Fin du silence judiciaire : »Les victimes peuvent enfin poursuivre les auteurs de crimes », selon le le professeur Mamadou Salif Sané

24 - Avril - 2025

Le rejet de la loi d’interprétation par le Conseil constitutionnel constitue une victoire pour les victimes, affirme le professeur Mamadou Salif Sané, enseignant-chercheur en droit public et droit constitutionnel à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

Le rejet par le Conseil constitutionnel de la loi d’interprétation relative à la loi d’amnistie ne constitue ni une victoire politique pour l’opposition, ni un succès pour le pouvoir. C’est avant tout une reconnaissance pour les victimes des manifestations politiques, selon le constitutionnaliste et enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le professeur Mamadou Salif Sané.

Interrogé sur les ondes de Sud FM, le Pr Sané a rappelé la portée concrète de cette décision :

« Les victimes ou leurs familles peuvent désormais traduire les présumés coupables d’actes criminels devant les juridictions compétentes. C’est ce qu’il faut comprendre de cette décision du Conseil constitutionnel. »

Il précise que la haute juridiction a voulu réaffirmer la portée et les limites de la loi d’amnistie :

« Ce que dit le Conseil constitutionnel, c’est que la loi d’amnistie ne peut faire l’objet d’une abrogation, ni partielle ni totale, encore moins d’une interprétation, parce qu’elle est très claire. Cette loi a déjà accordé un pardon, et si un pardon est accordé, une autre loi, même plus sévère, ne peut venir remettre cela en cause. »

Cependant, le Pr Sané souligne que cette irrévocabilité de la loi d’amnistie ne s’applique pas aux faits qui relèvent de crimes imprescriptibles, tels que définis par les instruments juridiques internationaux :

« Le Conseil constitutionnel a été très clair : on ne peut revenir sur la loi d’amnistie, sauf dans les cas de faits ayant une qualification imprescriptible, notamment selon la Convention africaine des droits de l’homme ou les autres instruments internationaux comme ceux de la Cour africaine des droits de l’homme. Cela concerne par exemple les crimes de sang, les actes de torture, etc. »

Pour le constitutionnaliste, cette décision remet les victimes au centre du débat judiciaire :

« En réalité, le Conseil constitutionnel rappelle simplement que la loi d’amnistie est irrévocable, mais que les autres crimes punis au niveau international restent punissables. Cette décision constitue donc une victoire pour les familles des victimes, qui peuvent désormais espérer que justice soit rendue devant les juridictions sénégalaises. »

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

23 - Juillet - 2025

Accélération du déminage en Casamance : Le gouvernement va recevoir de nouvelles machines offertes par le Japon

Le Sénégal s’apprête à franchir une nouvelle étape dans la sécurisation et le développement de la région sud avec la réception,...

23 - Juillet - 2025

Affaire Kocc Barma : Les troublantes révélations de l'enquête

Le quotidien Libération est revenu en détail sur les révélations issues de l’enquête visant El Hadji Babacar Dioum, alias Kçocc Barma,...

23 - Juillet - 2025

Mort suspecte de François Mancabou : L'enquête est relancée

L’enquête sur la mort de François Mancabou connaît un nouveau rebondissement. Selon Libération, le juge du 2e cabinet, chargé de l’instruction, a...

22 - Juillet - 2025

Affaire Kocc Barma : Les impressionnantes sommes d'argent versées dans son compte bancaire et ses voitures de luxe révélés par les enquêtes

Arrêté jeudi puis placé en garde à vue par la Division spéciale de la cybersécurité, El Hadji Babacar Dioum, alias «Kocc Barma», a...

22 - Juillet - 2025

Sandiara : 175 kg de chanvre indien interceptés par la Gendarmerie

Une importante saisie de drogue a été réalisée par la Brigade de Proximité de Sandiara dans la nuit du 20 au 21 juillet 2025. Les gendarmes ont intercepté...