France : comment Mamadou Talla et Amadou Diallo « sont en train de tuer » la DSE
Plusieurs responsables de l’APR/France accusent le ministre de la Formation professionnelle, Mamadou Talla ; et Amadou Diallo, consul général du Sénégal en France, d’être à l’origine de l’instabilité de la famille politique de Macky Sall en France.
Talla Daff, coordinateur de la DSE APR/France en remplacement de Demba Sow ? On n’y est pas encore, mais le scénario serait en train d’être ficelé par le ministre de la Formation professionnelle, Mamadou Tall ; et le consul général du Sénégal à Paris, Amadou Diallo.
Pourquoi seraient-ils en train d’échafauder un plan pour « renverser » Demba Sow, qui avait été choisi par Macky Sall? Selon nos sources, ils reprochent au coordinateur de la DSE APR/France de n’avoir pas les épaules assez larges pour être le chef de la famille politique du président de la République en France. Avec lui, auraient-ils estimé, la probabilité de succès de l’APR et de son candidat aux prochaines joutes électorales serait minime.
Mamadou Talla et Amadou Diallo seraient également les commanditaires de la fronde au sein du Mouvement des femmes de l’APR/France.
« Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent, mais nous n’accepterons pas la dictature. Pas de changement à la tête de la DSE sans élection. Thioucks (Mamadou Talla, ndlr) et Diallo Beauvais (le consul, ndlr) sont en train de tuer le parti. Ce n’est pas normal », confie un responsable du collectif 9/04.
Pourquoi ce binôme arrive-t-il à faire la pluie et le beau temps ?
Proche du président de la République, frère du ministre de l’Intérieur, le consul général du Sénégal à Paris, Amadou Diallo, serait le véritable patron du parti présidentiel en France. Tout l’argent de la DSE passerait entre ses mains. « Toutes les décisions importantes concernant la vie du parti sont prises au niveau du consulat du Sénégal à Paris, dans le bureau du consul général, qui fait la pluie et le beau temps dans le parti avec le soutien de ses lieutenants et de son mentor, depuis Dakar. Il est devenu le trésorier et l’ordonnateur des dépenses de la DSE. Il décide et exécute à la place de la DSE sans rendre de comptes et sans justifier ses agissements, a récemment déploré le collectif 9/04 dans une tribune publiée dans infos15.com.
« Aucune section ne peut être financée sans son accord », déplore une de nos sources. « Il est puissant. Il profite de sa proximité avec le président de la République pour tenter d’imposer sa vision», renseigne un autre responsable de la DSE, visiblement dépité.
Mamadou Talla aussi exploiterait à fond sa proximité avec le président de la République. « Il a son mot à dire sur presque toutes les décisions de Macky Sall concernant la DSE de France. S’il n’est pas d’accord, vous ne serez jamais nommé, votre dossier sera classé sans suite », dénonce un cadre du parti. « Si beaucoup de militants de Mantes-la-Jolie (sa base politique en France, ndlr) sont nommés, c’est grâce à lui », ajoute la même source. Bref, Mamadou Talla est peint, en filigrane, comme le « chasseur de têtes » de son ami (le président Macky Sall) en France. C’est la raison pour laquelle il est craint par beaucoup de militants, du moins d’après nos informateurs.
Leur proximité avec le président de la République n’expliquerait tout. Selon nos sources, Mamadou Talla et Amadou Diallo profiteraient également du « manque d’autorité » de Macky Sall, qui est considéré par ailleurs comme étant l’unique responsable des nombreuses crises dans sa famille politique en France. « C’est un chef de parti qui peine à trancher quand on sollicite son arbitrage. Il donne d’impression d’une personne qui manque d’autorité », explique une militante.
Une des preuves de ce « manque d’autorité » du patron de l’APR résiderait dans son incapacité de trancher le cas de Cheikh Sadibou Diallo. « Confirmé au poste d’administrateur devant plusieurs responsables du parti, Diallo (Cheikh Sadibou, ndlr) ne peut toujours pas faire son travail à cause de la jalousie de certains ténors de la DSE. Macky Sall ne doit pas accepter que de petits responsables s’opposent à l’exécution de ses directives. C’est un manque d’autorité », argumente un responsable de section.
Le consul général du Sénégal à Paris étant injoignable, seul Talla Daff a répondu à notre interpellation. « Je ne cherche ni le poste de coordinateur de la DSE ni le poste de député des Sénégalais de l’extérieur. Par contre, je reste à la disposition du président de la République », a-t-il expliqué avant de préciser : « Ce sont des propos que j’ai tenus et répétés devant les responsables des structures de la DSE à plusieurs reprises. »
Dans une interview qu’il nous avait accordée en août dernier, Mamadou Talla s’était exprimé sur les nombreuses crises qui ébranlent la DSE/France. « S’ils (les responsables de la DSE, ndlr) m’attendent pour que je vienne faire de l’ingérence, ils se trompent! Les personnes qui ont été choisies démocratiquement sont des responsables. Elles gèrent un parti au pouvoir, qui a beaucoup de monde. Des anciens comme des nouveaux, c’est très difficile à gérer, ce n’est pas la même chose que quand nous étions dans l’opposition. (…) On ne m’entend pas parce que j’ai confiance à cette équipe qui est là, j’ai confiance à ces hommes et à ces femmes qui gèrent ce parti. (…) Bon, il y aura de temps en temps de petits problèmes que les dirigeants sont appelés à gérer.»
A force de s’accumuler, les « petits problèmes » ne pourraient-ils pas devenir la cause d’une grave crise ?
Cheikh Sidou SYLLA