Le secteur du soutien scolaire rattrapé par "l'ubérisation"

28 - Novembre - 2016

Le secteur du soutien scolaire n'échappe pas au phénomène d'ubérisation, instaurant de nouveaux rapports de concurrence entre les organismes historiques privés et les nouvelles plateformes qui pénètrent un marché évalué à 1,5 milliard d'euros.

"Les positions des réseaux historiques du soutien scolaire n'ont jamais été aussi menacées", estimait en avril le cabinet d'études sectorielles Xerfi.

Calquées sur les pépites de l'économie collaborative, telles que Airbnb ou Blablacar, des jeunes pousses, comme Superprof, My Mentor ou Clevermate ont récemment émergé, entraînant le secteur dans une nouvelle mutation après celle engendrée par les offres numériques.

Ces dernières années, les principaux acteurs traditionnels (comme Acadomia, Complétude, Anacours ou Cours Legendre) ont dû tous développer des solutions en ligne, face à l'arrivée de prestataires exclusivement présents sur ce créneau (Maxicours, Educastream...).

Ces sites "ont remplacé les petites annonces de la boulangerie et organisent le travail au noir", critique Philippe Coléon, directeur général d'Acadomia, qui en 20 ans d'existence a capté environ un quart du volume d'affaires des sociétés privées du secteur (soit 150 millions d'euros).

Mais "on ne se sent pas agressé" par ce modèle économique de mise en relation élèves-enseignants qui apporte "un coup de pouce momentané", souligne le responsable. "Il n'y a pas qu'une seule bonne réponse" mais "plusieurs marchés en France", notamment ceux très dynamiques des cours collectifs et des stages intensifs.

Et beaucoup de familles "recherchent une structure plus que du service", se défend le responsable d'Acadomia, qui suit 20.000 élèves chaque année dans son réseau de 110 centres pédagogiques en France.

- Flexibilité de l'offre -

Les acteurs "ubérisés" utilisent eux l'outil numérique pour privilégier la flexibilité de l'offre et le contact direct.

Pas de filtre à l'entrée, le système est ouvert et la démarche active: l'élève choisit le profil de son pédagogue qui lui-même choisit ses élèves, ses tarifs et le lieu des cours.

My Mentor se sert d'algorithmes pour proposer l'enseignant le plus adapté à l'élève, en fonction d'un formulaire qu'il a rempli.

"On se situe entre Leboncoin et les organismes classiques", résume Yann Léguillon, co-fondateur de Superprof, un site lancé en août 2013 qui a déjà racheté deux concurrents en Espagne et un au Brésil.

A ce jour, "400.000 personnes offrent leur service en France : des étudiants, des professeurs ou des passionnés", explique le jeune entrepreneur qui attend un chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros cette année.

En trois ans, "170.000 élèves se sont servis de la plateforme pour prendre un cours" de soutien scolaire (entre 10 et 15% cherchant une aide en mathématiques), mais aussi d'arts et loisirs.

Ici, ce n'est pas le tuteur qui évalue son disciple mais l'inverse.

Ce "système de notation permet de s'autoréguler", explique M. Léguillon.

C'est "aussi simple que de prendre un Uber", se targue de son côté Clevermate, qui fait appel depuis un an et demi à 2.500 étudiants issus des grandes écoles pour dispenser des cours particuliers en face à face, et revendique 20% de croissance par mois.

L'objectif est de "dépoussiérer un secteur vieillissant et démocratiser l'accès au soutien scolaire", affirme son fondateur Jean Laverty.

Les plateformes, qui laissent les tarifs horaires à la discrétion du professeur, "entendent casser les prix du soutien scolaire", estime le cabinet Xerfi.

Mais cette politique commerciale n'est peut-être pas aussi agressive qu'il n'y paraît, les montants moyens restant proches de celui d'une heure de soutien à domicile, déduction faite du crédit d'impôt (soit autour de 20 euros), constatent des spécialistes du secteur.

Et l'aide scolaire privée a encore de l'avenir: "la prégnance de l'échec scolaire, l'exacerbation de la concurrence entre élèves et les inquiétudes des parents pour l'avenir de leurs enfants constituent autant de soutiens au marché", selon Xerfi.

Mais "du fait de l'accentuation des pressions sur les prix et de l'épuisement progressif" des solutions pour enrichir l'offre, "le rythme de croissance faiblira par rapport aux dernières années", autour d'1,5 à 2%, prévoit l'institut.

LEXPRESS

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Février - 2020

AMINATA ASSOME DIATTA MINISTRE DU COMMERCE: ''LE GOUVERNEMENT VA DAVANTAGE ACCOMPAGNER LA FILIÈRE ANACARDE POUR EN FAIRE UN LEVIER ÉCONOMIQUE''

Les acteurs de la filière cajou vont sûrement applaudir. En effet, lors d'un CRD, tenu hier à Kolda, la ministre du Commerce Aminata Assome Diatta a annoncé que le...

19 - Février - 2020

Blocage en Gambie : les transporteurs koldois prônent le passage par Tambacounda

Les transporteurs gambiens ont décidé de faire un blocus de la frontière à partir de ce mercredi. Selon leurs homologues de Kolda, cette grève n’aura...

17 - Février - 2020

Gabegie à la Senelec: La facture de la bamboula

Pour combler un manque à gagner de 12 milliards de francs cfa, une hausse de 6 à 10 % sur le prix de l’électricité a été opérée....

17 - Février - 2020

Afrique subsaharienne : Washington joue aussi la carte économique

À l'heure où les États-Unis évoquent le retrait partiel ou total de leurs soldats en Afrique subsaharienne et que Washington a durci les conditions d'obtention de visas...

14 - Février - 2020

Dette au secteur de l’énergie : Les précisions du Ministère des Finances et du Budget

A la suite de la conférence de presse des travailleurs du pétrole et du gaz, le jeudi 13 février 2020, faisant état d’une dette de l’Etat de 200 milliards...