L’État du Sénégal n’a reçu que 67 sur 1536 milliards F CFA générés par la vente du pétrole : Un spécialiste explique les raisons

01 - Septembre - 2025

Dans un entretien accordé à L’Observateur, l’économiste de l’énergie Ibnou Sougoufara apporte des éclairages sur les premiers chiffres de l’exploitation pétrolière au Sénégal. Selon les données publiées par Le Marché, un magazine spécialisé, sur les 1 536 milliards de francs CFA générés par l’activité, seuls 67 milliards ont été directement reversés à l’État.

Pour l'interlocuteur du quotidien du Groupe futurs médias, cette situation s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le projet est encore dans une phase embryonnaire. « Au début, la part de l’État reste limitée. Elle va augmenter progressivement à mesure que les compagnies récupèrent leurs investissements initiaux (cost oil) », précise-t-il.

Ensuite, le spécialiste rappelle que le risque initial de la prospection a été intégralement porté par les compagnies internationales, notamment Woodside. « Si les forages n’avaient rien donné, elles perdaient tout. Il est donc logique qu’elles récupèrent d’abord leurs coûts », concède-t-il.

Le troisième élément concerne le seuil de rentabilité. « Si le prix du baril descend en dessous de 40 ou 50 dollars, le projet devient à peine viable. Les marges de l’État dépendent donc aussi du marché mondial », souligne l’économiste.

Enfin, il pointe la question de l’asymétrie d’informations : « Publier les chiffres bruts peut être trompeur. Le marché pétrolier est complexe et concurrentiel. Il faudrait envisager la création d’une agence nationale d’information énergétique, chargée de diffuser des données fiables, sans fragiliser la position du Sénégal. »

Des perspectives encourageantes

Malgré un début jugé modeste, les perspectives restent positives. Ibnou Sougoufara estime que la part de l’État, aujourd’hui autour de 10 %, pourrait atteindre 25 à 30 % dans les prochaines années, en fonction de la dynamique de production et des prix mondiaux.

Il invite par ailleurs à éviter les renégociations systématiques des contrats, au risque de décourager les investisseurs : « L’essentiel est de miser sur les nouveaux blocs pétroliers, qui peuvent être plus attractifs, et de renforcer la stratégie d’attractivité du pays. »

Pour l’économiste, la clé réside dans un équilibre : garantir la transparence et la protection des intérêts du Sénégal, tout en maintenant un cadre suffisamment compétitif pour attirer de nouveaux partenaires.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

06 - Octobre - 2023

Mamadou Moustapha Bâ, ministre des Finances : La dette du Sénégal est toujours soutenable et est à 68.2%

A l’occasion du conseil national du crédit (CNC), le ministre des Finances et du Budget est revenu sur la polémique qui fait les choux gras de la presse. Mamadou Moustapha...

04 - Octobre - 2023

Réalisation de deux projets d’infrastructures au Sénégal : La Bidc approuve un financement de 65 milliards de FCfa

Le Conseil d’Administration de la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc), a approuvé 65 milliards FCFA pour le financement de projets de...

21 - Septembre - 2023

Projet gazier grand tortue Ahmeyim (Gta) : Les travaux achevés à plus de 89%

La compagnie britannique de recherche, d’extraction, de raffinage et de vente de pétrole connue sous le nom British Petroleum (BP) a révélé que les travaux du...

20 - Septembre - 2023

France: la gagnante du jackpot de 109 millions venait juste d’être licenciée

« Il paraît que j’avais plus de chance de me faire frapper par la foudre que de gagner à la loterie, il faut croire que le destin en a décidé autrement....

20 - Septembre - 2023

Partenariat pour la coopération atlantique : Le Sénégal adhère

Le Sénégal est signataire du Partenariat pour la coopération atlantique, lancé à New York, hier mardi 19 septembre, en marge de l’Assemblée...