situation financière ». Il attribue ce revers à une « communication maladroite et politicienne » du gouvernement actuel sur les finances publiques, combinée à une « polémique hasardeuse » alimentée par certains opposants.

Les conséquences sont immédiates et lourdes : « Les investisseurs exigent désormais une décote de 35% avant d’acquérir les titres émis par le Sénégal », tandis que les vendeurs subissent des pertes en cédant ces actifs jugés « à haut risque ». Pire encore, émettre de nouveaux titres pourrait contraindre le pays à proposer des rendements dépassant les 10%, un seuil qui refléterait la gravité de la dégradation de la signature souveraine sénégalaise.

Un Front National pour la Défense Économique comme remède

Face à cette situation inédite, Doudou Kâ appelle à l’unité nationale autour d’un « Front National pour la Défense Économique (FNDE) ». Cet instrument, explique-t-il, serait « un premier pas pour affronter les incertitudes économiques et financières qui pèsent sur notre Nation ». Il insiste sur la nécessité de dépasser les querelles politiciennes : « Les fortes secousses qui minent les fondements de notre économie doivent nous pousser à tempérer les spéculations politiques ».

Parmi les mesures concrètes, il propose une refonte du calcul du taux d’endettement réel : « Actualiser l’encours de la dette à la fin de l’année 2024 en lui soustrayant les crédits relais courts termes de l’État central » et en excluant « les dettes contingentes des structures parapubliques garanties par l’État » qui ne pèsent pas directement sur les finances publiques. Il préconise également de finaliser « dans les meilleurs délais » le rebasing du PIB, entamé en 2023, pour refléter une image plus juste de l’économie sénégalaise et réduire le taux d’endettement apparent.

Pour l’ancien ministre, la centralisation des emprunts publics est une priorité : « Il paraît impératif d’entamer une réforme en profondeur de la gouvernance de la dette publique en centralisant tous les emprunts de l’État ». Cette mesure, combinée à un consensus politique sur les chiffres économiques, pourrait, selon lui, « permettre au Sénégal de reprendre le contrôle de sa dette » et restaurer la confiance des marchés.

Doudou Kâ conclut par un plaidoyer pour une « communion républicaine » au-delà des clivages partisans. « Notre pays ne parviendra pas à surmonter cette situation d’exception sans un véritable Front National pour la Défense Économique », martèle-t-il. Opposant assumé au régime actuel, il se veut néanmoins constructif : « Le rayonnement du Sénégal ne se bâtira pas sur le désespoir collectif des Sénégalais et l’écroulement économique de notre pays ».

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